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L'accident
de train de samedi dernier remet en cause beaucoup de certitudes et, surtout,
fait peur. En fait, la vétusté du réseau ferroviaire, des trains rapides mais
inadaptés au marché algérien, mettent à rude épreuve les millions d'usagers
quotidiens des trains de banlieue. Car prendre le train pour aller travailler
est un geste civilisé qui participe à la modernisation de la société et la fait avancer. Pourtant, ce principe simple est devenu un
gros problème en Algérie où le train démarre à l'heure, mais n'est pas sûr
d'arriver à bonne destination à l'heure. Le train en Algérie n'est pas
développé et tarde à l'être. En plus, prendre le train est devenu une épreuve
psychologique et physique éprouvante. Pourquoi ? D'abord les trains sont
bondés, ensuite ils transportent des gens pour qui le train est un bus ou un
autocar, et donc se croient tout permis, y compris provoquer des bagarres
interminables entre voyageurs. Il y a aussi ces usagers qui ont pris le train
durant toute leur vie et qui n'ont jamais senti une quelconque amélioration
entre 1962 et 2016. Il y a aussi ces ?'mécanos'' de la SNTF qui ont gueulé
samedi dernier: «pourquoi ils nous font nous lever vers
04 heures du matin quand notre service est à 10 heures? »
Le train algérien ne veut pas s'émanciper, comme l'attestent ces impacts de cailloux et autres objets de toutes sortes qui ont servi de projectiles pour certaines bandes de quartiers pour marquer leur territoires en caillassant les trains, comme çà, ?'zkara'', et terrorisant les passagers. Comme si voyager à bord d'un wagon datant du Neandertal ne suffisait pas ! Et on peut mourir dans les trains en Algérie, bien sûr, car la sécurité des trains est un gros problème. Lancés à 100 km/h, les trains ne s'arrêtent pas pour regarder les vaches, ou éviter ces inconscients qui prennent la voie ferrée pour une voie de circulation. Non, tout compte fait, les trains luxueux, avec de confortables fauteuils aux couleurs gaies, les trains rapides, dotés d'une connexion internet, spacieux et sûrs, ne sont pas encore arrivés. Nous, on doit composer avec le «provisoire qui dure», ces wagons de l'ancien temps, rafistolés, qu'on met en circulation, alors que les nouveaux, achetés à coups de milliards de dinars, sont la cible de cailloux ou de personnes qui se trompent de voies de circulation. Non, le métier de mécanicien de train n'est pas de tout repos, comme celui de voyageur dans les trains algériens où des wagons et des locomotives de 1960 sont toujours en circulation. L'accident de Boudouaou est un de trop et met à nu les carences qui jettent une ombre sur les transports ferroviaires chez nous. A moins que le mythique train de Bechar ne soit ranimé, il y a fort à parier que prendre le train en Algérie relèvera encore de l'aventure humaine. Avec des trains bondés, des gares sans servitudes datant de l'époque coloniale, et l'assurance de voyager dans un autre temps. |
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