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Je ne suis pas
d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que
vous ayez le droit de le dire.
Toute chose, en ce bas monde, est vouée à la transformation, à l'évolution. La conscience humaine, lors de ses confrontations avec les innombrables évènements qui doivent surgir de manière impromptue et inévitable, acculent l'homme à entreprendre des décisions inédites et toujours innovantes, cette conscience est, donc, amenée elle aussi à s'adapter. Le génie de l'homme est obsédé, et c'est là où il excelle le mieux, par la tentative désespérée de vouloir tout dominer, ou expliquer uniquement pour des conforts personnels particuliers. La Foi est restée quelque chose d'unique, de singulier qui échappe à cet entendement humain trivial qui interprète le monde à travers le prisme d'une pensée exclusivement Hédoniste. Toutes les religions font semblant où s'efforcent à consentir au vent des réformes qui les assiège, néanmoins, elles demeurent immuables, tout simplement parce que Dieu est immuable et intransigeant. Le Christianisme est déjà passé à la moulinette, d'abord cloué au poteau par la «Crise Moderniste» 1, inaugurée, de surcroît par un enfant de la maison. «La crise moderniste constitue la matrice intellectuelle du catholicisme contemporain, dans la mesure, précisément où elle se définit par la volonté de relire le message fondateur, à la lueur des connaissances scientifiques du siècle dernier'.» 2 Cette confrontation sera le théâtre d'une véritable guérilla intra-muros, on comptera parmi ces rebelles, des révisionnistes de tout bord (Remises en cause, controverses, polémiques, réfutations). Néanmoins, cette fois-si l'Inquisition (L'implacable regard historico-critique) viendra d'en face, entièrement séculière, érudite, objective, scientifique et surtout sans bûcher. En dépit de ces secousses telluriques de grande ampleur, le Christianisme fidèle à lui-même se porte toujours à merveille, inusable. C'est cela le mystère de la foi. «Tout au long du siècle dernier, s'est développé un antagonisme socio-religieux qui s'affirmait, de part et d'autre, irréductible, opposant, en termes généraux et polémiques, la foi et la raison, la théologie et la science, les antiques traditions et l'esprit moderne, l'Église et le siècle... »3 Et pourtant, le regard historico-critique est une thérapie, une délivrance, il interroge, ausculte, diagnostique, scrute, se méfie, retourne l'Histoire et ses fables, de fond en comble, dénonce, condamne les oublis, les négligences, les dissimulations, et finalement chacun rentre chez-soi libre comme l'air, libre d'en tirer les conclusions que sa conscience et sa fierté lui dictent. L'Histoire exulte de vanité, de satisfaction et de revanche, quant à la foi, altière, elle poursuit son chemin, comme toujours, inébranlable, solidement cramponnée à ses convictions et à ses traditions millénaires. Un long fleuve tranquille.4 Une lutte féroce commence entre ceux qui veulent voir Dieu, en chair et en os, et ceux qui se contentent d'une Foi millénaire qui consiste, essentiellement, à croire sans voir. « Que j'adhère à une religion, que je sois agnostique ou athée, je dis « je crois » pour faire entendre que « je tiens pour vrai ». De quelle vérité s'agit-il ? Pas de celle qui se démontre logiquement, qui se prouve scientifiquement, qui se calcule. Il s'agit d'une vérité « qui me tombe dessus », à laquelle je ne peux pas ne pas adhérer, qui me subjugue totalement, fatalement, que je tiens pour vitale, absolue, indiscutable : credo quia absurdum. Une vérité qui me tient, qui me fait être»5 «C'est le Livre au sujet duquel il n'y a aucun doute, c'est un guide pour les pieux, qui croient à l'invisible.» (Coran 2 :1,4) et donc, forcement à cet indicible qui échappe à l'emprise de l'Historien. «Et pas un Messager ne leur est venu sans qu'ils s'en soient moqués. Et même si Nous ouvrions pour eux une porte du ciel, et qu'ils pussent y monter, ils diraient: «Vraiment nos yeux sont voilés, nous avons été envoûtés». (Coran 