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Soixante-quinze
pays réunis à Paris sur la question palestinienne, et le monde semble ne pas y croire voyant une énième manœuvre
diplomatique de la France pour son image auprès des pays arabes. Et pourtant.
Soixante-quinze pays réunis à Paris pour réaffirmer leur sou-tien à l'indépendance de la Palestine dans ses frontières de 1967 avec El Qods-Est comme capitale. Cinquante ans que la communauté internationale défend, diplomatiquement et politiquement, la nécessité d'un Etat palestinien libre et indépendant. Cinquante ans qu'Israël rejette l'arbitrage du monde pour cette solution. Cinquante ans qu'Israël occupe, colonise, ghettoïse, brûle, emprisonne et assassine les Palestiniens leur reprochant de se battre pour leur liberté et leur indépendance. Devant un tel constat d'échec, que peut apporter de plus aux Palestiniens (et aux Israéliens) la conférence qui se tient à Paris à l'initiative de la France? A l'expérience de l'échec de la communauté internationale, quoi de plus naturel que de conclure à un échec supplémentaire, à une énième conférence sans espoir de solution du problème (guerre d'usure) palestinien. Dans ces conditions que faut-il faire pour aider les Palestiniens à libérer leur pays et construire leur Etat? Passer de la résistance armée à la guerre ouverte ne semble pas suffire tant les moyens des Palestiniens -et cela l'entité sioniste l'a bien compris- sont si disproportionnés à ses armées. Du reste, Israël justifie sa violence militaire et policière qui ne voit dans la résistance palestinienne que du terrorisme. Résister par la voie pacifique? Israël s'en moque. Que faire? C'est tout le drame des Palestiniens et de la communauté internationale à la recherche d'une réponse adaptée, juste. Reste la voie diplomatique, malheureusement Israël use de la même technique que celle qu'il applique aux Palestiniens chez eux: l'usure. Autrement dit, «voter chaque année, chaque mois, autant de résolutions défendant le droit des Palestiniens, Israël s'en moque, les ignore sans craindre la moindre sanction de quelque genre que ce soit». Vrai impasse diplomatique qui oppose Israël au reste du monde. Dans ces conditions, faut-il désespérer de la fin du calvaire palestinien? C'est ce que dit Israël par la voix de son Premier ministre à propos de la conférence de Paris: «Cette conférence hypothèque tout espoir de reprise des négociations israélo-palestiniennes». Il ajoute attendre l'intronisation du nouveau président américain, Donald Trump, à la Maison-Blanche pour rejeter aux oubliettes toute tentative d'indépendance de la Palestine. Que faire ? La seule stratégie demeure d'éviter la logique dans laquelle Israël veut enfermer la Palestine et la Communauté internationale: celle de la violence et de la guerre, parce qu'Israël sait qu'elle lui facilitera plus l'occupation et la colonisation de ce qui reste de la Palestine, justifiera sa répression des Palestiniens et compliquera la donne sur le terrain pour éradiquer toute idée d'un Etat palestinien indépendant. Malheureusement ou heureusement il ne reste que cette voie diplomatique qui, malgré ses échecs, a permis ces dernières années la naissance d'un autre mouvement de «résistance» à l'occupation sioniste: celle de la société civile en Occident qui multiplie les formes de dénonciation et d'actions contre le sionisme et la colonisation de la Palestine: les campagnes de boycott (BDS) des produits agricoles ou manufacturés sous étiquette d'Israël. Au-delà du coup économique porté à l'entité sioniste, ces campagnes de boycott secouent et réveillent les opinions et consciences du monde occidental, USA compris, sur le défi insensé d'Israël à la communauté internationale et sa politique criminelle de colonisation violence de la Palestine. Les premiers résultats de cette résistance citoyenne sont probants et Israël le ressent. Ce n'est donc pas un «non-événement» que cette conférence de Paris. C'est d'ailleurs l'image et l'idée que veut lui donner Israël. Passer sous silence la conférence de Paris ou lui dénier toute plus-value diplomatique ou politique, c'est verser dans la logique et la stratégie de l'Etat hébreu. Voir et entendre les diplomates (ministres des Affaires étrangères) annoncer, répéter à la face du monde la nécessité vitale et absolue d'un Etat palestinien viable n'est pas un simple slogan. Entendre le chef de l'Etat français répéter cette même inéluctabilité n'est pas du verbiage. C'est encore une fois ce que laisse entendre Israël. La conférence de Paris sur le conflit palestinien a le mérite de remettre à l'actualité du jour la question palestinienne mise ces dernières années en veilleuse sous l'effet de la crise syrienne notamment. Cette conférence, si elle ne fera pas céder dans l'immédiat Israël sur sa politique de colonisation et de violence, elle donnera du souffle aux peuples occidentaux qui se mobilisent de plus en plus pour défendre la Palestine. Elle aidera le courant réformateur israélien militant d'un Etat palestinien. Mouvement si peu mis en avant dans l'actualité au profit du courant expansionniste et radical hébreu. Plus de 50% des Israéliens veulent la paix et soutiennent la création de l'Etat palestinien. Malheureusement il bénéficie de peu de soutien dans les médias occidentaux qui lui préfèrent le courant sioniste. Par ailleurs, il faut rappeler que le combat des Palestiniens a aussi ses conquêtes: admission de l'Etat de Palestine à l'assemblée générale comme observateur, membre à part entière à l'Unesco, ouverture de ses représentations diplomatiques dans des pays occidentaux, africains, sud-américains etc. C'est pour toutes ces raisons qu'il faut donner de l'écho à la conférence de Paris, même si Paris n'est pas au-dessus de tout soupçon sur sa proximité avec l'Etat hébreu. Parce que cette conférence n'est pas seulement parisienne, mais internationale et il faut s'en saisir pour ne pas tuer l'espoir des Palestiniens d'être libres et indépendants un jour. |
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