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I. l'unification des taux de change à travers l'alignement sur le taux parallèle D'une part, dans les banques, le change est disponible à travers une voie administrative. C'est à dire uniquement, si on répond à certains critères établis par l'Etat. Il faut noter au passage que ces critères répondent à une lutte de clans au sein de l'Etat, et évoluent en fonction du volume des réserves de change et du groupe qui détient le pouvoir. D'autre part, sur le marché libre, le change est disponible sans conditions, si on accepte de payer les taux du marché libre. C'est un taux où ceux qui ont des devises et cherchent le dinar se rencontrent avec ceux qui ont des dinars et cherchent des devises. C'est le vrai marché et où le taux s'équilibre entre offre (les transferts des travailleurs émigrés, la facturation des importations, la contrebande « trabendo », l'apport des touristes étrangers) et demande (représentée par des transferts de capitaux, des payements invisibles, quelques importations illégales, surtout de consommation) alors, les réserves de l'Etat n'auront qu'une relative influence sur le taux libre du marché. Cette influence sera exercée, quand les conditions d'obtention des devises chez l'Etat évoluent. Si l'Etat manque de devises, il va restreindre sévèrement les conditions. Dans ce cas une partie de la demande des devises, non satisfaite va s'orienter vers le marché ou l'offre des devises est fixe. La demande va augmenter alors, provoquant par la même, une hausse des taux. L'inverse est vrai. Une étude récente du FMI a montré que le taux de change réel varie avec les prix des produits de base pour les pays à «monnaie -marchandise» (Cashin, 20031). En un mot, les taux de change des pays en développement exportateurs de produits de base sont liés aux aléas des marchés de ces produits. Par contre, pour les pays développés, cette étude a aussi montré qu'il n'existe pas de relation entre certaines variables fondamentales, comme les dépenses de l'Etat, les déséquilibres du compte des transactions courantes, les écarts de productivité et de taux d'intérêt ainsi que les fluctuations des taux de change. L'accès à la devise, (et aussi aux crédits bancaires car, le même problème se pose pour l'accès aux crédits bancaires) sera alors, ouvert et non sélectif. Celui qui aura besoin des devises va acheter librement. La demande spéculative va se réduire et le taux du marché va alors, commencer à baisser. Un contrôle de change strict abouti généralement à l'émergence d'un taux de change parallèle. 0.0.1 - La politique du taux de change surévalué 0.0.1.1 - Obstacles politiques L'économie Algérienne est décrite (Byrd, 20032), comme « une économie dirigiste, à l'évidence plutôt mal administrée ». Dans un rapport du FMI (Abed, 20033), les raisons suivantes ont été citées pour expliquer le retard du développement de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MOAN), qui totalise près de 500 millions : 1. Les lignes de démarcation entre secteur public et secteur privé sont souvent floues, ce qui encourage les conflits d'intérêts, la recherche de rentes et la corruption 2. Les pouvoirs publics ne sont pas suffisamment transparents et sont rarement jugés de leur action. 3. Les organisations de la société civile (associations professionnelles, médias libres et indépendants, organisations non gouvernementales autonomes) sont faibles et souvent affiliés aux pouvoirs publics. 4. Dans ces conditions, la participation des citoyens et l'initiative du secteur privé reste limités. 5. Les institutions modernes nécessaires pour surmonter ces handicaps, tels que parlements librement élus, pouvoir judiciaire compétent et indépendant, institutions qui protègent les droits civils et les droits de l'homme, sont faibles et sous-développées Effectivement, le comportement de rente qui consiste à prendre des décisions beaucoup plus politiques, et qui ne mettent pas en cause la structure de distribution de revenu, est un réflexe qui caractérise beaucoup les économies rentières. Le pouvoir politique est sous pression, pour distribuer la richesse et non pour la créer. C'est la seule explication de certaines incohérences économiques et dysfonctionnements flagrants. Ces incohérences se sont accentuées, durant la période de transition et persistent toujours. Les objectifs politiques et économiques, non seulement ne reflètent pas les besoins de la société, mais sont peu ou mal perçus et incompris .Ce qui aboutit à un manque d'adhésion et peu de succès. Par exemple, bien que l'objectif depuis 1986, demeure la privatisation des entreprises publiques et l'utilisation du marché pour allouer les ressources rares, il est difficile d'admettre, vingt ans après, que cet objectif a été atteint. 