Décidément,
la ministre de l'Education nationale a plusieurs
cailloux dans ses chaussures, et sa rentrée 2017 est en train de tourner au
cauchemar. En annonçant jeudi dernier le retrait du manuel de géographie, de
seconde génération, de la 1ère année moyenne, sans en préciser les véritables
raisons, le département de Mme Benghebrit n'en finit
pas de boire le calice jusqu'à la lie. Après la fraude massive au BAC 2016, une
seconde session de rattrapage, le ?'un pas en avant, deux en arrière'' pour les
départs en retraite, voilà que le secteur est éclaboussé par un autre scandale: la Palestine a disparu dans la carte géographique
représentant cette région du monde, et remplacée par Israël uniquement. Une
?'erreur'' de cette importance est impardonnable, d'autant que l'Algérie reste
l'un des pays les plus fermement engagés pour que les Palestiniens puissent
établir leur Etat et dans les territoires palestiniens occupés. Dans un
communiqué diffusé jeudi, le ministère de l'Education nationale annonce donc le
?'retrait immédiat'' du manuel de géographie de la 1ère année moyenne. ?'Suite à
la constatation d'une erreur dans une page du manuel de géographie de la 1ère
année moyenne, le ministère de l'Education nationale a pris la décision de
procéder au retrait immédiat du manuel'', indique dans son communiqué le
ministère qui précise que la faute incombe à l'éditeur, ?'l'entreprise
nationale des arts graphiques'', lequel est mis en demeure ?'d'apporter les
rectifications nécessaires». Le département de Mme Benghebrit
ne précise pas cependant la nature de cette erreur, et charge encore l'ENAG en
affirmant que ?'la version homologuée du manuel en question ne comportait pas
cette erreur laquelle relève de la responsabilité de l'éditeur en question». En
fait, à la page 65 de ce manuel de géographie ?'humaine'', Israël est portée
sur la carte, avec comme frontières notamment avec l'Arabie Saoudite et l'Irak,
la Jordanie. Pour toutes ces raisons, ?'le ministère a décidé l'ouverture d'une
enquête''. Selon une source proche du ministère, il a été décidé le ?'retrait
immédiat du manuel en exigeant de l'éditeur concerné de changer la page qui
comporte l'erreur par une autre comportant des informations exactes''. Le
ministère de l'Education nationale confirme que le secteur n'est pas totalement
en zone ?'libérée'' de tous les avatars qui le minent. D'autant que l'erreur a
été découverte non pas par les ?'experts'' du ministère, encore moins par ses
centaines d'inspecteurs et ses milliers d'enseignants et directeurs
d'établissements scolaires, mais par des parents d'élèves, et la ?'bourde'',
volontaire ou pas, publiée sur les réseaux sociaux. L'alerte a été ainsi donnée
bien après la rentrée scolaire, ce qui, en soi, démontre clairement que ceux
qui procèdent à la seconde lecture des manuels scolaires avaient, cette année,
?'la tête ailleurs''. A moins d'invoquer la ?'complotite''
ou le ?'complot ourdi'', sinon ?'la main de l'étranger'', une pareille erreur
est le signe d'un dangereux dérapage de l'ensemble du système éducatif
national. D'autant que l'erreur a été faite par un organisme public, qui édite
les manuels scolaires pour les générations à venir. Question:
que font les experts des commissions de lecture du manuel scolaire? Une
question qui vaut son pesant de ?'livres'' puisque l'édition, l'impression et
la diffusion du manuel scolaire est du ressort de l'ONPS (Office national des
publications scolaires), qui est l'interface unique des éditeurs de manuels
scolaires, et qui établit les cahiers des charges, à la place du ministère de
l'Education nationale. La réaction du ministère couvre-t-elle les erreurs de
l'ONPS, décrié par certains éditeurs, qui se sentent écartés du marché du livre
? Quelque 5,5 millions de livres portant sur 167 titres ont été tirés et
distribués par l'ONPS durant la rentrée 2015/2016. Un marché du livre scolaire
très juteux que deux ou trois éditeurs se partagent.