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Alors que tout
était en stand-by ou depuis longtemps déjà à l'arrêt, voilà que tout s'enchaine
ou tout se déchaine très rapidement. Bien subitement !
Il y eut, au tout début, cette sortie abracadabrante, vraiment inattendue ou très bizarre de l'inévitable et obscur ou très zélé Amar Saadani, l'homme qui monte ces derniers temps assez souvent au créneau, criant sur tous les toits et tous les fronts en faveur ce possible ou très probable 4ème mandat présidentiel du locataire du temple d'El Mouradia, sans même d'ailleurs que la personne directement concernée n'ait eu à en exprimer le moindre vœu jusqu'à présent. Moins d'une semaine plus tard, c'est toute une kyrielle de personnalités d'un très haut aéropage qui l'imitent, le suivant plutôt bien différemment dans son raisonnement, venant, tour à tour, bien compliquer une donne déjà complexe au départ. L'atmosphère, longtemps refroidie à dessein par un pouvoir finissant, désemparé ou aux aguets, semble, de nos jours, prendre la mesure d'une température ascendante d'un mercure pris de folie, allant toujours crescendo, défiant toutes ces barrières psychologiques et politiques de forme et autres normes de la science physique. L'heure est grave. Le temps n'est plus à la réflexion. Il est plutôt à l'action. Raison pour laquelle, par groupe très compacts ou encore en trio bien constitué* et quinté très regroupé**, des personnalités de poids et de grande valeur et considération envahissent la presse nationale à coup de communiqués et de lettres ouvertes, tous destinés à informer l'opinion publique de l'imminence d'un certain danger planant sur le déjà bien sombre ciel algérien. Mieux encore, d'autres initiatives sont aussi envisagées à titre personnel, en solo et sans aucun préavis, moindre préambule ou utile mise en scène appropriée. Et comme Amar Saadani, le journaliste-écrivain Hichem Abboud accuse, à son tour, une seule personne du système en place, vivant à l'ombre des caméras officielles, mais détenant apparemment (selon les termes de l'accusateur) toutes les clefs de la grande citadelle algérienne. Dans le véritable labyrinthe de tout ce brouillamini, tissé en catimini, tressé en fins lacets, sont donc venus prendre part à ce débat à distance et improvisé de très hautes personnalités, ayant longtemps constitué l'actualité politique du pays, comme Ahmed Taleb El Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour, Rachid Benyelles, aux côtés d'autres tels Tarek Mira, Si Mhamed Baghdadi, et autres encore, se joignant à leur tour à cette foire enfoirée qui se tient autour de la future présidentielle d'avril 2014. De ces conclaves très clandestines fusent, à présent, ces slaves assassines, telles de venimeuses épines, se démarquant et dénonçant à souhait le supposé 4ème mandat du président exercice, et les combines faites en sourdine, juste pour accompagner le grand folklore de cette illusion de scrutin, concoctée à la mesure de l'évènement tapageusement annoncé. A mesure que le temps passe ou presse, se lèvent donc bien haut vers un ciel devenu subitement obscur, tous ces soubresauts et continues convulsions, nés des difficiles pulsions d'un système finissant et bien frémissant, donnant d'ailleurs l'illusion d'une animation politique à l'approche de la date du scrutin. Seulement, l'avancée longtemps espérée des pions de l'un (ou des uns) sur ce terrain miné et très difficile d'accès présuppose ce probable recul forcé de celui des autres concurrents, confinant l'échiquier politique national dans ces offensives osées et ces replis stratégiques et énergiques, intermittents ou alternatifs, de nature à jauger de leur capacité à monter sans difficultés sur le podium de nouveau mis «aux enchères publiques» ou en compétition. Au menu, figure donc également cette autre initiative de barrer la route à une éventuelle course à la présidentielle du locataire actuel du palais d'El Mouradia, dont ses auteurs et signataires épinglent au passage le gestion jugée comme catastrophique de ses trois précédents mandats. A côté de cela, il est aussi bien évidemment question d'une attitude commune de boycott (ou de pure coïncidence) affichée