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Dans le monde
d'aujourd'hui, de plus en plus régi par des règles d'efficacité et de
performances économiques, l'Algérie se doit d'assurer au plus vite sa mise à
niveau. Elle doit aussi prendre option pour un mode de gouvernance
territoriale, qui soit le mieux à même de lui garantir la meilleure insertion
possible, dans le contexte nouveau d'une mondialisation articulée autour de la
recherche d'avantages comparatifs et de gain de compétitivité.
A s'y méprendre, cette course effrénée concoctée par les lobbies financiers et les multinationales, réserve bien des surprises à ceux, qui ont tendance à différer les échéances, sans raison autre, que la peur d'un lendemain, auquel ils ne se sont guère préparés ! A bien y réfléchir, cette attitude bien de chez nous, qui consiste à tourner le dos à l'obstacle au lieu de chercher à le franchir, peut s'avérer lourde de conséquences pour les générations futures, pour peu qu'on continue à se berner en croyant indéfiniment, à l'effet magique de cette rente énergétique, qui agit comme un mirage sur notre subconscient collectif ! Cela nous fait même oublier, cette nécessité de travailler correctement, alors que malheureusement, le pétrole et le gaz sont des ressources naturelles tarissables ! Dans cette attitude qui s'apparente à l'hara-kiri japonais, nous avons même entrainé nos enfants dans notre sillage, à la faveur de la « générosité » de notre Etat providence, qui nous gâte à l'extrême ! Sinon, comment expliquer cette hâte qu'ils manifestent à vouloir satisfaire tous leurs besoins matériels, sans songer à l'apprentissage de véritables métiers, autres, que la location de voitures, d'engins de travaux publics et bien d'autres activités sans qualification, qui font d'eux des rentiers sans perspective d'avenir, avec la bénédiction de l'ANSEJ ! Oui, il n'y a pas que l'école qui soit à l'origine de cette situation, bien sûr des plus déplorable, les parents ont aussi leur part de responsabilité, pour avoir couvé l'échec de leurs progénitures, de par leur démission et leur laxisme ! Indépendamment du sursis dont nous gratifie notre sous sol, tout au plus, encore quelques décennies selon les spécialistes, notre salut tient au fait, que nous soyons cette fois-ci, tous convaincus de cette impérieuse nécessité de tirer comme il se doit, notre pays vers le haut ! Encore faut-il préciser, qu'il ne suffit pas de le décider, ou de réaliser clé en main des mégaprojets, pour que cela puisse se faire automatiquement, comme par enchantement ! C'est là tout à la fois, une affaire de volonté, de conviction profonde et de croyance en un avenir possible pour tous, et sans discrimination ! Cela suppose bien sûr, une mobilisation sans faille de toute notre ressource humaine sans exclusive, une éducation et une formation de nos jeunes, à hauteur des ambitions de notre pays continent ! Comment il convient également, de s'assurer d'une adhésion forte de la société, pour peu qu'elle puisse percevoir dans le comportement au quotidien de ceux, qui ont en charge sa destinée, un changement radical dans la pratique de la servir avec abnégation, loyauté et sans fausses promesses ! NÉCESSITÉ D'UN RENOUVEAU DANS LA CONCEPTION ET LA PROGRAMMATION DU DÉVELOPPEMENT L'objectif majeur d'une Nation déterminée à s'ancrer dans son siècle, est assimilable à un projet de société, qui sous-tend la recherche d'une meilleure efficience dans l'aménagement et le développement durable de notre entité territoriale, dans la perspective d'une mise en exergue de ses avantages comparatifs et d'une mise en valeur de ses atouts propres, en faisant cette fois-ci, à titre d'hypothèse de projection future de notre développement, abstraction des richesses énergétiques ! Alors, il est bien évident que dans ce cas, la configuration de cette image d'une Algérie, qui aura à tirer sa force de ses autres potentialités hors hydrocarbures, au demeurant non négligeables et de la richesse de ses diversités plurielles, ne saurait s'accommoder indéfiniment de cette logique administrative fortement réductrice, d'une programmation linéaire des actions de développement faite depuis les années 70, de dichotomie entre projets communaux (PCD), projets sectoriels déconcentrés (PSD) et projets sectoriels centralisés (PSC). De surcroît, les actions répétitives, selon des nomenclatures préétablies par le niveau central, sont souvent à impacts limités, en raison de l'insuffisance de leur maturation et de l'absence de