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Chaque année les concours de recrutements sont destinés à pourvoir des postes dans les établissements scolaires et chaque année un grand nombre d'élèves se retrouvent sans enseignants. Aujourd'hui le nombre de contractuels dans le secteur de l'éducation est estimé à plus de 45 000 tout palier confondu dont près de 15 000 dans le secondaire, le ministère de l'éducation va ouvrir un concours de recrutement pour 7000 postes budgétaires ce qui ne représentent même pas 50% du manque d'enseignants dans le secondaire. Mais ces chiffres tiennent compte que le nombre de contractuels restera inchangé chaque année car plus de 80% parmi ces enseignants échoueront puisque le nombre de postulant est beaucoup plus grand que ceux des postes budgétaires. Ainsi, la plupart de ces contractuels ou vacataires qui sont sur postes pour certains d'entre eux depuis plus d'une dizaine d'années et qui pourront atteindre les 60 ans en tant que contractuels si une solution n'est pas trouvée alors que là une analyse logique se pose si ces contractuels ont échoué c'est qu'ils ne sont pas aptes à enseigner alors pourquoi ils seront de nouveau recruter en tant que stagiaire l'année suivante. Beaucoup parmi eux ont été bien apprécié par les inspecteurs de matières mais ne pourront pas être recruté en tant que stagiaire faute des lois de la fonction publique qui exige le concours ainsi que la politique de diminution du nombre de poste budgétaires dans la fonction publique alors que le secteur de l'éducation a besoin de stabilité car le nombre de postes budgétaires ouverts chaque année ne couvre même pas les postes de départ en retraite et ainsi chaque le nombre de contractuels ne cessera d'augmenter ce qui mènera automatiquement dans quelques années à la contractualisation à 100% dans l'enseignement. Un autre problème a surgi ces dern ières années c'est que des enseignants ayant réussi leur concours, participé aux stages de formation sont licenciés par la fonction publique pour des erreurs administratives de la part du ministère de l'éducation. Aujourd'hui, le vrai manque d'enseignants dans le secondaire est de plus de 25000 et seulement 7 000 postes budgétaires seront ouvert pour le concours de recrutement qui seront pourvu la plupart par des enseignants sans formation et sans expérience, qui se retrouvent face à une situation très difficile et dangereuse, certains d'entre eux n'ont pas pu tenir plus d'une heure. Alors la logique pédagogique et stabilisatrice du secteur aurai prévalu de commencer par recruter ces enseignants parmi les contractuels ayant déjà enseigné et sur le terrain depuis plusieurs années (contractuels ou vacataires) ou ceux formés dans les écoles de l'ENS, ce n'est qu'après si le manque d'enseignants persiste de recruter par un concours les nouveaux sortant de l'université. La précarité, la baisse de niveau de l'enseignement, la violence et la surcharge des classes dans l'enseignement continuera si le recrutement dans ce secteur stratégique ne tient pas compte des vrais besoins. Aujourd'hui la surcharge est du à deux facteurs le manque d'infrastructure et à l'insuffisance de recrutement d'enseignants expérimentés en tant que contractuels depuis des années et de la baisse du niveau d'enseignement. La montée de la violence dans les établissements est du elle aussi à ce facteur où aujourd'hui on observe des classes avec plus de 50 élèves et établissements à plus de 1600 élèves pour un surveillant général et 6 adjoints d''éducation. Maintenant, regardons comment gère t'on l'éducation dans notre pays d'abord par la précarité de l'enseignement ou souvent on fait appel à des emplois de jeunes payé à 12 000 DA pour faire tous les travaux et souvent c'est des universitaires. Ainsi dans tous les établissements au lieu de recrutés des adjoints d'éducations on fait appel à ces malheureux mal payés emploi de jeunes et exploités malgré leur diplôme qui souvent abandonnent. Pour les enseignants, si l'on regarde au niveau du secondaire jamais le nombre de postes budgétaires ouverts ne couvrira les besoins et le nombre de contractuels ne fera qu'augmenter alors que le nombre de titulaires ne cessera de diminuer. Cette politique va dans le sens du FMI et de la mondialisation qui vise à diminuer le nombre d'emploi dans la fonction publique. Ce phénomène est une attaque contre l'école publique qui vivra une instabilité totale vu que tous les enseignants seront des contractuels qui dès que l'occasion se présentera, quitteront l'éducation vers un secteur plus rentable. Ainsi l'enseignement privé est encouragé puisqu'il sera encadré par des enseignants expérimentés (retraités ou contractuels ayant acquis une expérience dans l'école publique mais non recruté). La montée contractualisation dans l'éducation est le but visé par les multinationales et le FMI pour détruire l'école publique, c'est pourquoi tous les syndicats et toute la société doit se lever pour combattre la contractualisation dans l'enseignement pour sauver ce qui peut encore être sauvé. Les directives de la Banque Mondiale sont venues renverser une pratique de fonctionnement des Etats dont la mission, au moment de l'accession à l'indépendance, était de satisfaire les besoins sociaux des populations et de protéger les citoyens : désormais l'Etat s'attellera à protéger le marché, la libre entreprise et visera