C'est
presque une réponse donnée aux sceptiques à propos des chiffres donnés sur le
taux de chômage en Algérie, que ce retour sur le dossier des sans-emploi de la
directrice des statistiques de la population et de l'emploi auprès de l'Office
nationale des statistiques (ONS). Dans un entretien à l'APS, Mme Amel Lakehal a indiqué que le taux de chômage n'est pas le seul
indice de la situation du marché du travail qui reste défini par une
soixantaine d'autres indicateurs dont les types de démarches effectuées par les
chômeurs pour chercher un emploi, durée de recherche du travail, profil socio-démographique? Elle expliquera que dans la vision
populaire, le marché du travail est vu seulement à travers le prisme du chômage
«alors que les enquêtes menées par l'ONS auprès des ménages dégagent une
soixantaine d'indicateurs pour décrypter les données de la situation réelle de
ce marché». Elle précisera, à l'endroit de ceux qui mettent en doute les
statistiques sur le chômage, et en direction de la presse, que les enquêtes
menées par l'ONS sont conformes aux critères du Bureau international du travail
(BIT). A ce propos, et en réaction aux publications de certains médias sur
l'absence de réalisme des chiffres de l'ONS à propos de ce dossier qui se
basent sur le fait que les femmes au foyer ou les emplois dans l'informel ne
sont pas pris en compte, elle explique que la notion du chômage ne signifie pas
toute personne en âge de travailler mais qui n'a pas d'emploi. Elle se base
notamment sur la résolution de la Conférence internationale des statisticiens
du travail, adoptée en 1982 à Genève, qui précise qu'un chômeur est non
seulement toute personne ayant dépassé un âge spécifié et sans travail mais qui
est aussi «disponible pour travailler et a pris les dispositions pour chercher
un travail». Elle soutient que même si une personne a travaillé ne serait-ce qu'une
heure de temps, durant la période de référence d'une enquête menée par un
office des statistiques, elle est considérée par le BIT comme une personne
ayant fait partie de la population occupée. Dans ce sens, la représentante de
l'ONS réfute les données publiées par certains «bureaux d'enquêtes et
d'analyses» locaux non structurés qui, toujours selon ses dires, avancent des
chiffres d'une manière loin d'être méthodique, énoncés comme étant des
résultats «représentatifs». Elle en veut pour preuve l'échantillonnage même de
ces enquêtes. «Nous ne pouvons en aucun cas prendre en considération les
résultats d'une enquête menée sur un échantillon de 200 personnes seulement», les comparant aux 21.000 ménages interrogés par son
organisme à propos des enquêtes sur le marché du travail. «Nos méthodes
d'enquêtes auprès des ménages sont fortement préconisées par le BIT. De ce
fait, il est sollicité dans la sphère économique et sociale par les différents
acteurs», ajoutera-t-elle. Mme Lakehal reconnaîtra
également que l'ONS souffre encore de lacunes alors que des efforts sont
engagés ou restent à déployer pour que cet office soit au cœur des mutations
économiques actuelles par le truchement des formations et un renforcement sur
les plans logistique, financier et humain.