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L'Algérie
est en train de vivre de moments historiques cruciaux aujourd'hui. Un remake de
périodes difficiles déjà vécues par le passé ? Et cette évolution coïncide à
chaque fois qu'une crise économique, et toujours pétrolière du moins pour les
pays exportateurs de pétrole, surgit, et une crise ne vient jamais seule,
généralement toujours accompagnée d'une autre. Un peu comme si les crises
rappelaient que l'optimisme et les certitudes d'un pays ne sont donnés qu'un
temps, que rien n'est acquis dans la marche de l'histoire, que tout est « en
perpétuelle mutation ». Et c'est même là le sens de l'histoire, le monde humain
ne peut être figé et, par conséquent, à l'instar, l'Algérie doit aller vers
l'avant.
Aujourd'hui, force est de dire que la situation de l'Algérie sur le plan politique et économique n'est pas au beau fixe, à voir les difficultés tant sur le plan économique qu'institutionnel, et le rendez-vous présidentiel de 2019, mais ce n'est pas là le plus important, quand bien même il retient en haleine les mass-médias et les politiques. En effet, passé les élections présidentielles, il restera les orientations politiques et économiques à définir dans les années à venir qui s'annoncent difficiles. Et tout dépendra de la stratégie retenue. Si l'Algérie continuera à naviguer économiquement à vue, il est évident que l'économie va en pâtir, et bien entendu des répercussions politiques, économiques et sociales qui seront douloureuses. D'autant plus qu'elle rentre dans la cinquième année de chute du prix du pétrole depuis le deuxième semestre de 2014, et il n'y a toujours pas d'éclaircie sur les cours pétroliers. Alors que les réserves de change ont été plus que divisées par deux, elles se situent fin 2018 autour de 80 milliards de dollars, loin des 200 milliards de dollars qu'elle avait accumulés avant le contrechoc pétrolier. Ceci étant, peut-on dire qu'il n'y a pas beaucoup d'espoir de redressement économique dans les années à venir, à l'horizon 2035 ? Peut-on dire qu'elle cessera d'être un ilot de stabilité et de croissance économique ? Et si, contrairement aux pronostics intérieurs et extérieurs, l'Algérie continuera à être un pays-gage de stabilité, un pays qui continuera sa lancée dans le développement et retiendra de plus en plus l'attention de l'Europe, des États-Unis et des puissances asiatiques dont les plus grandes, la Chine, le Japon et la Corée du Sud et, bien sûr, la Russie. Et qu'au contraire, l'Algérie apparaîtra, par sa jeunesse exubérante, avide de progrès, un « pays-phare » pour l'Afrique du Nord, et pour l'Afrique entière. Et c'est précisément, par les maigres forces que la Nature a mises dans l'homme, que l'auteur va vouloir, par la raison, par la logique du développement des événements, chercher à décrypter l'avenir de l'Algérie et du monde. Et surtout, partant du principe que l'homme, les peuples, sont « acteurs » et en même temps « actés » dans l'histoire. 1. La cyclicité de l'histoire économique de l' Algérie post-indépendance jusqu'au début de la phase de contraction du 2ème cycle en 2014 Tout d'abord, interrogeons-nous pourquoi le contrechoc pétrolier a surgi en 2014 ? Il rappelle le contrechoc pétrolier de 1986. A-t-il un lien avec le choc pétrolier de 1973 suivi du deuxième choc pétrolier en 1979 ? Obéit-il à une « cyclicité économique » ? Dans le sens, si on s'appuie sur la théorie économique, on relève que tout événement économique qui revient périodiquement suivi d'un autre, travaillant en boucle qui se répète, constitue un cycle économique. Précisément, pour l'Algérie, deux cycles économiques bien visibles ressortent dans son histoire post-indépendance. En effet, le premier cycle économique commence en 1973, avec le premier choc pétrolier, suivi du deuxième choc pétrolier de 1979, ce qui constitue pour l'Algérie la première phase d'expansion économique. En 1985, la phase d'expansion se termine, puisqu'avec le contrechoc pétrolier de 1986, commence donc la phase de contraction de l'économie algérienne. Une baisse de la croissance, et donc l'Algérie entre en récession suivi d'une dépression économique durable. Cette situation continue jusqu'au mini-contrechoc pétrolier de 1998 que l'on peut compter comme la dernière période de la phase de dépression économique pour l'Algérie. L'année 1998 sonne la fin du premier cycle économique pour l'Algérie. En 1999, commence la remontée des cours du pétrole, c'est le début du deuxième cycle économique pour l'Algérie. A l'été 2000, le prix du pétrole atteint 36 dollars. Le prix du pétrole continuera sa remontée. C'est le début de la deuxième phase d'expansion économique pour l'Algérie. En 2008, au sommet de la crise financière mondiale, le pétrole atteint un haut historique, à 147 dollars le prix du baril de pétrole. Cette phase d'expansion continuera