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Récemment, les
membres de l'Assemblée nationale moribonde ont reçu un bonus d'argent, au même
titre que les ministres d'un Etat très préoccupé par le risque d'absentéisme
guettant le prochain scrutin électoral, mais qui, en prodiguant ce geste «
onéreux », a fait exactement ce qui a tendance à favoriser ce qu'il redoute !
En effet, et il n'y a qu'à tendre l'oreille à la vox-populi,-échos rapportés d'ailleurs par une bonne partie de la presse nationale, - pour se rendre compte de l'exaspération des citoyens stupéfaits par ces « rallonges » qu'ils ne s'expliquent pas: «Et avec ça ils nous interpellent pour voter ? », entend-t'on. Surtout quand on sait que nos chers députés sont déjà sur-salariés avec leurs gratifiants 30 millions de centimes mensuels, rien que pour l'exercice musculaire de la main levée à chaque conclave d'approbations régulières des desideratas des pouvoirs centraux. Et ce au moment même où l'on tergiverse avec les revendications légitimes de travailleurs de multiples secteurs vitaux déconsidérés ! Il y a vraiment de quoi s'interroger sur ce qui justifie cette distribution de blé inopportune , comme si l'on cherchait à provoquer, sans le vouloir, cette réaction de grogne des citoyens offusqués pour ensuite les convier à aller gentiment voter massivement, y insistant même par voie de messages personnalisés SMS. Mais quand on connait, habituellement, la réaction du jeune Algérien devant ce type de sollicitation suscitant en général sa suspicion, l'on se convainc qu'il s'agit- là assurément d'une maladresse commise dans l'appréciation judicieuse des faits si bien sur de maladresse il s'agit. Mais il faut dire que nos officiels nous ont habitués depuis un bon moment aux «erreurs d'aiguillages » dans la juste considération des choses en matière de politique, tant intérieure qu'extérieure. Sur ce dernier plan, les écrits de nombre d'experts nationaux et étrangers nous confortent dans l'idée partagée estimant que la diplomatie algérienne a failli connaître de sérieux revers sur le plan international ces mois passés, et nécessiterait une profonde reconsidération de sa stratégie globale qui semble reposer toujours sur des postulats surannés datant d'avant la chute du mur de Berlin. Pour en revenir à l'actualité nationale et notamment les questions soulevées dans la perspective du prochain scrutin des législatives que les pouvoirs cherchent à encourager avec leur exhortation publique, ce souci de veiller tôt à la bonne organisation et bon déroulement de l'évènement, etc., est compréhensible. Mais encore faut-il que les décideurs y mettent de leur sien en préparant, pour ce faire, correctement le terrain, en veillant à l'évitement notamment de tous types de court-circuitages par-ci et par là, en amont et en aval, et tout ce qui risquerait d'entacher le vote d'irrégularités susceptibles d'entrainer de fâcheuses dérives. On comprend dans ce contexte les craintes justifiées des uns et des autres, - vu les fraudes enregistrées par le passé-et on ne peut qu'adhérer à la nécessité d'un prochain scrutin absolument propre et transparent, sous des auspices pleinement démocratiques en présence des représentants Onussiens, de l'Union africaine, européenne, etc., avec y compris droit de regards et supervisions des urnes via en tout esprit d'équité et de démocratie responsable, naturellement. Des garanties données dans ce sens pourraient encourager les gens à aller voter en grand nombre, la plupart des électeurs étant soucieux d'accomplir un geste utile avant tout: ce qui prime pour la majorité des citoyennes et citoyens, ce n'est pas ces idées colportées de « confrontations classiques islamistes contre démocrates, républicains contre partisans de régime théocratique, etc. Mais c'est davantage une prise de conscience autour des nouveaux enjeux d'ordre éminemment socio-économique surtout: l'emploi et la résorption du chômage pour éloigner le spectre de la «harga»; le logement pour une population croissante (qui connaît pourtant un relatif fléchissement du taux de natalité, combien de familles et de couples en attente d'un toit ? ), la construction de barrages et la relance de l'agriculture , notamment dans le grand Sud où la poursuite des chantiers nouveaux axés sur les programmes futurs de remplacement des énergies périssables, est à encourager, ( technologies du solaire, projet Desertec, etc.), les secteurs de la santé et de l'éducation à revaloriser, sans omettre d'autre part l'apport inestimable du tourisme et de la culture plurielle décentralisée, (clubs culturels de quartiers, carrefours inter-villes et inter-wilayate via radios locales, etc., etc.). Bref, il y a actuellement aux cotés de l'ancienne génération des multitudes de jeunes qui pensent autrement, différemment de leurs prédécesseurs et chez qui, par exemple, l'islamisme type radical ne prend plus. Les chercheurs et sociologues (voir les études de Malika Zeghal, Olivier Roy, entre autres) s'en sont rendus compte depuis un bon bout de temps, bien avant les politiciens : c'est « l'islam de marché » avec sa tendance libérale de coexistence pacifiste avec l'autre qui semble prendre désormais de l'ampleur un peu partout à travers les pays musulmans, principalement après les retombées du 11 septembre 2001, - les recours stratégiques Us n'étant pas étrangers à cette conversion. Y compris en Arabie Saoudite confrontée à de sérieux problèmes de schismes évolutifs internes, où une jeune élite formée dans les universités d'occident remet en question le rigorisme du Wahhabisme aujourd'hui de plus en plus contesté par d'anciens partisans même, sans parler des femmes exaspérées montant au créneau). Ces changements et conversions semblent s'opérer un peu partout, encouragés sans doute par les influences du «Printemps arabe», en dépit de certaines désappointements, témoins en sont les échos rapportés sur le