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«L'amour de la
patrie est la force vitale d'un peuple : que ce sentiment s'affaiblisse en lui,
et bientôt, comme un vieux tronc dont la sève est tarie, il se dessèche et
meurt». Félix Bogaerts; Les maximes, pensées et réflexions (1837)
Didouche Mourad, Hassiba Ben Bouali, Ali Lapointe, Larbi Ben M'hidi, Mostefa Ben Boulaïd, Ahmed Zabana, avant eux, Cheikh El Mokrani, Lalla Fatma N'Soumer, des milliers d'autres et des millions d'autres, patriotes, que peu de gens connaissent vous parleront, en experts, de l'amour de la Patrie. Ils vous diront, avec conviction, que de tous les amours qu'un être peut ressentir, l'amour de sa Patrie reste le plus intact, le plus intense et le plus désintéressé. Ces grandes figures de l'histoire de notre pays favorisent le développement de l'amour de nos concitoyens, l'amour des liens sociaux, de la Patrie ; ceux d'aujourd'hui, responsables politiques, universitaires, enseignants, sportifs de renom, étudiants ou simples anonymes, parents et grands frères et sœurs, doivent accaparer cette mission et cultiver l'amour de la patrie. Chacun de nous est marqué par sa culture, son instruction et son éducation, par ses interactions avec ses environnements, sa famille, ses amis et l'histoire de son pays. On ne naît pas patriote, on le devient. L'histoire, tout comme la Patrie, est une réalité vivante qui nous enseigne notre passé, nous fait comprendre notre présent et nous éclaire sur notre futur. La Patrie n'est pas un lieu où l'on naît juste par pur hasard, un lieu où l'on vit confortablement avec indifférence, un lieu où l'on est uni par intérêt et désuni pour l'intérêt. La Patrie est une terre qui gomme nos différences et nous unit par ses symboles, une terre que nous voulons tous conserver et glorifier. Si par période, certains peuvent s'égarer et voient dans leur intérêt ou dans leur expatriation une Patrie de substitution, ils reviennent, tous, se raviver, sincères, dévoués et plus attachés à la terre de leurs pères. La Patrie est ce sol, cette terre, où se conjuguent, âme et corps, à tous les temps, passé, présent et futur, pour y trouver plénitude et épanouissement. C'est l'ensemble des héritages, matériels et immatériels, légués par nos aïeux, qu'on laissera à notre tour à nos enfants et successeurs. Dans tout ce capital se côtoient des valeurs, loin d'être homogènes, parfois contradictoires, de bien et de mal, de subversion et de confusion génératrices de ruine, de liens sociaux sains et de certitudes guides de réussite et d'édification. L'amour de la Patrie, tout comme l'amour en général, peut sembler étrange ou tout à fait irrationnel, mais reste le sentiment le plus communément partagé, le plus générateur d'énergie positive dans la vie de l'Homme. Puisqu'il ne présuppose pas même la réciprocité, il peut aussi désigner l'attachement à une valeur, à un idéal, à une idée, la Patrie. La force de l'amour de la Patrie, son originalité, par rapport à tous les autres amours que l'Homme peut connaître, c'est qu'il n'est pas basé sur l'exclusivité ou la réciprocité, c'est qu'il est préservé de tout malentendu et de tout conflit, c'est qu'il ne vous offre ni droit ni autorité, il ne vous accorde que des devoirs et vous oblige, de votre plein gré, à le nourrir en le prolongeant vers un devenir toujours en gestation, une sorte de relation - projet qui n'est déterminée que partiellement, qui est toujours en construction. Survient alors de nos jours, en temps de paix, la question du comment exprimer cet amour, comment mettre le patriotisme au service de la Patrie ; nous ne sommes pas obligés de mourir pour la Patrie pour l'aimer, on peut aussi vivre, on peut aussi la servir par ce travail silencieux, de tous les jours, qui nous paraît faussement anodin, au service de sa famille, de son entreprise, de son administration, au service de ses concitoyens, au service des vérités et des causes justes, en prenant aussi, avec courage et détermination, le parti de ceux qui disent non à l'injustice, au mensonge et à la propagande. Un discours de vérité et de sincérité, loin de l'emprisonnement des opinions, des inspirations de craintes et des cultures de l'hypocrisie. C'est en s'adressant aux consciences que la Patrie retrouve ses couleurs dans les âmes. Nous pourrons toujours exiger des citoyens l'amour de la Patrie, en vain ; cet amour ne se loge que dans les âmes consentantes débordant de gratitude et de reconnaissance sans aucune exigence. En illustre cette histoire relayée par les médias : une touriste néerlandaise en vacances à Baubigny, en Normandie, a découvert le 18 août 2017, une bouteille contenant une lettre, lancée à la mer de l'autre côté de l'océan Atlantique, à Miami, en Floride, deux ans plus tôt, par une petite Américaine de six ans où il y avait un dessin représentant le drapeau américain et une inscription « le plus beau pays du monde ». On pourrait légitimement se demander, qu'aurait écrit une petite Algérienne, une petite Egyptienne, une petite Chinoise, une petite Finlandaise ou même une petite Allemande, mais ce n'est pas le plus important, les Américains sont connus pour leur patriotisme - deux Américains sur trois exhibent le drapeau américain et quatre sur cinq d'entre eux sont fiers d'être Américains et se disent patriotes - ils se distinguent, surtout, par la facilité avec laquelle ils expriment ce patriotisme, chose qui paraît, chez les autres, un peu beaucoup. Le patriotisme s'exprime différemment, mais demeure constant chez tous les peuples, en tout temps. On est fier d'être ce que nous sommes, on aime notre pays, non pas parce qu'il est meilleur que les autres, même si nous le pensons ardemment, non pas parce qu'il nous offre plus que les autres, seulement parce que c'est le nôtre et s'il était meilleur ou pire, ou qu'il nous offrait plus ou moins, on l'aimerait juste autant qu'on l'aime. |