la croissance économique. Les mesures de déflation ont été prises en vue de réduire le poids de la masse salariale dans le secteur public, et les principes de fonctionnement du marché du travail, fondés sur les intérêts du travailleur, ont été modifiés de manière à servir les intérêts de l'entreprise: presque tous les pays ayant procédé à un ajustement structurel ont assoupli la réglementation du travail. L'ajustement structurel a eu plusieurs conséquences importantes et négatives sur le secteur de l'éducation en Algérie : une baisse des investissements, de l'emploi, des salaires des enseignants et une détérioration des conditions requises pour un enseignement et une formation de qualité... Il s'est aussi traduit dans ce secteur par une diminution des budgets de l'éducation par rapport aux besoins, la privatisation, l'institution des classes à plus de 50 voire 60 élèves. RECRUTEMENT DES ENSEIGNANTS La diminution des budgets de l'éduc ation par rapport au besoin couplé à la croissance démographique et aux exodes de toutes natures a engendré un sureffectif des élèves, une détérioration des cadres de travail, une pénurie de matériel didactique, une baisse du rendement et une démotivation du personnel enseignant. Le grand nombre d'élèves dans les classes a entraîné des surcharges horaires et un enseignement au rabais. De même, l'un des objectifs de la banque mondiale qui est la maîtrise de la masse salariale, a amené l'Etat à prendre des mesures dont l'impact a été néfaste sur le secteur de l'éducation. On peut citer entre autres : la fermeture et/ou la restructuration des écoles de formation du personnel enseignant entraînant la baisse du niveau académique pour l'accès à la formation initiale) ; la dégradation croissante des conditions de travail du personnel enseignant : effectifs pléthoriques pouvant excéder 50 élèves par classe au niveau de l'enseignement élémentaire et secondaire, insuffisance des infrastructures et des équipements, etc. ; la prolifération d'innovations, et bientôt les écoles à classe unique (plusieurs niveaux pédagogiques dans la même salle de classe) augmentant ainsi la charge de travail des enseignants mais sans une motivation conséquente; l'insuffisance voire l'inexistence des manuels scolaires et du matériel didactique, et le plus souvent obsolète; le gel des salaires, primes et indemnités a occasionné une baisse drastique du pouvoir d'achat contribuant ainsi à démotiver davantage les enseignants, à détériorer leur image. L'introduction de nouvelles formes de recrutement du personnel enseignant (suppléants et vacataires), sans tenir compte du respect des normes internationales du travail et du professionnalisme dans le secteur. Réforme du mode de recrutement des enseignants: la contractualisation Après l'indépendance l'Algérie a été confrontée à une carence de cadres dans tous les domaines. Dès lors la priorité est d'y palier en formant et en recrutant des cadres de tous genres. L'état est allé jusqu'à obliger tout cadre dont il a assuré les frais de formation, à prendre l'engagement de servir l'Etat pendant une certaine période (souvent 07 ans pour l'éducation). C'est ce qui explique la montée rapide des effectifs et de la masse salariale de 1962 à 1985. Dans le cadre des programmes d'ajustement structurels, des mesures sont prises dans le domaine de la fonction publique dans le sens de réduire davantage les effectifs et la masse salariale et de retrouver les «équilibres rompus» : élimination des emplois fantômes, retraites forcées ou anticipées, départs volontaires, extinction de corps, gel des recrutements de personnels et des salaires, etc. Si de telles mesures ont souvent pour effet de dégrossir les effectifs de la fonction publique, elles n'ont cependant pas permis d'atteindre au niveau souhaité l'objectif de réduction conséquente de la masse salariale. Ainsi, face à l'inefficacité de ces mesures entreprises, aux besoins croissants en ressources humaines et aux contraintes liées aux programmes d'ajustement structurel, l'Algérie a opté, pour d'autres alternatives afin d'atteindre les objectifs de réduction des effectifs et de la masse salariale. C'est dans ce contexte que sont intervenues les politiques de contractualisation de l'emploi dans des secteurs comme l'éducation et la santé, etc. LA CONTRACTUALISATION DE L'EDUCATION Le projet des contractuels de l'éducation, lancé, demeure l'innovation la plus controversée dans le système éducatif algérien. L'Algérie est l'un des premiers pays à initier une telle réforme, avec le projet des contractuels de l'éducation, expérience qui fut généralisée à partir de 2003. Les pouvoirs publics la considèrent comme incontournable dans le contexte actuel pour la réalisation des objectifs d'une scolarisation universelle alors que les syndicats d'enseignants y voient une volonté de précarisation de la fonction enseignante et une option qui ne peut que renforcer le déficit déjà criard du Fonds national de retraite. Parmi les initiatives tentées pour procéder aux «équilibres nécessaires» et relever le taux brut de scolarisation, on peut citer : la réduction des coûts de formation initiale des enseignants par la fermeture des écoles normales régionales (qui formaient des instituteurs en 02 ans), la disparition des ENS ainsi que l'abandon des infrastructures de formation de l'éducation à l'enseignement supérieur ou à d'autres