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Le MSN, aujourd'hui, c'est l'exclusion de Hassiba Boulmerka, Saïd Guerni et de Hamed de l'Assemblée générale élective de la Fédération algérienne d'Athlétisme. La mort des icônes Cette exclusion exprime non seulement l'énormité d'un scandale sans précédent, mais aussi la perversion des valeurs dans un mouvement sportif national qui n'appartient plus, pour l'essentiel, à ceux qui le font : les sportifs et leurs entraîneurs. Et face à cette supercherie, à ce déni de droit - puisque leur place au sein d'une AG, est un droit acquis à la force du jarret et de bien d'autres sacrifices, comme, pour Hassiba Boulmerka avoir bravé, pour l'amour de son sport et de son pays, menaces et condamnations - face à ce manque de respect manifeste, personne ne dit mot, personne ne proteste ! Pas même les membres d'une assemblée générale souveraine, enfin, que l'on croyait souveraine. C'est ainsi que toutes les valeurs sont piétinées et leurs icones aussi. C'est ainsi que les sociétés qui vivent sans valeurs ni principes, finissent par péricliter et sombrer immanquablement. Et c'est ce qui est en train d' advenir du MSN. Le MSN, aujourd'hui, c'est l'irrémédiable division provoquée, au sein de la fédération de judo, par une élection de dupes, ayant terrassé quinze années du travail accompli par le président Meridja qui, après avoir été un judoka de haut vol, a marqué son passage à la tête de la FAJ par deux indicateurs de taille : 165.000 licenciés et deux médailles olympiques, les seules remportées par tout le MSN. Le président Meridja a été éconduit sans ménagement ni remerciement. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui, reconnaissance, au sein d'un MSN qui n'appartient plus à celles et ceux qui le produisent ! Un face-à-face houleux Le MSN, aujourd'hui, c'est, comme l'a écrit Hamid Oussedik dans sa riche contribution, parue dans El Watan, un monde « qui devrait bannir définitivement certaines méthodes telles que le manque de concertation, la prime à la cooptation et au clientélisme, source de médiocrité et de dérives ». Bien au contraire, ces méthodes et ces pratiques continuent à prévaloir sous prétexte d'assainissement. Elles font rage de plus belle en cette période controversée de renouvellement des instances sportives, en provoquant fractures, rancoeurs et inimitiés qui laisseront des traces et dont le MSN mettra bien du temps à se relever. Il est bien sûr légitime, qu'après la période des errements provoqués, tant par un changement de cap dans la gouvernance du MSN après octobre 88, que par les néfastes effets de la double décennie de noirs aveuglements, l'Etat veuille rétablir la place qui fut et devrait être la sienne au sein du MSN. Dès la fin des jeux Olympiques, nous avons assisté à un face-à-face houleux entre les Fédérations sportives nationales, le Comité Olympique algérien et le ministère de la Jeunesse et des Sports soucieux de rétablir l'Etat, comme centre d'impulsion et de régulation du MSN. Car tel est l'enjeu central pour le MJS, dans un « mano a mano » de mauvais aloi, où les perdants sont connus d'avance, compte tenu de la nature de la gouvernance dans notre pays. Pratiques et méthodes révolues, ou la fin d'un système L'instrument de cette prise de pouvoir total sur le MSN, est un texte, le fameux décret qui instaure deux verrous incontournables, contraires au principe «d'autonomie de l'activité fédérale » et en contradiction avec la Constitution, ancienne et nouvelle version, et la loi 04.10 du 14 août 2004, nouveau cadre d'organisation de l'Education physique et des Sports. Le premier, relatif à la composition d'une assemblée générale, dont le tiers serait constitué « d'experts » désignés par le MJS, et le second, limitant à un, le nombre de mandats auquel un président de fédération aurait pu prétendre. Ce qui ne laisse pas de surprendre lorsque l'on sait pourquoi et comment la Constitution fut dernièrement modifiée. Deux mesures conçues pour éliminer tous ceux accusés, à tort ou à raison, d'avoir failli. On jette ainsi dans le même sac et l'on confond dans le même opprobre les bons et les mauvais sujets. Pour justifier cette grande lessive, il est pris prétexte de la mauvaise gestion au sein de certaines fédérations et des mauvais résultats obtenus aux jeux Olympiques. Des commissions de choix des candidats ont travaillé « au karcher » comme l'ont dit certains dirigeants ulcérés par les méthodes d'un temps révolu. Ces pratiques affaiblissant sans conteste le processus démocratique puisque ce sont ces commissions-couperets qui font le travail des assemblées générales, en s'y substituant. «On se serait cru au temps du parti unique où les commissions de candidatures présentaient aux choix des citoyens trois candidats pour faire démocratique, apprécie avec humour un dirigeant sportif. Dans certaines fédérations, la « karchérisation » a été poussée si loin, qu'il ne restait plus en lice, qu'un seul candidat. Ce sont les listes d'experts - quel bel euphémisme pour parler de gens tout simplement désignés - qui ont donné lieu à toutes sortes de contestations et de commentaires acerbes ou résignés. On cite le cas d'un