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La
violence en Algérie, en particulier celle qui touche les enfants, a atteint des
proportions alarmantes: rapts d'enfants suivis de
viols, assassinats, mutilations, outre les actes de violence entre bandes
organisées.
Pour le Pr Mustapha Khiati, président de la FOREM, «il y a une violence extrême, qui n'a jamais été enregistrée, même durant la période coloniale». Il a expliqué, hier lundi, à la radio nationale que cette violence à l'égard des enfants est due à «une conjonction de raisons, qui sont multiples, un croisement de causes liées à plusieurs facteurs, comme le cumul psychologique de plusieurs années de stress durant la décennie terroriste. Il y a également, ajoute-t-il, «le transfert de familles vers de nouveaux logements», qui crée des situations nouvelles. «En fait, il y a un hiatus qui s'est créé entre la nouvelle génération et la génération d'adultes que nous sommes», relève le Pr Khiati, qui ajoute qu'»il y a aujourd'hui de nombreuses causes (de cette violence), qui est religieuse, sociologique, psychologique, comme également les causes éducatives, car l'école n'assure plus qu'une mission d'enseignement et non d'éducation». Le président de la FOREM va plus loin en estimant même que «nous sommes confrontés à une violence qui ne connaît pas de limites, avec des rapts d'enfants suivis d'assassinats et viols, ce qui n'a jamais été connu par le passé». En fait, «il y a un problème réel de violence, et il faut absolument mettre en place une commission nationale et même des assises pour discuter de cela et trouver une solution», relève-t-il, avant de souligner que sur les 500.000 élèves qui quittent chaque année le système scolaire, il y a au moins 150.00 qui vont aller dans la rue, les autres 350.000 étant absorbés par la formation professionnelle. Les enfants qui vont aller dans la rue «vont constituer des réservoirs de violence», affirme-t-il, et «ces enfants posent des problèmes et nécessitent une prise en charge de l'Etat». Pour le Pr Khiati, il faut dès lors «qu'il y ait une politique de prise en charge (de ces enfants), car celle institutionnelle a montré ses limites», notamment avec la mise en place des centres de rééducation pour mineurs. «Maintenant, il faut impliquer la société civile dans la prise en charge de ces enfants, et donner la possibilité aux personnes, qui le veulent, de prendre en charge des enfants», argumente-t-il, car «il faut absolument repenser les méthodes des centres de rééducation pour jeunes». Par les chiffres, il a indiqué que près de 10.000 agressions physiques ont été enregistrées par les services de la DGSN. «Ces agressions sont liées à plusieurs facteurs, et plus de 800 enfants de moins de 16 ans ont été arrêtés avec des armes blanches, c'est inquiétant, et c'est un problème réel», estime-t-il, avant d'expliquer que «les parents doivent contrôler leurs enfants, ainsi que l'école qui doit éduquer ces enfants, outre les collectivités locales pour créer des associations». «Depuis les années 2000, plus de 17.000 jeunes ont été présentés aux juges des mineurs, et aujourd'hui, il y a un problème réel de jeunes livrés à eux-mêmes», ajoute le Pr Khiati, qui déplore que même si des lois ont été mises en place pour la protection de l'enfance, notamment contre le rapt et les assassinats, «il y a un certain laxisme dans leur application, dont celui de la protection de l'enfance». Entre le mois de juillet et septembre 2016, trois enfants ont été kidnappés et assassinés dans d'atroces conditions: il s'agit de la petite Nihal dans un village de Kabylie, de Mohamed Yacine Derriah à Béchar et le petit Nasredine d'Oum El-Bouaghi. Dans une précédente déclaration au Quotidien d'Oran relative à ce dernier assassinat, le Pr Khiati avait indiqué qu'il s'agit là «d'un petit phénomène d'un ensemble de phénomènes de violence dans notre société». Selon un bilan de la DGSN non actualisé datant de 2015, il y a eu durant les quatre premiers mois de cette année-là, pour toutes les formes de violences à l'échelle nationale, 1.726 cas, dont la violence contre les enfants, 996 cas de violences physiques et 517 agressions sexuelles dont 305 contre des filles, 179 cas de mauvais traitements, 25 enlèvements, trois cas d'homicides involontaires, et 6 cas de violences ayant entraîné la mort. En 2013, il y a eu 150 enlèvements d'enfants dont les deux enfants de Constantine, retrouvés morts, et en 2014 plus de 6.000 enfants ont été victimes de violences, dont la violence sexuelle. |
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