jusqu'au premier semestre 2014. Le prix du Brent est à 115 dollars en juin 2014. Au deuxième semestre, le prix du pétrole commence à reculer pour atteindre 60 dollars en décembre 2014. Il a été divisé pratiquement par deux. La phase d'expansion du deuxième cycle économique se termine donc en 2014, et commence la phase de contraction de l'économie algérienne. En 2019, cinq années sont passées, et l'économie algérienne va au gré des réserves de change que l'Algérie a accumulées depuis une décennie et demie. Donc, au final, l'Algérie a eu le premier cycle économique 1973 - 1998, avec un contrechoc pétrolier en 1986, soit une phase d'expansion de 13 années. La phase de contraction économique qui a commencé en 1986 et s'est terminée en 1998, a duré aussi 13 années. Le deuxième cycle économique a eu une phase d'expansion qui a débuté en 1999 et s'est terminée en 2014, elle a duré 16 années. La phase de contraction économique qui a commencé en 2014 n'est pas terminée. Que réserveront les années à venir dans cette phase de décroissance économique, pour l'Algérie ? Le prix du pétrole va-t-il remonter fortement, comme durant la phase d'expansion ? Et par un retournement positif des cours pétroliers, enclencher la phase d'expansion d'un nouveau cycle, donc un troisième cycle économique de son histoire ? Aussi, pour avoir une réponse fiable, il faut d'abord analyser les conditions qui ont été à l'origine du premier cycle économique depuis son indépendance. Et quelles ont été les forces économiques qui ont amené l'Algérie, pour la première fois, de vivre à l'instar des puissances, une évolution cyclique de son économie ? Cette analyse des forces historiques et économiques cycliques nous permet de mieux comprendre l'évolution de l'Algérie tant sur le plan politique, économique, institutionnel que social. Et on ne peut dissocier l'économique du politique. C'est lui qui conditionne les avancées d'un pays au triple plan politique, économique et social. 2. La phase d'expansion du premier cycle économique en Algérie de 1973 à 1985 Comment la phase ascendante du premier cycle économique a surgi en 1973 pour l'Algérie ? L'Algérie profitera d'un événement inattendu. C'est la forte hausse du prix de pétrole lors de la quatrième guerre israélo-arabe en octobre 1973. En effet, les pays arabes ont décrété un embargo contre les États-Unis en réaction à leur soutien à Israël et quadruplé le prix du pétrole. Cependant, on peut se poser une question pourquoi les pays arabes ont profité de la guerre avec Israël pour quadrupler le prix du pétrole. On peut comprendre l'embargo contre les États-Unis pour son soutien à Israël, mais quadrupler le prix du pétrole, en le faisant passer de 3 dollars à 12 dollars, revient à « sanctionner » l'ensemble des nations du monde dont la majorité des pays du monde n'a rien à voir avec la guerre qui oppose les pays arabes à Israël. Bien plus, ces nations condamnent Israël pour sa politique de colonisation des territoires palestiniens. Pour comprendre, il faut aller à la situation qui a prévalu en 1945 pour les pays d'Europe. Des économies détruites par la guerre, dépendantes de l'aide américaine dont le plan Marshall, les pays d'Europe remontaient difficilement la pente. A l'époque, seul le dollar américain était convertible à 35 dollars l'once d'or conformément aux clauses édictées dans le système de Bretton Woods de 1944. Ce n'est qu'en 1958, après la reconstruction et en accumulant un stock d'or conséquent que les pays d'Europe rétablissaient la convertibilité de leur monnaie en or. Cette situation nouvelle place l'Europe en pays compétiteurs avec les États-Unis dans le commerce mondial et les transactions financières et monétaires. De plus en plus les États-Unis ont des difficultés pour régler leurs déficits commerciaux avec l'Europe en or. Dollars des excédents commerciaux que l'Europe s'efforce de convertir en or auprès du système bancaire américain. C'est ainsi que perdant une grande partie de leur stock d'or, les États-Unis se voient obligés de suspendre la convertibilité du dollar, en août 1971, par le président américain Richard Nixon. Une décision qui deviendra en fait définitive, eu égard à la faiblesse du stock d'or américain. Malgré des accords monétaires entre les pays d'Europe et les États-Unis, la création du serpent monétaire européen et d'autres mesures prises, les crises monétaires ont débouché sur une impasse. La plupart des pays ont opté pour les changes flottants, une situation qui n'arrange pas les États-Unis puisque la convertibilité en or ne jouant plus, toute émission monétaire par la Banque centrale américaine (Fed) se traduit par une dépréciation de sa monnaie. Les conséquences sont là, pour la première fois, les États-Unis ne pourront plus répercuter leurs déficits commerciaux sur l'Europe et le Japon comme ils l'ont fait avec le