par des partis politiques d'obédience islamistes, à l'instar de celle des formations laïques ou du clan démocratique. Incontestablement la palme d'or revient donc à Amar Saadani qui aura réussi par ses déclarations incendiaires à mettre le feu aux poudres au sein d'une institution dont nombre d'algériens, par sentiment de crainte pour leur personne et vie, refusaient justement et bien volontairement même de prononcer tout juste les initiales de son nom, volant la vedette à tout son aéropage politique, resté encore médusé et très circonspect devant cette manière beaucoup trop osée d'aller balayer devant la porte du très balaise voisin. En homme ingrat et grand renégat, il oublie rapidement la sortie dérobée qui lui a permis d'user de la ruse afin de soigneusement et très subtilement éviter d'emprunter tout ce long escalier par où on doit impérativement passer pour se forger toute cette impressionnante et grande carrière politique, dans la perspective d'atteindre encore cette très haute marche du podium, et surtout ce précieux tremplin qui aura servi à le propulser bien haut et très vite dans le temps, jusqu'à ?comble d'ironie !- lui dénier, à présent, tout son concours à sa très nette ascension. Certains disent de lui qu'il a craché dans cette soupe qui le nourrit. D'autres, par contre, lui reprochent cet excès de zèle qui lui donne ces ailes de la folie des grandes illusions. Et n'étaient-ce la conjoncture de ses déclarations, leur timing et la manière très singulière d'en faire avec, un peu trop caricaturiste, tout le monde y aurait cru, vu ou déniché ce courage fabuleux d'un très grand héros; n'eut-il pas été auparavant d'un avis personnel plutôt bien contraire à celui affiché aujourd'hui ! Ces dossiers chauds et bien lourds, déballés sur la scène médiatique et politique en ce moment très précis, ne préludent-ils pas de cette perspective à impulser du rythme à cette campagne électorale, déjà fermée sur elle-même et sur ses nombreux secrets, à quelques jours seulement de son lancement ? Ces pétitions-lettres ouvertes ou communiqués bien ficelés à la clef, au travers desquels leurs auteurs se sont impliqués malgré eux dans cette course qui peine à se décider ou se déclencher, n'augurent-ils pas tous de cette autre probable tangente que prendra forcément, au regard des tout nouveaux ou prétendus développements de la scène politique nationale, le prochain scrutin d'avril 2014 ? Tant d'inconnues planent décidément sur cette consultation, cultivant légitimement un sérieux sentiment de doute chez la population, bien avant même qu'il le soit chez le véritable postulant à cette magistrature suprême. Le communiqué des trois, celui des cinq, le questionnaire de Hichem Abboud, la pénurie du lait pasteurisé en sachet, la grève des enseignants, le silence de la présidence, la montée en cadence dans la violence verbale et au créneau de Amar Saadani, la crise aigue et continue que connait le plus vieux parti du pays, ce stress éternel des algériens, le tout additionné à ces horizons bouchés qui obstruent la vue au loin de l'algérien, ne sont-ils pas ces indéniables indices d'un véritable malaise qui fait main basse sur le pays et la nation ? Manifestement donc, il y a le feu à la maison Algérie ; et tout pompier autoproclamé est supposé n'éteindre tout naturellement que la partie visible du territoire qui lui semble être définitivement acquise, et en toute propriété, sans même chercher d'ailleurs à aller vers cet intérêt général que caractérise sa totale indivision. Cette élection présidentielle peut-elle constituer une possible ou probable sortie de crise ? Sinon préfigure-t-elle d'un tout autre scénario du prochain chaos ? Doit-on toujours encore prêter le flanc à cette autre fatalité qui aura réussi à bien détruire en nous-mêmes la fibre patriotique qui faisait naguère la force et l'honneur des algériens ? (*) Communiqué portant le titre «Non au quatrième mandat» publié le 10 février 2014 par Ali Yahia Abdennour, Ahmed Taleb El Ibrahimi, Rachid Benyelles (**) Point de vue portant le titre «Présidentielle 2014 : un théâtre d'illusions» signé par des membres de l'Initiative pour le Refondation démocratique (IRD). |