0.0.1.2 Confrontation Etat - Marché Cependant, il semble que l'un des facteurs ayant le plus contribué à l'échec de la relance économique, suite à la politique des dévaluations massives des années 90, est lié au fait qu'il y a actuellement deux économies qui s'affrontent, l'une représentée par l'Etat, avec ses mécanismes et sa politique disposant d'une rente pour tenter d'imposer sa logique au marché, et de l'autre côté il y a la logique du marché et de la réalité. C'est l'existence même de ce style de prise de décision, basé sur des informations, en partie cachées au grand public (seuls les initiés à l'intérieur de l'édifice bureaucratique, disposent de l'information et souvent l'utilisent de manière légale pour leur intérêt personnel) et donc au marché, qui crée une fragmentation et une scission dans l'économie. Par exemple, la convertibilité partielle pour certaines catégories de la société (malades et étudiants)4 existe légalement, mais c'est seulement certaines couches mieux informées car, disposant de liens, sont susceptibles d'en bénéficier. On peut supposer, que ce manque de communication entre l'Etat et la société (donc toujours l'exclusion de la concurrence et donc du marché), est voulu à dessein. En effet, le pouvoir n'est pas homogène, et certains clans influent pour que de telles mesures, soient prises en « cachette ». Si on possède des connaissances, on est introduit et on bénéficie des mesures légales de l'Etat. Ceci est vrai, aussi pour les crédits, mais aussi pour nombre d'autres biens administrés et/ou propriété de l'Etat, tel que le foncier, les logements sociaux, etc. Il semble que la source du problème de communication entre l'Etat et ses concitoyens réside dans la rétention de l'information, pour des dessins particuliers propres à la bureaucratie. C'est la bureaucratie (elle-même divisée et organisée au sein des administrations et des entreprises publiques et fragmentées par niveau fonctionnel) qui bloque et filtre l'information, afin d'en faire bénéficier sa sphère d'influence. Ce qui crée un dysfonctionnement. Ceci exclut le marché et par là, réduit l'impact des mesures décidées en haut lieu, par l'Etat sous pression du marché et relayé par le citoyen et la société civile, quand elle existe. Parfois entre le moment où les mesures sont « clandestinement » appliquées et au moment où tout le monde est au courant, il se passe un délai ou les initiés se servent à moindre concurrence. Quand il ne reste plus rien (cas des lots de terrain par exemple) ou quand la décision montre des incohérences, et qu'elle est abandonnée alors, l'information est normalement diffusée pour montrer que le travail est fait. Cette situation crée une impression d'une autre économie. Ce qui crée d'autres barrières à l'investissement local et étranger (mesures discriminatoires et protectrices non visibles, mais sous jacentes au système et préjudiciable à la compétitivité du pays). Dans un rapport de la Banque Mondiale, l'Algérie (Banque Mondiale, 20055) se place à la 128e place au classement mondial, où la pratique des affaires est plus facile. A titre de comparaison l'Algérie est derrière la Mauritanie (au 127e rang), devancée par la Tunisie et le Maroc classés respectivement à la 58e et 102e position. _La pratique des affaires en 2006", relève qu'en Algérie, le démarrage d'une entreprise nouvelle, requiert 14 procédures, un délai de 26 jours, 25,3% du revenu par habitant et un capital minimal représentant 55,1% du revenu par habitant alors, qu'au Maroc et en Tunisie le nombre de procédures est respectivement seulement de 5 et 9 alors, que le délai pour lancer son affaire n'est que de 11 jours pour le Maroc et 14 jours pour la Tunisie (2 jours pour l'Australie). Le coût global d'enregistrement en Algérie est estimé à 9% du capital de l'entreprise. La Banque mondiale soutient qu'il faudrait 51 jours, 8 documents et 12 signatures pour importer un produit en Algérie. À l'exportation le délai est de 29 jours et nécessite 8 documents et 8 signatures. En matière de fiscalité, le rapport relève, qu'en Algérie, payer toutes les taxes coûterait à une entreprise 58,5% de ses bénéfices bruts. Le fait que l'Afrique soit le continent le plus pauvre du monde malgré