dollar convertible en or. Une dépréciation continue du dollar ne pouvait qu'entraîner de l'inflation et une perte de confiance de ses partenaires commerciaux. Forcés de limiter la création monétaire et donc importer moins d'Europe, du Japon et du reste du monde, les États-Unis se sont trouvés obligés de baisser la voilure de leur commerce extérieur. Une situation qui n'est guère possible pour les États-Unis, compte tenu de leur puissance militaire et leurs bases militaires dispersées dans les quatre coins du monde. Précisément, la guerre israélo-arabe devient une opportunité pour les États-Unis - ou plutôt pensée voire « planifiée » par le système financier américain -, et, en entente avec l'Arabie Saoudite, une monarchie dépendante de la protection nucléaire américaine. Celle-ci, facturant ses exportations de pétrole en dollars et poussant les pays d'Opep à faire autant, quadruplant le prix, obligerait les pays importateurs de pétrole de procéder à des achats massifs de dollars sur les marchés pour régler leurs importations. Et c'est ainsi que les pays d'Europe, le Japon et les autres pays importateurs de pétrole du reste du monde se sont mis à rechercher les dollars pour régler leurs besoins en pétrole. Et c'est ce qui s'est passé dans le premier choc pétrolier. En effet, on voit mal la monarchie saoudite, de surcroît protégée par la première puissance, s'opposer à son protecteur, et surtout lui imposer un embargo, tout en continuant à accepter les dollars américains comme monnaie de facturation. Or, un moyen de pression simple aurait été le refus du dollar comme moyen de facturation de ses exportations pétrolières. Ce qui n'a pas été fait. Cela étant, il demeure que cette entente américano-saoudienne, paradoxalement dictée par l'histoire, a été très positive pour l'Europe, le Japon comme pour le reste du monde. Si les crises monétaires étaient restées sans solution, on aurait eu une grave décélération économique mondiale, à l'image de ce qui s'est passé dans les années 1930. Une perpétuation de crises monétaires intra-occidentales engendrait inévitablement l'extinction du moteur que fut la puissance américaine. Le prix du pétrole serait resté à 3 dollars le baril. L'absorption mondiale qui se serait contractée entraînerait une contraction de la production mondiale avec la fermeture de centaines de milliers d'usines et de diminution massive d'exportations de matières premières, et forcément un chômage de masse tant en Occident que dans le reste du monde. On comprend dès lors que, tant les crises monétaires intra-occidentales, le premier choc pétrolier et le deuxième choc pétrolier qui a suivi en 1979, les stratégies des uns et des autres, faisaient toutes partie d'un processus herméneutique qui confirme la rationalité même de la marche du monde. Un processus impensé par l'homme mais le rendant subissant les forces de l'histoire. On comprend donc les crises monétaires et les réponses par les chocs pétroliers. Ceci étant, l'économie algérienne était en pleine expansion. Un concept a été inventé, les « industries industrialisantes ». C'est ainsi qu'elle connut un boom industriel sans précédent au point même que les décideurs algériens crurent, dans ce choc pétrolier, à un Nouvel Ordre mondial. Le président Houari Boumediene, devant l'Assemblée générale extraordinaire de l'ONU, lança ce mot d'ordre le N.O.E.I. (Nouvel ordre économique mondial). Une période donc très positive pour l'économie algérienne, que le deuxième choc pétrolier a encore renforcée. Le prix du baril de pétrole a triplé en 1979, passant de 12 dollars à 36 dollars le baril. Et cette hausse pétrolière durera jusqu'à 1985. D'autre part, le taux de change du dollar américain va sans cesse s'apprécier jusqu'à arriver à 10 francs pour un dollar américain, au milieu des années 1980. La même appréciation du dollar pour les autres monnaies européennes (deutschemark, lire italienne, etc.) Cependant si une prise de conscience s'opère chez les décideurs algériens sur les limites des industries industrialisantes, le transfert technologique ne suit pas. Il demeure que cette politique a été une expérience non négligeable dans le savoir économique de l'Algérie. Il est évident qu'il y avait réellement une volonté d'industrialiser l'Algérie. Quand bien même cette politique a été pénalisante sur le plan financier, elle a néanmoins boosté les économies des autres pays industrialisés auprès desquels elle a commandé des usines clés en main, ou produits en main. On ne peut oublier, sur le plan intérieur, le formidable essor de la construction d'habitat, des routes, des universités, des écoles et lycées, des hôpitaux. En clair, une formidable croissance par la dépense publique. L'Algérie s'est lancée dans la modernisation de ses structures étatiques, des collectivités locales et la mise en valeur de ses régions. A suivre |