15 : 11,14,15) La recherche historique comme discipline scientifique est souveraine, nous devons, tous, l'accepter et nous assujettir à ses vérités, aussi bien celles qui apportent de l'eau à notre moulin que celles qui nous dérangent, nous démasquent, nous paraissent offensantes mais, aussi, nous libèrent. Nous lui sommes tributaires et resterons soumis à ses décrets et à ses sentences, aussi longtemps qu'elle demeurent objectives, scientifiques, impartiales, justes, équitables et ne visant rien d'autre que la recherche de la vérité, une quête interminable qui, elle aussi, doit impérativement se soumettre aux multiples controverses, rectifications, démentis, réajustements et correctifs qui fécondent le débat et entretiennent l'espoir d'une gnose harmonieuse et salvatrice. Le progrès scientifique n'est pas constitué d'une accumulation d'observations, mais au contraire, par «l'élimination réitérée de théories scientifiques, remplacées par des théories meilleures ou plus satisfaisantes» 6 Je ne vois pas pourquoi l'Islam s'estimerait exempt de ces procès/progrès légitimes. Au sujet du livre de la chercheuse tunisienne Hela Ouardi «Les Derniers Jours de Muhammad, Enquête sur la mort mystérieuse du prophète», publié d'abord en France aux éditions Albin Michel, en 2016 et récemment en Algérie aux éditions KOUKOU, en 2018. Hormis le fait de s'agglutiner à une compilation de même mouture (une approche historico critique de l'Islam ) qui s'inscrit dans le sillage des mêmes lectures et ré-interprétations auxquelles se sont soumis préalablement, avec beaucoup d'amertume, le Judaïsme et le Christianisme... Je ne vois, vraiment, pas ce que ce livre va apporter de nouveau et d'inédit dans une littérature impressionnante, diffuse, confuse, hétéroclite, qui plonge ses racines d'abord, dans un Moyen-Âge qui a usé et abusé d'un discours, invariablement, injurieux qui s'étalera sur des siècles pour laisser, ensuite, place à un nouveau logos et logorrhée qui ressurgiront au 20ème siècle avec cette prétention érudite d'utiliser des méthodologies plus sérieuses mais dont certaines visent les mêmes objectifs polémistes médiévaux, avec une rhétorique lénifiante : casser cette image d'Epinal d'un «Islam idéalisé et d'un prophète sacralisé». Cette course savante à la recherche d'une vérité, enfin définitive, suit toujours son cours avec toujours un arsenal innovant, tout le monde a maintenant les yeux rivés sur les promesses mirobolantes des recherches archéologiques dans l'espoir que cet Islam frelaté puisse enfin dégager une image consensuelle, réconciliatrice et authentique. On sait que le Révisionnisme visant la biographie de Mahomet et de l'Islam a connu deux périodes: la première située à l'époque médiévale 7 , la plus virulente et ignominieuse dont les objectifs ont été reconnus à l'unanimité comme étant le témoignage et le symptôme d'une haine féroce à l'égard de l'Islam 8 , purement pamphlétaire et propagandiste visant à confectionner le portrait le plus hideux et le plus terrifiant du prophète et de l'Islam, galvaniser les masses et dresser une barrière étanche entre cette Europe ethnocentriste menacée et affaiblie par des crises internes et nous autres les Sarazins , les barbares, les païens, les hérétiques, les infidèles. Le processus a très bien fonctionné, il servira comme Vade-mecum et Blanc-seing d'abord aux Croisades, ensuite à l'empire colonial où il justifiera, amplement la barbarie mise en place, et enfin pour alimenter de manière sempiternelle cette vision orientaliste décadente... et toutes les autres Croisades contemporaines, sans nom, mais qui sentent le plus souvent les hydrocarbures, les immenses ressources naturelles et une géopolitique mercantiliste. La deuxième période plus habile dissimulée, sous les oripeaux d'un projet historico-critique 9, objectif et purement scientifique, commencera au début du siècle passé. Le travail se prévaut d'être moins subjectif et basé sur des recherches laborieuses, académiques et quasi scientifiques. J'ai choisi délibérément de faire