ses richesses naturelles, parce que possédant l'environnement le plus compliqué, et le plus inamical, montre à quel point le conflit entre le marché et l'Etat est préjudiciable au développement. Ceci explique en partie pourquoi en Algérie, le financement des investissements, surtout des PME/PMI, demeure toujours faible, voire en régression par rapport aux années précédentes alors, que la surliquidité bancaire reste un problème (1000 milliards de dinars se trouvent dans le système bancaire sans emploi). Tout ceci montre qu'il faut débureaucratiser (donc plus de marché) la société. La prospérité et les équilibres macro économiques de l'heure actuelle, reposent sur une rente et sont donc trompeurs, dans la mesure où leur durée risque d'être une illusion. C'est la rente qui subventionne la maintenance et la poursuite d'une politique économique. Elle hypothèque aussi l'avenir et pervertis la population, à travers des transferts de revenus. Ces transferts sont non seulement injustes, mais ils découragent et hypothèquent aussi le développement. L'utilisation de l'accroissement de la rente, pour augmenter les investissements de l'Etat, dans l'amélioration de l'infrastructure est un objectif en soi louable. Cependant, l'état d'esprit qui existe dans le secteur public et les administrations (la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs et le manque d'équipement les a démobilisés et leur a donné une autre mentalité différente de l'abnégation et de la fidélité) risque d'aboutir à beaucoup de gaspillage. En effet, pour Goumeziane (Goumeziane, 19946) « La machine administrative Algérienne est bloquée; les textes peuvent changer, l'état d'esprit de la population reste le même ». Le même auteur ajoute que même si les règles bureaucratiques ont disparus, l'état d'esprit bureaucratique est resté. Le modèle algérien a utilisé la rente comme source exclusive de développement. Cet état de fait, qu'il appelle la malédiction de la rente, a aussi engendré la corruption. Pour cet auteur, le mécanisme qui a permis la transformation de la rente est l'existence du monopole étatique du commerce extérieur. Celui-ci a encouragé la mainmise d'une poignée de dignitaire sur les marchés. Les commissions sont réglées au plus haut niveau. Il montre que malgré les appels d'offre, la concurrence ne fonctionne jamais. Cette économie de rente a empêché la naissance d'un véritable tissu industriel. Pour maximiser les commissions il fallait maintenir le volume des importations haut, et donc créer des blocages dans la production locale. Un climat, qui non seulement ne favorise pas l'efficacité et l'innovation, mais qui crée aussi des situations de blocage, de détournement, et de corruption. Ce climat n'est pas favorable à la réalisation de ces projets. Il faut éliminer les obstacles (localisés surtout au niveau de la mentalité de la société) à la libéralisation de la société. Le risque de voir ces projets prendre du retard et/ coûter beaucoup plus cher est grand. Le choix des projets et leur qualité va aussi risquer de ne pas être optimum. En un mot, faire des investissements colossaux avec l'état d'esprit et les structures actuelles, risque non seulement de ne pas aboutir, mais d'être catastrophique. Les ressources énormes de financement qui existent depuis plus de cinq années, et qui attendent qu'une stratégie soit fixée risquent aussi d'être gaspillées, si le problème de la création d'une nouvelle économie basée sur une autre approche de l'homme, n'est pas résolue. 0.0.2- Mésalignement L'économie politique ne peut pas être isolée de la manière dont est conçue la société car, c'est avant tout l'existence de la société qui détermine l'existence d'une économie politique. Pour cela, il faut s'aligner sur le taux du marché parallèle. Une étude récente7 a montré le degré de mésalignement (Dans ce travail, on appellera mésalignement, l'écart entre le taux de change observé et le taux de change d'équilibre) pour le cas de l'Algérie l'écart est positif, donc c'est une surévaluation du taux de change officiel, par rapport à la réalité des prix (l'exemple ici concerne les monnaies européennes) comme le montre le tableau ci dessous. Ce tableau montre aussi, que dans la période 1990-1997, l'Algérie possédait la monnaie la plus surévaluée, par rapport à ses voisins le Maroc et la Tunisie. Le Maroc, possède un taux officiel sous évalué par rapport à la réalité. Il faut remarquer aussi, que l'Algérie durant la période 1970-1980, avait une monnaie sous évaluée, par