concertation entre les différents échelons de la sphère technico-administrative. Force est de constater, qu'aujourd'hui, l'impératif d'intégration de notre pays à un environnement économique de plus en plus complexe, a pour corollaire, une plus grande efficacité dans les interventions des pouvoirs publics et une recherche d'économie d'échelle, autrement dit, un renouveau dans la conception et la programmation des actions de développement ! Ce renouveau doit viser à évacuer progressivement le caractère dirigiste d'une ère révolue, en adoptant un aménagement par le « bas », qui donne la primauté au développement spécifique des populations dans leurs territoires de vie, ce qui est certainement plus conforme aux aspirations citoyennes. Cette démarche inspirée par les réalités locales, est d'autant plus pertinente, que c'est la diversité aux plans sociologique, géographique, économique et culturelle qui détermine la nature des besoins et non, l'attitude dirigiste des centres de programmation du développement ! Aussi, faut-il considérer, qu'indépendamment de la demande en besoins basiques (logement, eau potable, énergie, éducation, santé?), dénominateurs communs pour tous les citoyens, les priorités doivent être nuancées, selon qu'on s'adresse à des populations du Nord, des Hauts-Plateaux ou du Sud ! Elles doivent également s'établir, en fonction des niveaux de développement atteints par chacune de nos entités territoriales ! Ce regard attentif à la fois aux situations territoriales, qui ne sauraient être identiques et aux aspirations spécifiques des populations locales, est une manière de prévenir la manipulation des citoyens par des esprits mal intentionnés, qui trouvent dans l'incohérence de la dynamique du développement, les éléments nécessaires à l'organisation de la grogne populaire, devenue phénomène cyclique et dont les effets collatéraux sont fortement préjudiciables pour le trésor public ! Cela veut dire, qu'un développement bien inspiré, autrement dit conforme aux aspirations citoyennes, ne peut se concevoir dans l'uniformité et dans la normalisation, selon des nomenclatures conçues par l'échelon central ! La dimension humaine dans l'aménagement du territoire, qui s'oppose à l'approche technocratique de l'aménagement par le « haut », est me semble t-il, la meilleure manière d'exprimer la volonté de l'Etat, quant à l'inscription de cette politique dans une compétence partagée avec tous ses partenaires, afin d'asseoir à terme, une culture commune, d'aménagement et de développement durable de notre territoire. C'est là, un acte majeur et un gage de bonne gouvernance, qui permettra à notre société d'évoluer dans le courant positif des nations dites civilisées, loin du brouhaha et des luttes intestines, de nature à fragiliser sa cohésion ! Aussi est-il utile de préciser, que l'aménagement et le développement adéquat de notre territoire, doit concilier tout à la fois, le souci permanent de l'unité nationale et de l'expression de la diversité régionale, la cohérence nationale et la cohésion sociale, la géographie locale et la rationalité économique, la compétitivité et la solidarité inter spatiale, la coopération inter-collectivités et par voie de conséquence, la décentralisation authentique ! RÉGIONALISATION DES PROGRAMMES DE DÉVELOPPEMENT Il importe dans ce cas de faire remarquer, que la compétition régionale aux échelons Maghrébin et Méditerranéen à laquelle est, et sera davantage confronté notre pays, disqualifie de fait, l'incohérence née de démarches différenciées à l'échelon Wilaya et du cloisonnement sectoriel, sources de gaspillage des efforts de la collectivité nationale. Cette compétition du monde d'aujourd'hui et plus de demain, suggère plutôt, la mise en œuvre de mécanismes de solidarités et de complémentarités inter-wilayas, à l'échelon régional, qui offre le cadre le mieux approprié pour surmonter en commun les difficultés. Le souci de recherche d'une meilleure répartition spatiale de la croissance économique, dans la conformité du principe de l'égalité des chances, fait que la cohérence du développement, serait à rechercher au sein d'espaces régionaux, tels que définis par le Schéma National d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire, qui doit être considéré comme le cadre référentiel à l'inscription de toutes les politiques publiques, d'autant plus, qu'il est conforté par une loi, et devient de ce fait, un instrument opposable à tous ! En effet, Il est aujourd'hui admis, que dans le contexte