institutions étatiques autres que l'éducation. Le projet a essentiellement permis de recruter des jeunes diplômés en leur offrant, dans le cadre d'un contrat de 3 mois (renouvelable), le tiers du traitement d'un enseignant débutant. Au total, environ 45 000 personnes, soit presque un tiers du nombre total des enseignants, ont été recrutées dans le cadre de ce programme. PLUSIEURS STRATEGIES SONT DEVELOPPEES DANS CE CADRE Ces mutations en cours ne seront pas sans poser de nouveaux problèmes de l'équité dans le traitement des enseignants, de l'impact sur la qualité de l'éducation et également sur la viabilité du système de retraite des fonctionnaires en général : Déphasage de la réforme La recommandation couvre l'ensemble des aspects de la profession enseignante dont le recrutement, la sélection et la formation, la préparation et les normes professionnelles des enseignants à différents niveaux, la sécurité d'emploi, les salaires, des vacances, la sécurité sociale et les pensions. Précarisation de la fonction enseignante. En optant pour la généralisation et la pérennisation dans l'éducation, le L'Algérie est allé vers la pénurie d'enseignants, et s'inscrit dans une optique de précarisation de la fonction enseignante. En effet, au regard de ces dispositions, « ...en principe toute mesure prise pour parer à une grave crise de recrutement doit être considérée comme une mesure exceptionnelle, qui ne déroge ou ne porte atteinte, en aucune manière, aux normes professionnelles établies ou à établir, et réduit au minimum le risque de nuire aux études des élèves». En outre, il y est admis que «parmi les différents facteurs qui entrent en jeu dans l'évaluation de la condition des enseignants, une importance particulière devrait être donnée à la rémunération qui leur est accordée car, selon les tendances qui s'affirment aujourd'hui dans le monde, il n'est pas niable que les autres facteurs, tels que la situation reconnue aux enseignants dans la société ou le degré de considération qui s'attache à leur fonction, dépendent dans une large mesure, comme d'ailleurs pour beaucoup d'autres professions comparables, de la situation économique qui leur est faite». La rémunération proposée aux contractuels ne permet pas de soutenir la comparaison avec ceux d'autres professions qui exigent des qualifications analogues ou équivalentes, ni de leur assurer un niveau de vie raisonnable pour eux-mêmes et pour leur famille. On peut dire que cette réforme a induit la précarisation de la fonction enseignante. Iniquité dans le traitement des enseignants Les enseignants), devraient être rétribués sur la base d'échelles de traitements établies en accord avec leurs organisations professionnelles. Les enseignants qualifiés, en cours de période de formation ou employés à titre temporaire, ne devraient en aucun cas être rétribués à un taux inférieur à celui des titulaires. La structure des traitements des enseignants devrait être établie de manière à éviter toute injustice et toute anomalie risquant d'entraîner des frictions entre différents groupes d'enseignants. Les contractuels, de plus en plus majoritaires dans le système, se sont déjà organisés en coordination sous l'égide de syndicat tel que CELA (conseil des enseignants des lycées d'Algérie) pour défendre leurs intérêts. Prenant de plus en plus conscience de leurs capacités à bloquer ou perturber sérieusement le fonctionnement du système, du fait de leur nombre et pourcentage sans cesse croissant, ils exercent depuis trois ans une forte pression sur l'Etat pour réclamer une plus grande équité: à travail égal, salaire égal. La qualité de l'enseignement La formation des suppléants ne revêt qu'un caractère pédagogique et ne dure plus que 6 mois; elle ne semble pas prendre en compte: tous les enseignants devraient acquérir leur formation générale, spécialisée et pédagogique dans une université ou dans un établissement de formation d'un niveau comparable ou bien dans une école spécialisée pour la formation; dans les pays en voie de développement où l'urgence les besoins peut rendre nécessaire le recours à une formation accélérée des enseignants, il faudrait organiser en même temps une formation complète, de manière à disposer d'un corps d'enseignants ayant toute la compétence nécessaire pour orienter et diriger l'ensemble de l'enseignement. La formation de suppléants en 6 mois, même si elle réduit le coût unitaire de la formation risque de de devenir plus théorique que pratique. La qualité de l'enseignement risque de souffrir encore plus, surtout si l'on prend en compte l'insuffisante motivation de cette catégorie de personnel car sans objectif d'intégration. LES OBJECTIFS L'Etat, désormais, ne se positionne plus par rapport à ses ambitions, et ne façonne plus le système éducatif par rapport à sa vision ou à ses attentes (de quel type de citoyen avons-nous besoin ?), mais plutôt par rapport à ses moyens. Le caractère approprié des systèmes éducatifs ne se définit plus par rapport aux besoins et finalités mais par rapport aux exigences budgétaires de la banque mondiale du FMI ou de la mondialisation, et les choix et orientations ne s'inscrivent plus dans une logique politique et/ou de développement mais de contraintes budgétaires : à défaut d'avoir les moyens de sa politique, on gère la politique de ses moyens. * Professeur de Mathématiques au lycée Colonel Lotfi d'Oran |