rapport au taux de change réel. On remarque aussi, que le taux de change parallèle, est plus proche du taux de change réel, que le taux officiel. Les autorités monétaires doivent prendre en compte cette considération, pour un meilleur alignement des prix avec la réalité. Le Dinar surévalué est en train de causer beaucoup de tort à l'économie nationale. IL est très dangereux de penser que la surévaluation artificielle du dinar va entraîner une baisse des prix. Les prix obéissent à la seule loi de l'offre et de la demande. Aux lieux d'aller à contre-courant de cette loi et de payer un prix lourd ; il faut agir sur les facteurs qui influencent cette loi. Même les pays développés (sauf le Royaume-Uni en 2004) pratiquent des taux sous évalués par rapport au dollar comme le montre le tableau ci-dessus. Si on veut continuer à dépendre de la rente et laisser le syndrome hollandais, tuer peu à peu l'économie hors hydrocarbures ; alors, il faut continuer à aller à contre sens du marché et fixer autant de prix (y compris le taux de change) que la rente le permet. Sur le court terme cette politique semble moins dure pour le consommateur alors, qu'en réalité elle détruit l'économie, en éliminant les valeurs travail et en l'orientant vers la chasse aux privilèges et à la confection de dossiers administratifs. La question des désajustements de change préoccupe beaucoup de PVD. Plusieurs auteurs pensent que les mauvaises performances économiques ainsi, que les déséquilibres macroéconomiques et même les crises de change, sont dues en grande partie à ce phénomène. En retenant comme cadre théorique le « taux de change d'équilibre fondamental » de Williamson8, Le taux de change d'équilibre fondamental, est défini comme le taux de change, permettant d'atteindre simultanément l'équilibre externe (correspondant à une balance courante soutenable) et l'équilibre interne (c'est-à-dire la pleine utilisation du potentiel productif). Dans les pays sous-développés, le mésalignement prend généralement la forme d'une surévaluation de la monnaie locale. Dans une étude récente portant le marché des changes parallèle en Algérie9 et son évolution, il a été démontré que le taux de change parallèle est plus proche de la réalité que le taux de change officiel. Cette étude recommande aux autorités monétaires Algériennes, de prendre en compte ces données, pour essayer de trouver un taux de change approprié, pour une éventuelle dévaluation du dinar ou pour atteindre une convertibilité favorable au commerce extérieur Algérien. (Tableau 3) Le tableau 3 montre que jusque vers la fin des années soixante dix, le taux du Dinar officiel était proche de la réalité. Par contre depuis le début des années quatre vingt jusqu'à 2005, le mésalignement par rapport à la réalité est préjudiciable à l'économie, de telle sorte que le Dinar officiel est amplement surévalué. 0.0.3- Bienfaits d'un taux de change sous évalué Les entreprises déjà installées vont voir leur compétitivité renforcée, et leur part de marché, par rapport à leurs concurrents étrangers, va s'améliorer sur le court terme, à condition de maîtriser l'inflation, surtout les salaires, sinon les prix en augmentant, vont annuler au fur et à mesure les effets de la dévaluation. Au bout d'une période plus ou moins longue, on va aboutir au même équilibre, mais avec des prix nominaux plus hauts. De plus, la politique des taux et les dévaluations monétaires peuvent inciter les résidents algériens à l'étranger à transférer leurs avoirs en Algérie, soit pour y investir, soit pour les placer. Certaines entreprises sous perfusion peuvent disparaître. Le contribuable, qui l'entretien, y gagne. En conséquence, la politique des taux de change et la politique des dévaluations sous certaines conditions offrent des opportunités qui peuvent être saisies. Des taux de change surévalués, ont toujours été associés à l'économie administrée, où le marché est ignoré, et où l'offre est toujours moins que la demande, avec les conséquences que l'on peut imaginer (Chaînes d'attente, pénurie, corruption, marché noir, retard dans les projets, économie informelle importante, bureaucratie, productivité du travail moindre, manque de cohésion sociale et dictature). Le résultat a toujours été le sous développement, même dans les économies hautement centralisées tel que les pays de l'Est, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Par contre des taux de change sous évalués, ont caractérisé surtout les pays du sud-est asiatique, l'Inde et la