vaguemestre élevé à la dignité d'expert par le bon vouloir de ces fameuses commissions. Ces listes, faut-il donc le préciser, ont servi d'alibi, pour y glisser, sous l'habit de « l'expertise », les futurs présidents de fédération qui n'étaient pas régulièrement membres de l'Assemblée générale élective. La voix des fédérations ignorées Par ailleurs, rappelons que selon les nouvelles procédures, les présidents de fédérations devaient soumettre au jugement de commissions « idoines » des listes d'experts. Beaucoup de listes ont été tout simplement ignorées, comme en judo, où, sur les 32 noms proposés par la FAJ, pas un seul ne fut retenu. En outre, le journaliste du quotidien l'Expression signale qu'à la fédération d'escrime, le quota des désignés est passé de 30 % à plus de 50 %, et que seulement 20 membres, dont 11 désignés, ont assisté à cette parodie d'AG, « convoquée par l'administration du MJS », selon la lettre de Me Nadira Salhi, présidente de la FAE. De quel droit, si l'on se réfère au principe d'autonomie évoqué plus haut dans un document du MJS ? Devant de pareils dépassements des questions sont agitées ici ou là, par les dirigeants offusqués du MSN qui n'ont pas encore quitté le navire. A qui incombe donc la responsabilité en matière de gestion ? Nous savons que l'une des fonctions cardinales de l'Etat, après avoir défini la politique sportive nationale avec tous ses partenaires, est de réguler, d'évaluer et de contrôler l'utilisation des deniers publics ; de ce fait, il aurait été plus facile, de mettre le holà à certaines dérives et turpitudes, reprochées à certains, sans toucher aux grands équilibres de l'édifice ? Pourquoi avoir entraîné dans le même mouvement tous les membres d'un bureau fédéral en leur appliquant la règle d'un seul mandat ? Quelle continuité et quelle capitalisation de l'expérience positive, lorsque toute une équipe fédérale subit le même sort que son président ? Et que des désignés, peu au fait des affaires fédérales, remplacent de vrais experts ? Quelle assurance le MSN a-t-il que les nouveaux élus seront meilleurs et plus performants que ceux qui les ont précédés ? Des murmures, des doutes et des récriminations s'élèvent déjà quant à certaines intronisations que d'aucuns considèrent plus que contestables, car dictées par les sympathies ou antipathies envers tel ou tel dirigeant du MSN. La transition par le dialogue, non par la division... Tout le monde est aujourd'hui conscient du fait que l'on ne peut sauver le MSN en réglant des comptes et en divisant des forces déjà bien divisées. Le problème était de sauver ce qui pouvait l'être encore en rassemblant et non en fracturant, le peu de forces valides d'un MSN à bout de souffle. « C'est une véritable opération de casse programmée », déplore un président de fédération « sorti », à son corps défendant. L'essentiel était de ménager une période de transition qui soit une véritable période de « réconciliation nationale », en suspendant l'application du décret de la discorde. Une discorde à double visage. Le MSN, d'une part, et le mouvement sportif international, d'autre part, dont nous sommes membres, que nous le voulions ou pas. Car nul n'est venu nous demander d'en faire partie. C'est par une décision souveraine que nous y sommes entrés. Toutefois, cette décision souveraine a sa contrepartie : respecter les règles d'organisation et de fonctionnement des Fédérations sportives internationales et les principes de la Charte Olympique. ... et la provocation ! Nous avons déjà eu l'occasion de connaître les réactions de la FIFA, de l'IAAF, il n'y a pas si longtemps. Il faut aussi savoir que dernièrement, le CIO s'est réuni à Lausanne avec Jan Figuel, Commissaire européen en charge des problèmes d'éducation, de formation, de culture et de jeunesse, et que l'un des points capitaux de cette rencontre, fut le problème de la spécificité du sport, de son autonomie et de son auto-réglementation. Jan Miguel a déclaré à l'issue de la réunion « La commission européenne est favorable à cette nouvelle approche qui est d'entretenir un dialogue régulier et structuré avec le CIO ». Il faut également savoir que la Fédération internationale de Judo vient de mettre en garde la FAJ en précisant qu'elle « ne pouvait permettre la limitation des mandats des élus et la désignation de membres désignés au sein de l'AG, élective ou ordinaire, pour quelque motif que ce soit ». Faute de quoi, elle se verrait contrainte à prendre « des mesures suspensives». L'article de l'Expression, cité plus haut, fait aussi état d'une correspondance datée du 28 janvier, adressée à la présidente de la Fédération algérienne d'Escrime, dans laquelle il est précisé que «la FIE a rejeté lors de son congrès de 2007 à Madrid, toute limitation des mandats des élus» et que l'éventuelle désignation d'experts est soumise à l'aval de la Fédération nationale et de la FIE. La lettre se termine par une incitation au respect des règles et des statuts de la FIE faute de quoi «Nous nous verrons dans l'obligation de prendre les mesures regrettables qui s'imposent». Toutes choses annonçant que les rapports avec les Fédérations internationales risquent d'entrer dans une zone de