«J'ai
supprimé le sénat et j'ai utilisé les fonds alloués à cette institution pour
construire cette centrale, car mon peuple a plus besoin d'électricité que de
sénateurs qui ne servent à rien»
C'est
ce qu'aurait déclaré, récemment, avec un éclat de lucidité le président
sénégalais Macky Sall, lors
de l'inauguration d'une centrale solaire photovoltaïque qui doit alimenter près
de 9.000 ménages à Bokhol (nord-ouest du Sénégal). En
effet, si l'on veut bien transposer le message de ce dernier dans la réalité
algérienne, il peut facilement se traduire ainsi : Il vaut mieux être un simple
membre d'une association caritative qui s'active et agit au quotidien, pour
l'intérêt général de la population qu'accaparer les privilèges d'un sénateur ou
d'un député qui s'endort sur son siège ou s'absente carrément lors des séances
plénières des chambres législatives. L'anecdote de ce représentant du peuple
qui, bien avant son accession au parlement, aurait promis, monts et merveilles,
aux habitants d'une localité enclavée de l'Algérie profonde et qui, une fois
élu, aurait, subitement, disparu des radars, nous fournit plein de leçons
utiles allant dans ce sens. Le comble c'est que, arrivé le temps d'une nouvelle
mandature, le même député revient, toute honte bue, pour entonner la même
chanson dissimulée, cette fois-ci, sous des habiletés de langage hypocritement
tricotées, afin de mieux gruger son électorat, très déçu. Et n'était-ce son
sang-froid et surtout son agilité, cet ex-député-potiche aurait, sans aucun
doute, fini par être lynché sur la place publique, par des citoyens en colère,
ravagés par un rare sentiment d'abandon de la part des pouvoirs publics. Une
chose est sûre, le plus banal, dans toutes les élections législatives, qu'on a
eues, jusque-là, en Algérie, c'est que la plupart de nos représentants
politiques ne se rendent pas compte que le temps galope et que, si on fait le
gros dos, ça passera aussi vite que ça arrive. Et puis, ces derniers oublient,
souvent, qu'ils ne sont pas (seulement) là pour percevoir des salaires
mirobolants, des primes et des indemnités, en hochant, tout le temps, la tête,
mains levées, en signe d'acquiescement aux oukases de l'exécutif mais (aussi)
pour peser, en pôle solide d'alternatives, de débats et de force de propositions.
Il y a, à vrai dire, dans ce détournement de la fonction législative, dans
notre pays, une forme de sadisme dans laquelle certains se risquent à la
tentation de la surenchère démagogique. A quoi ça sert, pardi, un député qui ne
défend pas ses compatriotes? Qui ne va pas sur le terrain? Qui ne rédige pas des rapports ni ne consulte sa base? Qui ne presse pas le gouvernement d'agir et de
répondre aux revendications citoyennes? S'asseoir sur
un maroquin officiel pour bayer aux corneilles et se servir, soi-même, n'est
pas le propre d'un politicien. Enfin, c'est toute une déontologie qui devrait
être mise en œuvre dans le but de sacraliser la fonction élective et lui donner
tout son sens et surtout son panache.