comme tout le monde. Présenter, moi aussi, une histoire, un plaidoyer, à ma façon. Je me suis alors focalisé sur certaines séquences historiques évoquées par l'auteure Hela OUARDI, dans son livre «Les derniers jours de Muhammad» , à savoir : ( La Mort du prophète, La dimension eschatologique du texte coranique et de la mission prophétique, La discontinuité entre l'Islam premier et celui des empires, Le Putsch des Califes... ) et qui m'ont paru symptomatiques d'une forme de résilience caractéristique d'un état d'esprit dissociatif et fracturé qui nous ramène, carrément, à l'époque des Croisades mais en usant d'armes plus affûtées: L'Intellect et l'érudition. Une quête savante, engluée dans une lutte qui dure depuis des dizaines d'années et dont les Scribes/Soldats s'évertuent à se convaincre que tous leurs efforts et leur génie consistaient à rendre service aux musulmans, en démontrant que ces derniers ont été dupés depuis quatorze siècles. Bref ! Le Mythe de la Caverne de notre cher Platon. Les Musulmans, récalcitrants comme toujours, demeurent réfractaires à la lumière et à la vérité et donc à l'Autocritique. Le Big-bang de ce livre «Les derniers jours de Muhammad » est tout simple. En fait, c'est l'histoire d'une véritable romance, la quête d'un Saint graal chimérique. Il s'agit d'une adorable tunisienne arabe qui vivait dans sa bulle dorée jusqu'au jour où l'inévitable survint (l'attaque contre l'ambassade américaine en Tunisie, en septembre 2012) 10 Elle apprend alors que l'origine de cette mini-apocalypse était due, tout simplement, à une vidéo mise en ligne qui portait offense au prophète et donc a l'ensemble des Musulmans , et c'est là pour la première fois qu'elle entend parler de Muhammad sur lequel elle décidera d'écrire un livre et satisfaire, enfin, sa curiosité à propos de cet étrange personnage qui suscite tant d'amour, de dévotion, et tant de grabuge. Elle ignorait que le prophète, tout comme l'Islam, font l'objet de calomnies permanentes, en bonne et due forme, (transcrites, retranscrites, diffusées, propagées, empilées, compilées, archivées) depuis plus mille ans. L'auteure semble passer à côté de beaucoup de scoops, ces «Antéchrists porteurs d'apocalypse» qu'elle évoquera dans son livre avaient déjà installé, en Algérie, une fin du monde qui durera une décennie, j'ignore si l'auteure en a entendu parler. Tout le monde sera passé au fil de l'épée : Femmes, enfants, vieillards, journalistes, enseignants, artistes, acteurs, hommes de théâtre, écrivains, médecins, policiers, gendarmes, jeunes appelés, moines, imams ...tout ce que la société contenait à l'époque. Les mises en scène criminelles dépassaient de très loin les images que nous avons de l'apocalypse... cette barbarie n'avait aucun mobile hormis la frustration, la folie, la haine. Qui oserait laisser entendre que l'Islam, le prophète et ses Califes ont été une inspiration pour ces démons barbares. A suivre *Universitaire Notes: 1- Cette expression désigne la confrontation de l'Église catholique avec la science et plus généralement la modernité culturelle et politique, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Le premier instigateur de cette révolution intra-muros sera un fils de la maison, Alfred Loisy, un prêtre et théologien catholique français. Déclencheur en 1902 de la crise moderniste, excommunié en 1908. D'autres s'arrimeront à ce convoi sans fin, des historiens, des anthropologues, des psychanalystes, des philosophes, des sociologues, des archéologues...tous déterminés à en découdre avec une église jugée autiste et schizophrène. 2- É. FOUILLOUX, Une Église en quête de liberté. La pensée catholique française entre modernisme et Vatican II (1914-1962), coll. Anthropologiques, Paris, Desclée de Brouwer, 1998, p. 10 3- Bernard Joassart, «Le modernisme est entré dans l'histoire», in NRT, 121 (1999), p. 110-115. 