fatales turbulences et d'enregistrer de sérieuses perturbations dans un proche avenir. A qui donc profite cette domestication du MSN ? Car il ne s'agit pas de résoudre les problèmes du développement sportif par de simples mesures organiques et bureaucratiques. Problèmes autrement plus complexes qu'il n'y paraît au premier abord, puisque le monde du sport n'est pas seulement celui d'experts triés sur le volet pour « élire » un président déjà choisi, mais de dirigeants, pour la plupart bénévoles, considérés comme taillables et corvéables à merci, et dont le travail et la dignité méritaient mieux que le traitement qu'on vient de leur infliger. Il s'agit bien plus de la délicate articulation entre les forces de la société sportive organisée et celles de l'Etat. L'exemple cité plus haut, du dialogue entre le CIO et la Communauté européenne, est illustratif de démarches d'ouverture possibles et de respect mutuel, fondateurs de vrais partenariats. C'est également la démonstration que tout ce qui est imposé à coups d'oukases, ne risque pas de faire long feu, ni de produire du développement sportif durable. A l'évidence, la domestication du MSN ne sert pas les intérêts du sport algérien et encore moins ceux des sportifs dont presque plus personne ne porte les voix, si ce n'est, comme l'ont fait certains dirigeants « bien intentionnés », d'aller monnayer, en certaines circonstances, les soi-disant « quatre millions de voix », que compterait le MSN » auprès des faiseurs de rois. Démocratie et citoyenneté Extraordinaire paradoxe où la voix des jeunes sportifs est loin d'être entendue et portée par qui que ce soit. Elle est rendue inaudible par de fausses querelles et d'obscurs marchandages électoraux. Pour bon nombre de dirigeants et d'administrateurs « nouvelle vague », les jeunes sont là pour produire des performances et non pour perdre leur temps, en participant à des arguties pseudo démocratiques. Les vieux éducateurs, connus et respectés de tous, disparus ou en voie de l'être, ne l'entendaient pas de cette oreille. Il plaçaient au centre de leur action, l'éducation des jeunes. Pour eux, le MSN, par le nombre d'associations sportives, l'effectif de pratiquants, de techniciens, d'officiels et de dirigeants, constituait l'un des espaces éducatifs et culturels de choix. L'un des espaces où pouvait se construire de la citoyenneté, comme hier, il fut l'un des foyers vivants du nationalisme, au lieu d'être le lieu d'affrontement, de conflits et de rivalités stériles où la logique du plus fort sert à bastonner la démocratie. Mais les jeunes ne sont pas dupes. Il n'est alors plus étonnant qu'il faille faire son deuil du fair-play appelé à la rescousse d'une impossible opération d'extinction des feux, si l'on continue sur une voie qui lui tourne totalement le dos. Et que l'on donne en exemple à nos jeunes, sportifs ou pas, les valeurs de la prévarication et du détournement de la loi.Car le jouer juste et selon les règles, le jouer propre, est le couronnement de tout un processus d'éducation à la démocratie et à la citoyenneté, dont les effets se sont perdus dans les limbes de la mémoire collective depuis que c'est la loi du plus fort et du plus friqué qui veut s'imposer à tous, en faisant taire tout son monde. Quelle dérision lorsqu'il s'agit de construire la République démocratique et populaire au pays de Larbi Ben M'Hidi ! L'une des tâches primordiales et cruciales du MJS, longtemps à la recherche de son identité, est d'organiser, en partenariat avec les forces sociales concernées, cette vaste initiative d'éducation à la citoyenneté par l'apprentissage du débat démocratique. Or, le rôle que l'on devrait voir jouer au MSN, en tant qu'espace de formation à la citoyenneté, n'intéresse nullement le pouvoir qui préfère gérer les contradictions et revendications sociales, la plupart du temps, par la répression. Face à la manipulation et au mépris, ils lèvent les voiles ! Si, à la base, la voix des jeunes est manipulée, ignorée ou étouffée, le résultat ne peut-être que le déchaînement de la violence sur les stades. Il suffit d'entendre les slogans et mots d'ordre qui y sont clamés pour se rendre compte que nous sommes proches de nouveaux débordements. Octobre 88 avait commencé sur les gradins des stades, pour ceux qui s'en souviennent encore. Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut entendre, dit le proverbe. Alors, que nul gouvernant ne s'étonne de ne rien comprendre à la culture et au phénomène des harragas, qui, sachant qu'ils ne sont entendus nulle part, prennent leur responsabilité et lèvent les voiles, pour ne plus entendre parler de promesses non tenues et d'engagements trahis. Oui, après Octobre 88, le maquis et avril 2001, la harga, que d'aucuns considèrent déjà comme « une autre tragédie nationale », et comme certains le prédisent, oui la harga, serait, la quatrième intifada de la Jeunesse algérienne. A l'heure où le MSN, aujourd'hui, tourne le dos au fair-play, au respect des jeunes et de leurs champions, de la règle et de la loi, il est grand temps de penser à une rencontre nationale pour jeter les fondements d'un autre MSN ! Les Etats généraux d'un mouvement sportif national rénové ! |