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Laïchoubi Mohamed, conférencier international, spécialiste des
collectivités territoriales et diplomate, estime que l'Etat a
besoin d'une citoyenneté forte, garante d'une stabilité sociale.
Il plaide ainsi pour un véritable dé bat et une cohérence territoriale et sociale. Animant une conférence sous le thème « Les territoires et sociétés face aux crises internationales » samedi dernier au palais de la culture en présence du wali de Tlemcen, Saci Ahmed Abdelhafid, et des ex-ministres Khellil Abdelkader et Tebbal Farouk, M. Laichoubi a articulé sa conférence autour de quatre points essentiels : « Territoires et sociétés : enjeu crucial », « Recompositions géostratégiques et compétitions exacerbées », « Enseignements de crises : printemps arabes », et « L'Algérie dans ce contexte de crises ». De prime abord, le conférencier, au regard critique sur les faits de société, a ouvert son intervention en disant : « Ce que je vous propose, c'est d'étudier les sujets mais sur la base de cette maxime d'Ibn Khaldoun qui disait qu'il faut combattre les démons du mensonge à la lumière de la raison. Ça a l'air d'être une maxime comme ça, mais en réalité elle est fondamentale. Quand on fait de l'investigation, notamment dans les sciences humaines et politiques, il ne faut jamais être ni dans la frustration ni dans la colère, sinon on risque d'obérer une partie et de rater une partie de l'analyse. Parce que la définition de nos propres choix et donc de la gouvernance sont totalement liées à notre capacité à lire le monde ». En enchainant que pour faire avancer nos sociétés, les questionnements, les débats sont une problématique majeure, parce qu'une grande nation ne peut pas s'accomplir sans s'approprier son imaginaire et sans définir ses propres stratégies. « Une élite n'est crédible que si elle est utile à sa société, que si elle y est enracinée. Un pays sans imaginaire est un pays menacé dans son devenir. Il est donc primordial de saisir l'évolution de la société, mais aussi il est important de comprendre le monde qui nous entoure. Ce sont deux paramètres essentiels », explique-t-il. Mais, pour ce chercheur, d'une grande connaissance des études stratégiques internationales, le débat sur l'organisation territoriale et sur un trop grand nombre de questions liées à notre société est récurrent en Algérie. « Nous devons même quand nous sommes critiques, .. la critique, mes amis physiciens le disent mieux que moi, c'est de créer des forces antagonistes et leurs antagonismes vont produire et de l'énergie et des avancées. Nous devons créer de vrais espaces politiques. C'est-à-dire que je peux avoir un antagonisme, mais il faudrait que cet antagonisme crée une production intellectuelle, une pensée politique. Il faut que nous ouvrions ensemble les vrais débats sur l'organisation territoriale et la recomposition sociale et l'urbanisme. Et donc les vrais débats, les chiffres sont là, d'autant que nous sommes dans une reconquête de notre territoire, nous ne connaissons pas dans un même bâti ! Quelles sont les articulations qui nous permettent de créer une nouvelle société ? Est-ce les cages d'escalier des immeubles ? Pas de places publiques, pas de théâtre, pas de centres culturels. Pas d'espace, le lieu de compromis où les nouvelles sociétés se créent. Le débat est là, il est posé, mais il est posé dans la sphère gouvernementale. Il n'est pas posé dans la sphère publique et dans l'opinion globale. Vous savez, nous remarquons tous dans tous les milieux urbains quand nous sortons sur la circulation automobile, nous remarquons une violence verbale anormale qui est annonciatrice de difficultés pour un peuple qui a vu des égorgements, des déchirures et du sang couler, nous vivons encore ce traumatisme. Alors nous disons qu'est-ce qui se passe ? Alors est-ce qu'on peut avoir un débat outillé, un débat dense. Nous avons besoin d'espaces communs, des articulations? Aujourd'hui, nous avons besoin de recorriger nos reconquêtes territoriales pour éviter les évènements urbains et autres explosions urbaines comme ça a été le cas à Constantine, Alger et aujourd'hui à Ghardaïa. Et donc on s'aperçoit que la conquête de notre territoire s'est faite de façon chahutée. On a pratiquement suivi la même démarche du colon qui agit par regroupements. Nous avons subi des traumatismes et nous ne les avons pas absorbés. Nous avons créé des groupes sociaux qui sont antagonistes. Il faut créer le débat, il faut mettre en place les articulations majeures pour mieux avancer. Il faut débattre de soi. Il faut qu'on ré-aborde nos questions avec lucidité, avec l'amour du pays, de notre société et honnêteté intellectuelle. L'Etat a besoin d'une citoyenneté forte, garante d'une stabilité sociale et d'une adhésion aux différents projets de progression économique et sociale, alors que le citoyen a besoin également d'un Etat fort garant de sécurité, de justice et de progrès. Ce rapport d'efficience est inéluctable ! L'inefficacité de l'un entraine la dégradation de l'autre ! », indique-t-il. Ses expressions abondent en outre pour un investissement fondamental : « Travaillons la cohérence, travaillons la société. Faisons un débat, faisons une politique budgétaire, faisons une politique économique, l'investissement fondamental. L'IDE, les Etats-Unis dans leur espace stratégique d'Amérique latine, l'Europe et autres donnent 24% de leurs capacités d'investissement, le Japon dans son espace stratégique qui intègre la Chine, son adversaire, donne 26,4%. L'Europe combien elle donne à la profondeur stratégique Maghreb-Afrique ? Je vous la pose la question. Et bien 2%, voilà l'enjeu ?! Et donc, le capital a un comportement politique. Le capital occidental en Asie et les Américains agissent pour l'intégration du capital, les plus grands ateliers, bien que ce fût un espace pourri à l'époque des guerres et les nombreux antagonismes de la région. Le Maghreb sur 30, 40 ans, nous n'avons vu aucun investissement déclencheur d'emploi stratégique ou fondamental, en dehors de petites PME de pacotille ou de petits aspects sur d'autres secteurs. Cela veut dire quoi, je ne dis pas qu'il faut être contre l'IDE. Mais le transfert technologique ne viendra jamais de l'IDE. Le transfert technologique viendra de nos jeunes. Le Pakistan, sa bombe atomique, c'est son Khan formé en Angleterre, devenu brillant et rentre dans son pays et met en place la dynamique nucléaire du Pakistan, l'Iran etc. Ça veut dire la production de l'intelligence ! cohérence territoriale etc. Donc on n'a pas mis le pari sur la production de l'intelligence. Pour le cas de l'Algérie, il faut éviter l'illusion du développement. Pas uniquement l'Algérie, mais aussi, les printemps arabes d'une manière générale et comment ils ont été fabriqués. L'Algérie a une particularité, c'est qu'on connait les réalités du fractionnement. Deux de plus d'une révolution on voulait nous fracturer notre territoire et détacher le sud algérien de l'ensemble du nord algérien. Donc, on connaît ça, on connait ce danger de la fracturation et le vaccin est là. Le vaccin c'est un ciment, c'est la révolution ! L'Algérie sur 30 ans parle d'équilibre régional, elle est menée d'une façon efficace ou non, c'est un autre débat, mais elle est habitée par cet inconscient un peu de justice social et de mettre à niveau. Elle accélère encore plus sur les 15 ou 20 dernières années, et sur les 7, 8 dernières années vis-à-vis du sud. Alors l'ensemble de ces approches ont peut-être mis l'Algérie à l'abri ». Il est a noter que cet évènement organisé par l'ECOLIMET de Tlemcen. |
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