Chine. Jusqu'à présent les pays développés exigent de ces pays, la réévaluation de leur monnaie. La réévaluation du dinar, en relation avec l'importance des réserves de change, afin d'aboutir à la baisse des prix et d'augmenter le pouvoir d'achat des salariés pourrait être envisagée. En effet, elle pourrait entraîner plus de motivation de la part de la main d'oeuvre (avec la baisse des prix qui va résulter) et donc et plus de développement. Au contraire, une mesure pareille pourrait créer plus de disfonctionnement, si le différentiel avec le marché parallèle augmente. Ceci pourrait engendrer une distorsion des prix et détruire encore des pans entiers de l'économie. Cependant, si le différentiel baisse ou disparaît alors, la source de la contradiction tendra alors, à disparaître. L'essentiel est d'éliminer le différentiel entre le parallèle et l'officiel. Pour le FMI (Sorsa, 199910), le Dinar actuel est effectivement surévalué. Cependant, dans cette étude, il n'est pas fait mention de la différence entre le taux officiel et le taux du marché parallèle, qui lui, est moins élevé que l'officiel, donc plus proche de la réalité. (Implicitement, selon l'auteur même celui du marché parallèle est surévalué), suite à la présence des hydrocarbures. L'auteur (Sorsa, 199911) oublie qu'il y a d'autres forces, qui jouent aussi en faveur de la dépréciation de la monnaie nationale. Parmi ces facteurs on peut citer la présence d'un secteur public déficitaire, une efficience des institutions de l'Etat, l'inexistence d'un secteur hors hydrocarbures non performants, etc. Dans tous les pays il y a des facteurs qui concourent à apprécier une monnaie et d'autres facteurs qui agissent à l'opposé. Seul le marché est en mesure de donner à un moment précis, le résultat des deux résultantes des forces qui concourent, soit à sa dépréciation, soit à son appréciation. L'auteur de cette étude, a même envisagé la possibilité d'une dévaluation. Cependant, cette éventualité est rejetée sous prétexte, que ceci va aboutir à un déséquilibre macroéconomique et va poser des problèmes pour la gestion de l'économie, tout en n'ayant aucun résultat sur le long terme. Cette affirmation contredit l'expérience de plusieurs pays, ainsi que toute la théorie économique. Cette étude propose en échange une totale libéralisation du commerce. Cependant, cette mesure ne peut pas totalement être atteinte, si les prix ne représentent pas l'information réelle, quant à la rareté du produit. De plus la diversité de l'économie ne peut pas être encouragée avec des taux de change officiellement surévalués par rapport au marché. La réduction de la protection de l'économie nationale, se fait grâce à la fixation de taux de change supérieur au marché parallèle. Persister à garder ce taux surévalué, tout en baissant davantage la protection de l'économie, va conduire à décourager davantage les exportations hors hydrocarbures, et à détruire l'économie. 0.0.4- Persistance des prix administrés Ne jamais affronter de face la loi de la valeur et fixer des prix en contradiction avec ceux du marché, est une démarche que les Etats acceptent. L'Etat peut influencer le marché, afin d'atteindre ses objectifs, non pas en pratiquant des prix différents de la réalité car, tous ses moyens seront épuisés avant d'avoir les résultats escomptés, mais en contournant et en influençant la loi du marché. De plus l'adhésion à l'O.M.C., exige de changer le système de fixation de certains prix de produits « chasse gardée » de l'Etat et de se désengager peu à peu de l'économie, au profit de plus de contrôle et de régulation. La politique des prix pour certains produits « administrés » par exemple tel que le foncier, les soins médicaux, l'enseignement, etc. entraînent une situation qui conduit dans la plupart des cas à la corruption. 0.0.5 Différentiel entre le taux de change officiel et le taux parallèle Le différentiel entre le taux de change officiel et le taux parallèle a toujours existé. La légalisation des comptes devise pour les résidant ainsi que la convertibilité limitée du dinar, ont contribué chaque fois à annuler les effets de la dévaluation. En effet, L'Algérie applique une gestion administrée en matière de transactions financières internationales. La convertibilité partielle du dinar algérien, le contrôle des changes et le suivi par la Banque d'Algérie de l'ensemble des opérations financières, effectuées par les institutions bancaires publiques ou privées, montrent clairement qu'il y a une gestion administrée