4-L'Eglise se rebiffe, riposte et sévit. Des théologiens jugés modernistes seront excommuniés, des enseignants évincés, des publications mises à l'index, et enfin le coup de grâce : l'Encyclique de Saint Pie X «Pascendi dominici gregis» (1907), sur les erreurs des Modernistes (violent réquisitoire fait d'avertissements, de vigoureuses mises au point, rappel à l'ordre et vulgarisation d'une Foi chrétienne qui ne doit, en aucun cas, se laisser ausculter et traiter par un courant moderniste au sein duquel se nichent des hommes d'Eglise et des pseudo-scientifiques. L'Eglise imposera, également, à ses ouailles l'obligation de prêter le «Serment antimodérniste» la Déclaration Officielle «Dominus Iesus» du 6 août 2000, paragr. 16: «Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique - fondée sur la succession apostolique - entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique» http://www.vatican.va/... (07/05/08) 5-Julia Kristeva, «Cet incroyable besoin de croire» Ed. Bayard,2007, p. 26 6-K. POPPER, Conjectures et réfutations. La croissance du savoir scientifique, Paris, Payot, 1985 [1953], p. 320 7- Il sera fait mention de ce Corpus médiéval diffamant dans la 2ème partie de cet Article. 8-Voir livres suivants : dont les auteurs mettent en lumière les origines et les enjeux de cette islamophobie et haine millénaire (diabolisation, stigmatisation excessive, injuste et arbitraire): - Tolan John, L'Europe latine et le monde arabe au Moyen Âge. Cultures en conflit et en convergence, (2009), Europe and the Islamic World - (2015 ),Mahomet l'européen: Histoire des représentations du Prophète en Occident (2018), - Suzanne Conklin Akbari, Idols in the East: European Representations of Islam and the Orient, 1100 - 1450, (2009) - Marie-Thérèse d'Alverny, La Connaissance de l'Islam en Occident du IXe au milieu du XIIe siècle - Daniel, Norman. Islam and the West. The Making of an Image, (1993) 9- Ecole Historico-critique moderne ( la liste de ces chercheurs de toutes nationalités, principalement anglo-saxonne, est étonnamment très longue, on citera à titre d'exemple (John Wansbrough. John Burton, Goldziher, Uri Rubin, Andreas Goerke, Grégor Schoeler, Fred Donner,Patricia Crone, Michael Cook,Alfred Louis de Prémare, Dan Gibson, Jonathan Brown , Harald Motzki ,Joseph Schacht, Gregor Schoeler, Robert Spencer... du côté français on citera Jacqueline Chabbi et Françoise Micheau. 10-Les motifs de ce déferlement de haine sont la mise en ligne d'une vidéo «L'Innocence de l'Islam» qui dépeint le prophète Mahomet comme un voyou aux pratiques déviantes. L'auteur de cette vidéo Nakoula Basseley Nakoula plus connu sous le pseudonyme de «Sam Bacile» est un Egyptien copte, (Je doute que cet énergumène ait eu connaissance que le prophète avait eu comme épouse une Copte « Maria» qui lui donna un fils «Ibrahim» dont le décès l'avait extrêmement peiné ) résidant aux Etats-Unis et qui n'est, en fin de compte, qu'un vulgaire voyou de bas étage qui avait plusieurs délits à son actif. Arrêté en possession de matériel pour produire des amphétamines. En février 2009, la justice l'avait accusé d'avoir utilisé illégalement ? avec des complices ? les identités de clients de plusieurs agences de la banque Wells Fargo en Californie et d'avoir récupéré, avec elles, plusieurs centaines de milliers de dollars. Condamné en 2010 à 21 mois de prison pour escroquerie bancaire, mis en libération conditionnelle dont il enfreindra les injonctions. Ainsi, les auteurs de ces attaques à l'encontre de cette ambassade américaine qui ont choqué l'Auteure Hela OUARDI n'étaient que de véritables crétins. S'en prendre à l'ambassade américaine à cause d'une vidéo mise en ligne par un autre crétin aura été l'un des actes les plus insensés, à fortiori que bien avant cet incident, le gouvernement américain avait condamné ce monsieur, lui interdisant notamment de ne rien diffuser sur le Net. Injonctions qu'il transgressera malgré tout en utilisant des pseudonymes. Voilà comment certains actes insensés commis de part et d'autres, sous l'effet de la haine, de la passion, du sentiment d'avoir été outragés, provoquent sous l'effet papillon un carnage dont les victimes sont totalement innocentes de ce jeu de dupes. |