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L'Algérie
doit en urgence mettre en place des réformes économiques innovantes et
courageuses pour surmonter l'onde de choc de la baisse des cours de pétrole qui
est en train de faire fondre ses réserves de change et le Fonds de régulation
des recettes (FRR), avec un déficit de plus de 30 milliards de dollars à la fin
de l'année.
En visite à Alger dans le cadre de la revue périodique des indicateurs macroéconomiques de l'Algérie, une mission du FMI estime que le pays doit restaurer au plus vite «les équilibres macro-économiques et revoir son modèle de croissance pour réduire sa dépendance du secteur énergétique et de la dépense publique». Selon le chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jean-François Dauphin, l'Algérie doit muscler son secteur privé, encourager les investissements privés et étrangers et accélérer la mise en œuvre de réformes pour changer son modèle économique». L'objectif étant que l'Algérie change son modèle économique qui doit passer d'un pays mono-exportateur d'hydrocarbures à un pays moins dépendant du pétrole pour sa croissance économique. «Il faut passer à une croissance plus diversifiée et tirée davantage par le secteur privé», estime-t-il. Le représentant du FMI préconise ainsi l'engagement de réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires, simplifier les procédures administratives d'investissement, faciliter l'acte d'investir, de créer et de gérer une entreprise et accéder aux financements bancaires notamment pour les PME. Il y a également le volet de la gouvernance des entreprises, l'ouverture sur l'investissement étranger, et le développement d'un système d'éducation et de formation professionnelle qui réponde aux besoins des entreprises. «Il est donc important, pour l'Algérie, de lancer le plus tôt possible ces réformes et d'encourager le secteur privé», souligne M. Dauphin qui relève, par ailleurs, que l'Algérie a suffisamment de marges de manœuvres pour effectuer une transition économique. Dans une déclaration à l'APS, il explique que «l'Algérie fait face à un choc de grande ampleur avec la dégringolade des prix du pétrole depuis deux ans et qui est probablement appelée à durer». La baisse des cours de pétrole depuis juin 2014 «a eu un effet assez rapide et fort» sur les finances publiques et sur les comptes extérieurs de l'Algérie, qui se sont dégradés d'une manière «assez significative», souligne-t-il. Le constat du FMI sur l'économie algérienne rejoint en réalité celui des experts algériens, dont M. Mustapaha Mekidèche, vice-président du CNES. Dans une récente intervention à la radio nationale, il a estimé que «l'ampleur et la durée de la crise (des prix de pétrole, Ndlr) a été sous-estimée. Ce n'est que dans la loi de finances 2016 qu'on a pris la mesure de l'ampleur de la crise», explique-t-il avant de relever que le déficit budgétaire pour 2016 sera revu à la hausse et va passer d'une prévision de 25 milliards de dollars à 30 milliards de dollars en fin d'exercice. Un gouffre, d'autant que le bas de laine du FRR est en train de fondre. Dès lors, «il va falloir donc trouver d'autre recettes budgétaires, l'inertie fait que l'on a du mal à mettre en place les engagements budgétaires, améliorer le climat des affaires», préconise M. Mekideche pour qui «rien n'a bougé depuis juin 2014», date correspondant au début de la baisse des prix de pétrole, qui sont passée en moyenne de 100 dollars/baril à moins de 60 dollars. Revoir la politique des subventions De son côté, Adnan Mazarei, sous-directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, estime que l'Algérie peut surmonter ce choc pétrolier grâce non seulement à ses «atouts» mais aussi «à la volonté des autorités nationales pour diversifier l'économie» qui, selon lui, «prennent la situation économique au sérieux». Sur la question que se posaient quelques experts financiers quant à la nécessité de passer par l'endettement externe, notamment par un recours à un prêt du FMI, pour financer les investissements publics, M. Mazarei a relevé que l'Algérie «n'a pas besoin d'argent. Nous sommes ici pour offrir l'assistance et les conseils d'ordre technique et économique du FMI» pour réaliser cette diversification. «C'est aux autorités algériennes qui connaissent mieux leur pays d'établir une stratégie appropriée», explique-t-il. Les deux responsables du FMI, qui ont salué la hausse des prix de l'électricité, du gaz et des carburants, introduite par la loi de finances 2016, relèvent également que l'Algérie doit adopter, en matière de subventions des produits de large consommation, y compris l'eau, l'électricité et les carburants, estiment que «cette démarche est effectivement la bonne puisque les prix ont été augmentés pour les tranches (de consommation) supérieures sans toucher les plus basses. Ce qui permet de protéger les populations vulnérables qui consomment moins d'énergie». Pourquoi ? Parce que, selon le FMI, les subventions énergétiques en Algérie sont mal réparties: 20% de la population la plus riche en bénéficient six fois plus que les 20% de la population la plus pauvre. Dès lors, il faut redistribuer ces transferts dans le sens inverse pour une meilleure gestion des subventions publiques et soutenir la demande sociale et le développement, relève-t-il encore. Mazarei est également du même avis et conforte en fait la politique budgétaire préconisée traditionnellement par les experts du FMI aux pays en difficulté financière: rogner sur les acquis sociaux en baissant les subventions publiques. «En Algérie, certaines subventions sont «problématiques», dont celles des produits énergétiques qui profitent davantage aux riches qu'aux pauvres. Pour autant, le FMI appuie la politique de subvention des prix des produits alimentaires de base et de santé. |
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