du taux de change. Cependant, La fixation d'une manière administrative, du taux de change s'avère être une opération très dangereuse, dans la mesure où on détermine le comportement d'un ensemble d'agents économiques. Cette politique inspire aussi, l'articulation de l'économie nationale avec le reste du monde. Si le taux de change est fixé administrativement, il risque de se trouver éloigné de la réalité (différentiel entre prix parallèle et prix officiel assez substantiel) et peut aboutir à des comportements incohérents de la part des agents économiques. Ces comportements vont aboutir à des utilisations non rationnelles des ressources. Quand la monnaie nationale est surévaluée, la tendance est de consommer les produits importés (à condition qu'il n'existe aucune restriction et des barrières douanières peu élevées concernant les importations, et ceci risque d'être le cas, avec l'adhésion à l'O.M.C.) et de délaisser la production nationale. La conséquence sur les perspectives de développement est négative, dans la mesure où des pans entiers de la production nationale risquent de disparaître. Toutes les expériences des pays nouvellement industrialisés, montrent que le taux de change a toujours été sous évalué. Cette politique a protégé et favorisé l'émergence d'une industrie compétitive, encouragé les exportations et découragé les importations. Ceci a permis de dégager parfois des surplus au niveau de la balance des payements. La politique de fixation administrative du taux de change, doit correspondre avec la restriction des importations et la promotion des exportations. Il s'avère incohérent de libéraliser le commerce extérieur, tout en fixant administrativement le taux de change. Cette politique aboutit à l'encouragement des importations et à donner un plus, aux entreprises spécialisées dans les importations. En effet, le prix de vente d'équilibre dans le marché est le résultat de l'offre et de la demande. Par conséquent, la vente des produits importés obéit à la loi de marché. La fixation d'un taux de change surévalué, aboutira à donner une prime additionnelle à toute entreprise importatrice. Ceci se traduit par un grand différentiel entre le prix domestique et le prix étranger pour certains produits. Voila pourquoi les importateurs font toujours des super profits. Dans ce cadre, vers la fin des années 2000, plusieurs entreprises (par exemple l'industrie du plastique), ont orienté leur activité vers l'importation et la vente de produits plastiques au lieu de les fabriquer localement avec leurs propres équipements. Malgré le fait que le coût de l'énergie et de la main d'_uvre (deux composantes assez substantielles des coûts de production), sont nettement moins élevés en Algérie, il s'est avéré beaucoup plus rentable de les importer que de les produire du fait de la surévaluation du taux de change et ce malgré les dévaluations successives. Ce tableau montre que le transfert financier par le biais officiel des Algériens établis à l'étranger, est bien moindre, par rapport à la réalité. Non seulement le transfert est réduit, mais il tend aussi à baisser davantage. Ce transfert est constitué de pensions pour les Algériens établis en Algérie, et qui n'ont pas la possibilité de se déplacer. Autrement il aurait été plus profitable pour eux d'échanger leurs devises sur le marché parallèle et gagner une prime substantielle qui dépasse les 10%. Si cette prime va se réduire, on va assister à un transfert vers les canaux officiels et ceci sera bénéfique pour l'économie en général. Si en parallèle l'Etat commençait à accélérer la vente de ses biens alors, la demande du dinar va s'accentuer, et faire baisser davantage les taux de change à un taux, qui pourrait probablement être inférieur au présent taux. Ceci pourrait stimuler les exportations hors hydrocarbures si en parallèle d'autres mesures requises, afin d'encourager le secteur privé sont prises. De plus, La libéralisation des mouvements de capitaux dans un pays en développement provoque un afflux massif de capitaux et une appréciation réelle de sa monnaie, qui peut l'induire en perte de compétitivité (Edwards, 198912) L'effet de Balassa- Samuelson (seule explication de l'appréciation des monnaies de l'Europe de l'Est et du Centre) (Fischer, 200213) et pour l'Asie (Ito, 199714) prévoit, que la monnaie locale tend à s'apprécier avec le temps au fur et à mesure que les taux de croissance augmentent. Ce phénomène s'explique par le fait que les prix des produits échangeables