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Pour le
pouvoir, le pire scénario auquel s'attendre pour les élections législatives
post-révision de la Constitution serait que leur scrutin fasse l'objet d'un
boycott généralisé de la part des partis d'opposition et soit massivement boudé
par l'électorat. A son grand soulagement, l'opposition a quelque peu atténué sa
crainte d'un rendez-vous électoral totalement gâché et discrédité par les deux
absences.
A tort ou à raison, l'ensemble des partis de l'opposition a opté pour la participation au motif que pour une formation partisane les rendez-vous électoraux offrent des opportunités de se faire plus visible et rendre plus audible sa vision et le programme justifiant sa présence sur la scène politique. Ce que ces partis pensent pouvoir engranger de bénéfique pour leur chapelle par la participation à la compétition leur parait l'emporter sur ce qu'ils retireraient en pratiquant la politique de la chaise vide en refus d'un scrutin sur la transparence et la régularité duquel ils ne se font aucune illusion du moment que les garanties dont ils ont demandé la mise en œuvre pour qu'il en soit ainsi n'ont pas été de leur point de vue prises en compte par le pouvoir. Mais même si l'opposition a finalement opté pour la participation, la crédibilité de la prochaine reste conditionnée par le comportement qu'aura en l'occurrence le corps électoral. Il est clair que s'il est enregistré pour ce scrutin une abstention massive, la crédibilité que lui attribueront ses organisateurs sera indéniablement sujette à caution même si pour lui donner un semblant de réalité, il sera fait état de la participation à la compétition de l'ensemble de l'opposition. Dans ce cas toutefois l'abstention massive n'exprimerait que le refus par les électeurs d'accorder leur confiance au pouvoir en place organisateur du rendez-vous électoral. Il sera aussi à considérer comme sanction de leur part à l'égard de l'opposition qui après avoir dit pis que pendre sur les lois électorales concoctées par le régime et clamé sa certitude qu'il ne peut y avoir d'élections propres dans le pays tant que c'est lui qui en sera l'ordonnateur, a remisé ses critiques et a accepté d'aller aux urnes aux conditions de ce même régime. Ayant arrêté la décision de participer aux élections, l'opposition se trouve dans l'obligation de faire chorus avec les partis du pouvoir pour tenter d'inciter les électeurs à ne pas déserter massivement les urnes. Une abstention massive révélera certes l'étendue de la rupture entre gouvernants et gouvernés malgré les prétendus changements politiques intervenus et présentés par les premiers comme ayant permis le retour de confiance pour eux de la part des seconds. Pour l'opposition, il y a forte chance qu'elle perde irrévocablement le fragile crédit dont commençaient à bénéficier ses actions et initiatives vouées à la contestation du régime en place et à faire apparaître qu'elle est porteuse d'une alternative susceptible de rassembler tous les partisans du changement. De prochaines élections frappées de discrédit, il en sortira celui de toute la classe politique que ses acteurs soient ceux qui sont partisans du pouvoir ou les contradicteurs de celui-ci et la conviction pour les citoyens que le changement unanimement espéré par eux n'est pas à attendre d'elle. |
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