d'une économie en pleine mutation, faite d'optimisation des investissements, d'initiatives dans la recherche de mécanismes de solidarités et de complémentarités, d'amélioration des capacités managériales, de concertation et d'implication des différents partenaires, la planification régionale apparaît comme un instrument privilégié de cohérence multisectorielle, au sein d'un développement national, harmonieux, équilibré et durable. Mais comment cela serait-il possible, alors que l'organe central de planification a été dissous avec pour conséquence, la déperdition d'un savoir-faire capitalisé tout au long de quatre décennies! C'est là, une décision préjudiciable, prise de façon hâtive, dans la mesure où tout au contraire, la planification est un effort organisé, conscient et continu, dont le but est de choisir les moyens les mieux appropriés, pour atteindre des objectifs soigneusement précis, comme s'accordent à le dire, la plupart des spécialistes ! Aujourd'hui, l'on peut dire que la reconnaissance universelle de la planification, comme moyen de réalisation des objectifs de développement, a enlevé tout intérêt à la querelle doctrinale sur son opportunité ! Il serait alors bien heureux, que cette question soit reconsidérée, afin qu'il soit possible d'envisager une régionalisation des programmes de développement, autrement dit, cette manière de s'élever à hauteur des enjeux du présent et du futur, qui se posent en termes de défis, que chacune de nos Wilayas prise séparément, ne peut à elle seule relever. En effet, comment peut-on penser qu'une Wilaya comme Nâama par exemple, puisse engager à elle seule un programme de lutte contre le phénomène de la désertification, ou que telles autres Wilayas puissent maitriser le phénomène des inondations ou protéger convenablement leurs bassins versants, alors que ces questions sont à caractère régional, voire transrégional et ne peuvent être traitées par conséquent, dans les limites administratives de chacune de nos wilayas ! De même, comment peut-on croire qu'une métropole comme Alger puisse s'inscrire en compétition avec Marseille ou Istanbul, qu'Oran puisse rivaliser avec Barcelone et Casablanca, ou Constantine avec Tunis ou Rome et Annaba avec Milan, indépendamment de cette recherche de solidarités et de complémentarités aux échelons régionaux et de la constitution de réseaux de villes solidaires au sein de ces espaces! Encore faut-il, que ces espaces pertinents soient adossés à des centres d'intelligence, à des équipements structurants et au maillage infrastructurel, qu'il convient de densifier de façon optimale, afin de valoriser au mieux nos potentialités et de corriger les handicaps géographiques de certaines de nos régions. Sans cet effort de requalification de nos métropoles, dans la logique des schémas régionaux d'aménagement du territoire, il est à craindre, que le retard enregistré même par rapport à nos voisins du Maghreb, ne soit à jamais comblé, lorsque l'Etat ne sera plus en mesure d'assurer le financement nécessaire à la mise à niveau de nos métropoles, à hauteur des standards internationaux ! Alors sans plus attendre, il s'agit dès à présent de définir les catégories, ou des villes comme, Alger, Oran, Constantine et Annaba, peuvent faire valoir leurs atouts, tout en évaluant les éléments manquants, qui les distinguent par rapport, aux villes Méditerranéennes, de même niveau ! Il faut par ailleurs considérer, que si l'organisation régionale des efforts inter-collectivités autour de questions d'intérêts communs, constitue un prélude à une décentralisation effective du développement économique et social, elle doit être nécessairement accompagnée par un redéploiement de la ressource humaine. Ces cadres doivent avoir cette fois-ci, la possibilité d'exprimer leurs capacités en termes de conception et de management des projets, loin du cadre contraignant des départements ministériels, qui les confine souvent, dans une situation statique et d'attente ! Cela est possible, pour peu que leur mobilité soit accompagnée par des statuts appropriés et des conditions de travail plus attractives, que celles généralement offertes par le niveau central ! C'est là certainement, un premier pas dans l'expression de cette volonté affichée en termes de restauration de l'égalité des chances, en tout lieu de notre territoire ! Saurions-nous être à hauteur de ce défi, déterminant pour la traçabilité des actions des pouvoirs publics, pour la sérénité et la quiétude de nos concitoyens. * Professeur |