baissent, au fur et à mesure que la productivité dans ce secteur augmente. Pour faire face à ce phénomène les prix de biens non échangeables augmentent entraînant une appréciation de la monnaie locale. Cette appréciation peut aussi être générée par la rente (Syndrome hollandais), un afflux important de capitaux et bien d'autres phénomènes. Le risque de dépréciation du Dinar suite à l'alignement du taux officiel au taux du marché, est bien moindre à la lumière de ce qui précède, mais aussi à la lumière de l'expérience des pays qui ont aligné leur monnaie sur le marché parallèle (pays de l'ex. bloc soviétique) et qui ont vu leurs monnaies s'apprécier. L'aspect psychique et surtout politique pourrait avoir une importance capitale sur l'économie, et les gouvernants vont s'attacher à mieux gérer l'économie. En effet, plus de transparence et de justice vont renforcer le Dinar. A l'inverse, plus d'arbitraire et moins de démocraties, vont affaiblir le Dinar et ceci va se répercuter sur le reste de l'économie. Ce processus, va générer une pression pour optimiser le système et accentuer son amélioration. Ainsi le marché va sanctionner ou récompenser les gouvernants. Le retour au marché comme étant une référence primordiale de bonne gouvernance, peut avoir de bonnes retombées sur la maîtrise de l'économie et sur la croissance. C'est la transparence dans la gestion et le retour au marché qui peut éliminer l'informel. Le retour au marché comme une référence de prise de décision, de façon graduelle, peut alors, changer le comportement des agents économique et enclencher un nouveau processus. 0.0.5.1- Les effets négatifs d'un taux de change surévalué Si le taux de change d'un pays est surévalué pendant une longue période alors, les importations seront moins chères et les exportations seront plus chères. Ceci va rendre les exportations moins faciles, pour les opérateurs nationaux. La compétitivité de l'économie nationale sera amoindrie. L'appareil productif des biens échangeables risque d'être soumis à une rude concurrence. La situation va encore empirer, si la libre convertibilité n'existe pas. Les deux aspects cités, à savoir la surévaluation et la non-convertibilité, vont pousser les opérateurs à orienter leur activité vers les opérations d'importation au détriment de la production nationale. De plus une monnaie surévaluée décourage les investissements étrangers (qui peuvent créer une dynamique nouvelle à travers les entraînements sur la sous-traitance locale) à la fois au niveau du transfert, mais aussi au niveau de la productivité du travail qui risque d'être moins compétitive. En rendant aussi, les biens alimentaires produits localement moins compétitifs, l'autosuffisance alimentaire15, risque de disparaître à long terme. L'agriculture qui doit en principe, financer les projets de développement, à travers des prix bas, pour assurer le renouvellement de la force de travail, ne sera pas en mesure de jouer son rôle. En effet, Si le taux de change est surévalué les importations agricoles, (qui sont souvent subventionnés par les pays riches), vont diminuer les incitations à investir dans l'agriculture et augmenter l'exode rural. Ce phénomène a déjà commencé avec l'importation de viande congelée et fraîche (doublement subventionnée à travers des aides publiques ouvertes et en contradictions des règlements de l'O.M.C. et aussi à travers des taux de change sous évalué) nos éleveurs ne peuvent plus résister. Dévaluation et subvention pour la mise à niveau, et encourager certains secteurs prioritaires (agriculture, secteurs à forte valeur ajoutée en énergie et en pétrochimie par exemple) doivent aller de pair pour sortir de la dépendance des hydrocarbures. Une dévaluation importante, renchérit le coût des importations et permet de protéger l'industrie locale. L'adhésion à l'O.M.C. et à la CEE va déprotéger la production locale, et si le Dinar est surévalué, ceci va non seulement accentuer le déclin, mais va aussi décourager les investissements à la fois locaux et étrangers. Cette adhésion pourrait être bénéfique, si en même temps l'économie nationale est protégée, à travers une monnaie nationale non surévaluée. Le cas des stratégies des taux de change des PNI, qui ont réussi à augmenter les exportations sur les deux dernières décennies, à l'aide de taux de change sous évalués peut nous aider à comprendre l'intérêt et l'importance de cet aspect. 