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La commission Chilcot a rendu, le 6 juillet, son rapport sur la décision de
l'Angleterre de se joindre à l'invasion américaine de l'Irak, dont la
réalisation a duré sept années, après avoir entendu acteurs et témoins de cette
invasion et après avoir épluché des quantités de documents et accédé à ceux
frappés du sceau «Secret d'Etat».
C'est-là un avantage de la démocratie anglaise. Ce rapport a été immédiatement rendu accessible au monde entier. Et c'est là un avantage de l'Internet, qui nous permet d'écrire ce commentaire. C'est, en effet, un avantage de la démocratie anglaise comparée à la France ou pareille entreprise n'a pas été envisagée, ce qui est navrant car beaucoup de secrets, relatifs au drame libyen, auraient pu être dévoilés, surtout que contre Nicolas Sarkozy, il y a de graves soupçons de financement illégal, de sa première campagne à l'élection présidentielle, par des fonds libyens. Ce qui fait dire à certains que c'est la volonté de faire taire Mouammar Kadhafi qui explique le zèle dont l'ex président français a fait preuve dans le chaos libyen. L'immense avantage du rapport Chilcot est d'avoir démasqué un homme : Blair, un régime : le colonialisme et l'impérialisme qui, finalement ne sont pas encore morts, et surtout de nous mettre face à nos tares. Le rapport rappelle que le destin des hommes peut être entre les mains de névrosés issus des démocraties les plus affirmées comme des dictatures, les plus sanglantes, que Tony Blair- comme George Bush- est un menteur patenté, qu'il a fait une guerre privée, usant de faux et de la propagande, en violation du droit et contre la volonté de la Communauté internationale. Sous le prétexte fallacieux d'éliminer un dictateur, il a contribué à l'effacement des traces d'une civilisation des plus anciennes, à l'élimination de la carte, pour toujours, de l'Irak tel que connu jusqu'à présent et a causé la mort d'un million de personnes. De ce fait, il n'est pas moins criminel que Saddam Hussein, sinon d'avantage, si l'on considère l'immensité des drames dont il a été le co-auteur. Sauf, qu'au niveau international, la lâcheté des faibles, jointe à l'hypocrisie des plus forts, fontt que les dirigeants des grandes puissances ne soient pas comptables de leurs crimes, ni devant les instances internationales ni, parfois, devant la raison est la conscience collective nationale, sinon comment expliquer que malgré l'immense drame libyen Nicolas Sarkozy reprenne le Parti les républicains, prétend diriger, de nouveau, le destin de la France et, après un écrasement, recouvre, petit à petit, la faveur perdue des Français. Désormais menacé de poursuites pénales internes par les parents de 179 soldats britanniques morts en Irak, Tony Blair justifie leur mort et plaide, déjà, l'erreur d'appréciation et la bonne foi. Il n'est pas inquiété, en revanche, pour et par la mort de centaines de milliers d'Irakiens. Ceux-là n'ont pas d'ayants droit, ni un Etat fort qui se soient constitués parties civiles, dans l'espoir de saisir une instance nationale ou internationale pour demander des comptes. Pour leurs morts Tony blair n'a pas de crainte ni d'état d'âme. Il déclare, en effet, que si ça doit se refaire, il refera la même chose et qu'il a pris la bonne décision, et que le monde est meilleur et plus sûr ! C'est tout simplement scandaleux ! Mais de quel monde parle-t-il ? Peut-être que dans son esprit chauvin, le monde s'arrête aux frontières de l'univers judéo-chrétien. Alors, que le monde, surtout arabe, fait de la Syrie, de l'Égypte, de la Libye, du Yémen, de la Tunisie, et potentiellement de bien d'autres pays, crève et s'effondre ; cela n'entame en rien sa conscience. Tony Blair n'est pas un néo-colonialiste. C'est un révisionniste qui croit à la supériorité des valeurs judéo-chrétiennes et de ceux qui les portent. Un impérialiste et un colonialiste tout court. Il ne croit pas au ricochet ni à la prédation subtile via la culture, les accords commerciaux avantageux, l'humanitaire ou la corruption des dirigeants. Pour les théoriciens du ?blairisme' les colonisables sont faits pour être colonisés, point barre. Et colonialisme rimant avec racisme, il n'y a pas à faire cas des «barbares» que l'on peut éliminer, sans état d'âme, par centaines et par milliers. C'est son conseiller aux Affaires internationales qui déclare, en effet, que « empire et impérialisme sont devenus des termes péjoratifs, et aucune puissance coloniale n'est prête à assumer ses devoirs. Pourtant, l'opportunité - voir la nécessité - de la colonisation est aussi grande aujourd'hui qu'au XIXe siècle » La victoire, sans gloire, de Bush et Blair, n'a pas résolu le prétendu problème de la dictature en Irak, bien au contraire, du corps putréfié de Saddam, elle a fait naître des dictatures plus sanglantes ; Nouri Al-Maliki, leur homme de main, n'est pas un démocrate convaincu, c'est un tyran qui a les mains entachées de sang. El Hachd Echaabi, et, évidement, l'hyper puissance Daech, n'auraient, certainement, pas vu le jour sans la folie guerrière de Blair et Bush. On a tenté de penser ? sans disculper aucunement la sanguinaire Daech ? qu'en fin de compte, et vu l'expérience irakienne, le terrorisme n'est pas né ex-nihilo, il est la réaction à un autre terrorisme, celui des Etats. La guerre privée de Blair et Bush a ouvert les portes de l'enfer sur les pays arabes. Elle y a lâché la bête immonde qui frappe aveuglement partout et, apparemment, pour longtemps. Ceux d'entre ces pays qui n'ont pas payé par le sang payent par l'insécurité, la régression et la ruine des économies. Sil est vrai que tout effet a une cause, il est certain, alors, que la responsabilité d'une grande partie des drames vécus par les populations arabes, incombe à des puissants de ce monde qui ont fait, et qui font, toujours, mauvais usage de leurs forces. Ils sont responsables moralement de beaucoup de crimes. Le sont-ils légalement ? Les théoriciens du Droit répondront oui. Les réalistes diront que Blair, Bush ou Sarkozy ne sont pas Laurent Gbagbo ou Hissen Habre ou Omar El Bachir et que c'est un fait que depuis son entrée en fonction, en juillet 2002, la Cour Pénale Internationale n'a mené d'enquête et lancé de procédure que contre des dirigeants de pays, tous du continent noir! Quant aux autres, il se pourrait que leurs peuples les vomissent mais ils seront, toujours bien accueillis chez nos généreux frères arabes. 1- Titre inspiré de la déclaration à la presse de Sarah O'Connor, la sœur d'un militaire anglais, mort en 2005. *Avocat. |
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