
Sans
aucun doute, l'une des choses qui fait froid dans le cœur à l'approche de
chaque hiver, c'est la situation difficile de beaucoup de sans-abris qui errent
dans l'indifférence presque totale à travers les rues de nos villes à la
recherche d'un quelconque coin chaleureux pour s'abriter et...survivre. Les
services sociaux dans notre pays semblent dépassés et le phénomène devient
malheureusement aussi routinier que contagieux, surtout avec l'affluence de
milliers de réfugiés du Sahel, et aussi récemment de Syriens qui fuient la
guerre et la misère! Certes, on ne dispose pas de
statistiques précises là-dessus mais il n'en reste pas moins que ce fléau soit
d'une ampleur jusque-là inédite. Le but de ce propos ici n'est guère de
«dramatiser» ni de revenir sur un état des lieux connu de tous mais de mettre
en évidence le manque chez notre jeunesse et notre population en général de
cette «solidarité institutionnalisée» à même d'alléger ce climat délétère.
Autrement dit, si la culture traditionnelle qui sert d'ossature à notre société
nous incite à aller vers l'autre, lui venir en aide et prendre soin de lui dans
les durs moments de la vie, nos structures administratives ne sont plus, paraît-il,
en mesure d'encadrer efficacement aujourd'hui cette dimension humaine
bienveillante inscrite dans nos coutumes ancestrales de manière à ce qu'elle
soit «une dynamique citoyenne permanente». Toujours est-il clair que la faille
n'est pas seulement dans l'insuffisance des moyens mais aussi dans ces relais
sociaux et ces cellules solidaires étatiques qui ne sont pas étroitement liés
aux réseaux éducatifs, universitaires et culturels. Du coup, on remarque que,
quoique parfois fort généreuses, les initiatives de la plupart des associations
caritatives ou des comités de quartiers agissant sur le terrain sont peu performants en termes d'adhésion de nouveaux membres, de
mobilisation et d'utilité publique. Inspirons-nous donc des nations développées
qui dans certaines filières de l'enseignement supérieur exigent même de
l'étudiant un engagement en tant que bénévole dans une association caritative
ou citoyenne de son choix afin que ce dernier soit au contact direct des
réalités sociales que vivent ses compatriotes. La culture du bénévolat
s'apprend et s'enseigne au fur et à mesure que l'éducation gagne les esprits.
Pas question de vanter superficiellement les valeurs ancestrales mais de les
diluer dans une approche institutionnalisée, cadrée par les lois, avec une panoplie
de facilités humaines et matérielles à la hauteur des défis lancés. Or, bien
qu'étoffé en nombre, notre tissu associatif est, lui, sclérosé par un tas
d'obstacles bureaucratiques ; une politisation excessive qui tue l'humain et le
social dans l'œuf ; son financement au compte-gouttes par les autorités ;
l'affaissement notable d'une sensibilité envahie par le culte de la rente, etc.
Bref, tout le monde oublie que la solidarité est un apprentissage au quotidien
qui commence déjà pour les élèves à la crèche et lors des «colonies de
vacances», puis continue dans les lycées et les universités.