0.0.5.2- Les stratégies de taux de change sous évalués des pays asiatiques En conclusion on peut dire que l'Algérie doit au moins s'aligner sur le taux parallèle, ou au mieux fixer un taux de dinar surévalué. En effet,1 La monnaie dévaluée est une subvention cachée que les pays émergeant surtout la Chine (la sous-évaluation du Yuan), sont en train d'utiliser dans leur lutte avec les firmes occidentales et Japonaises. En effet, dans une étude du ministère de l'Economie et des Finances et de l'Industrie en France en mai 2005 8Carton, 200516), il est noté que Le yen, serait sous-évalué par rapport à l'ensemble des monnaies (d'environ 20% en 2004) et fortement par rapport au dollar. De même, les autres monnaies asiatiques seraient sous-évaluées, entre 20% et 30% en termes effectifs réels et de l'ordre de 50% par rapport au dollar. Le tableau ci-dessous donne une idée de la pratique de monnaies sous évaluées qui est généralisée à l'Asie. Les pays européens possèdent par rapport à l'Asie des monnaies surévaluées. Cependant, ces pays restent compétitifs dans des technologies de pointe et où la concurrence est rare (Airbus, tourisme, Services etc.), mais perdent du terrain sur les autres secteurs économiques (industrie, textile, automobile, électronique etc.) REFERENCES: 1- Cashin Paul, Luis Céspedes et Ratna Sahay in Finances & Développement mars 2003 Les monnaies marchandises 2- William C. Byrd in CONFLUENCES Méditerranée - N°45 PRINTEMPS 2003 Algérie ? Contre- Performances Economiques et Fragilité Institutionnelle 3- Abed George T. » Croissance et mondialisation : pourquoi la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est à la traîne » Finances & Développement mars 2003 4- La convertibilité commerciale du dinar, a été entamée en 1991 n'est ni réellement pratique en 1994 au même moment que la libéralisation des paiements au titre des importations. En octobre 1994, la convertibilité commerciale a été appuyée par la mise en place du fixing pour la détermination du taux de change en fonction de l'offre et de la demande sur le marché des changes. La seconde étape, dans le processus de convertibilité courante du dinar a été entamée en juin 1995, avec l'autorisation des dépenses de santé et d'éducation. Ces dépenses, dites « transactions courantes invisibles » sont autorisées sur pièces justificatives et dans la limite des montants annuels. Le 21 août 1997 davantage à autoriser les dépenses pour voyage à l'étranger des nations. Ainsi le dinar est convertible uniquement pour les besoins de paiement ou de transfert afférents à des transactions courantes et n'est pas convertibles pour le transfert de capitaux. 5- «Banque Mondiale « La Pratique des affaires en 2006 - Les réformes sont synonymes de plus d'emplois » September 2005 by World Bank 6- Goumeziane S. »Le mal algérien »1994 Paris: Fayard, 1994. 7- Aderrazak. BENHABIB, BENBOUZIANE M., ZIANI Marché de Change Informel et Mésalignement : Le cas du Dinar Algérien Faculté des Sciences économiques et de gestion.Université de Tlemcen 8- L'approche, développée par Williamson, consistant à déterminer les valeurs des taux de change bilatéraux et effectifs qui permettent d'atteindre un équilibre entre les flux nets de capitaux et les besoins de financement des différentes économies - équilibre exprimé sous la forme d'une cible de balance courante. 9- Aderrazak. Benhabib, Benbouziane M., Ziani T « Marché de Change Informel et Mésalignement :Le cas du Dinar Algérien ».Faculté des Sciences économiques et de gestion.Université de Tlemcen 10- Pirita Sorsa IMF Working Paper WP/99/49 Algeria-The Real Exchange Rate, Export diversification and Trade Protection Avril 1999 11- Pirita Sorsa IMF Working Paper opt.cit. 12- Edwards, Sebastian, 1989. «Exchange Rate Misalignment in Developing Countries,» World Bank Research Observer, Oxford University Press, vol. 4(1), pages 3-21 13- Fischer Christoph _Real currency appreciation in accession countries:Balassa-Samuelson and investment demand _Discussion paper 19/02 Economic Research Centre of the Deutsche Bundesbank July 2002 14- Ito Takatoshi _Economic growth and the real exchange rate: an overview of the Balassa-Samuelson hypothesis» in Asia; Isard, P.; Symansky, S. / National Bureau of Economic Research (NBER) , 1997 15- L'indépendance alimentaire est une notion qui est en train d'être abandonnée avec la mondialisation et l'accélération de l'intégration régionale. 16- CARTON Benjamin Karine HERVÉ Nadia TERFOUS in Diagnostics Prévisions et Analyses Économiques N° 72 - Mai 2005 « Interventions de change asiatiques et taux de change d'équilibre » |