cours d'évolution des évènements à travers le monde arabo-maghrébo- musulman dont il lui faut bien qu'il fasse son aggiornamento en ce 21 è siècle des technologies et de l'exploration des espaces sidéraux. La Chrétienté s'est souciée tot de relever ce défi, dès l'époque des réformes amorcés à la Renaissance européenne, et aujourd'hui la démocratie chrétienne se trouve tout à fait en harmonie avec les exigences de l'époque moderne- contemporaine, adoptant ce qui lui convient et laissant ce qui ne lui convient point, dans un parfait esprit de tolérance pacifiste avec l'ensemble des membres parties ?prenantes de la cité communautaire où coexistent des nationaux et étrangers, chacun respectant les droits et libertés de pensée et de cultes de l'autre. Et il semble que les mutations dans la sphère des musulmans à travers l monde est effectif aujourd'hui en référant aux études témoignages de certains chercheurs, dont Malika Zeghal, qui fait cas des « changements dans les cercles en cours de formation dans différents pays et communautés pour prendre le relais de ceux qui jusqu'ici se font les interprètes des musulmans. Ces nouveaux individus empruntent de nouvelles voies : ils se distancient des anciennes images de confrontation ; ils ne regardent plus l'islam comme un conglomérat de rites et de normes ; ils ont tendance à intérioriser l'expérience religieuse en cherchant « l'ennemi » plutôt chez ou à l'intérieur d'eux même ; ils se voient, en tant que musulmans, comme participants aux valeurs universelles, non comme opposants aux valeurs des « autres » ; et, finalement, ils relisent leurs textes religieux d'une façon contextualisée et historicisée. C'est-à-dire qu'ils acceptent, à l'encontre de leurs aïeux salafistes et fondamentalistes, l'histoire et la culture comme des éléments essentiels pour la compréhension de l'islam. Comme le dit M. Zeghal : « L'herméneutique devient le mot d'ordre : le contexte et l'histoire sont importants pour comprendre les textes révélés. » (Cf. Hartmut Fanhndrich « Malika Zeghal, Intellectuels de l'islam contemporain. Nouvelles générations, nouveaux débats», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 123, 2008, pp. 32-201.) // (Archives de sciences sociales des religions, document 148-134, URL : http://assr.revues. org /21689) D'une manière générale, les islamistes sont en train de faire leur mue vers plus d'ouverture ?et pendant ce temps, les tenants de la démocratie chez nous ne cessent d'accroître les distances entre eux, n'entrevoyant presque jamais des possibilités de concertations communes et de constitution de possibles ententes autour d'un front démocratique consensuel, susceptible de représenter un poids de choix dans la balance électorale. Malheureusement, aux approches à grands pas d'un scrutin qui s'annonce d'ores et déjà sous polarisation des islamistes modérés qui ne perdent pas du tout leur temps pour constituer un éventuel bloc unitaire, nos démocrates ,eux, au lieu de s'unir ? du moins provisoirement- sont encore là à conjecturer sur « voter ou pas voter ? , boycotter ou pas ? ». D'accord on peut ne pas disconvenir de ces positions de chacun pour soi ou de boycott pour maints motifs avancés par chaque Parti à son corps défendant, mais quand demain le camp opposé l'emportera largement, il faut savoir se montrer digne et reconnaître honnêtement et démocratiquement la victoire de l'autre. Le camp de ce dernier étant tenu, comme ses adeptes s'y sont engagés d'observer rigoureusement la législation de veiller au respect de l'ordre républicain de la République algérienne démocratique et sociale consigné dans la proclamation historique du 1er novembre 1954. Et dans l'éventualité où les islamistes l'emporteraient, les démocrates se feraient fort, en attendant la prochaine échéance, de tout revoir dans leur camp grinçant, si toutefois il n'est pas encore trop tard pour régir avant ce scrutin de mai prochain qui s'annonce, vraisemblablement, favorable aux islamistes. Si l'on peut se permettre un avis sur cet évènement national, en cas de participation de beaucoup de Partis et de mouvances à ce scrutin de mai 2012, il sera aventureux de donner alors d'avance qui seront les heureux élus du peuple. Il y a plusieurs paramètres qui peuvent entrer en ligne de compte et peser conséquemment lourd sur le décompte de la balance électorale finale. Il ne faut point négliger, pour évoquer un élément en marge d'ordre psychologique qui pourrait intervenir dans ce contexte, car le peuple électeur, au cas où il serait amené à participer au vote de la prochaine Assemblée, pourrait fort, averti de ce qu'il a enduré durant les tragiques et pénibles années, témoigner d'une méfiance compréhensible vis-à-vis des soi-disant démocrates des bureaux et salons, que des islamistes tolérants new ?look ! Pour ainsi dire il peut renvoyer dos à dos démocrates et nationalistes qui ne se préoccupent vraiment de ses besoins cruciaux qu'en cours de périodes électorales, comme il peut témoigner de sa désaffection vis-à-vis d'une mouvance islamiste nationale affichant un visage new- look modéré mais se devant de convaincre ses électrices et électeurs de sa nouvelle stratégie pacifiste et tolérante, sans cachoterie aucune. C'est bien vrai qu'aujourd'hui les attentats sanglants, les Ben Laden, les escapades du Djihad en Afghanistan et en Irak, et l'islam des caves en occident, etc., ne mobilisent plus comme auparavant des émules, mais dans les contrées qui ont vécu des tragédies come l'Algérie, les citoyens gardent certainement capitalisé dans leur for intérieur tout ce qu'ils ont vécu comme drames, oppressions, etc. Et il est fort probable que restant imprévisible , le peuple des électeurs risque de surprendre tout le monde avec ce qu'il décidera de désigner souverainement comme potentiels futurs élus appelés à bien veiller sur les destinées sereines d'un pays qui n'a que trop souffert jusqu'ici? |