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Les tensions
géostratégiques en Ukraine ont fait flamber le prix du pétrole qui a été coté
le 27/02/2022 à 12h GMT, 98,57 dollars pour le Brent et 91,93 dollars pour le
Wit.
Les principaux prix du gaz en Europe ont augmenté de plus de 50%, pour atteindre des prix de 44 dollars par million d'unités thermiques britanniques, les prix, selon l'indice «TTF», avec une accalmie dès le 25 février 2022 à 35 dollars par million d'unités thermiques britanniques (équivalent à environ 200 dollars le baril sur la base d'un pouvoir calorifique), pour rester à leur plus haut historique. Dans ce contexte, le dossier du pétrole et gaz de schiste, les réserves de l'Algérie étant énormes, environ 20.000 milliards de mètres cubes gazeux que j'ai eu l'honneur de diriger pour le gouvernement, sous le titre «opportunités et risques» avec 20 experts internationaux en janvier 2015 est revenu à la surface. Cependant il s'agit d'avoir une vision stratégique et de l'insérer dans le cadre d'un Mix énergétique tenant compte des nouvelles mutations énergétiques mondiales axées certes sur l'importance du gaz en tant qu'énergie propre, sur les énergies renouvelables 2022/2030 et l'hydrogène horizon 2030/2040. Lors d'une rencontre avec la presse nationale, le président de la République, le sujet du pétrole et du gaz de schiste a été abordé, dossier stratégique engageant la sécurité nationale, ne devant pas être utopique 98% des recettes en devises directement et indirectement provenant des hydrocarbures, irriguant toute la société algérienne, et encore pour longtemps du fait que tous les pouvoirs depuis l'indépendance politique n'ont pas engagé les véritables réformes structurelles, je le cite : «si nous voulons élever le niveau de vie, cette richesse doit être exploitée, mais l'exploitation du gaz de schiste nécessite un débat national». 1.- Concernant le dossier du pétrole et gaz de schiste, l'agence américaine sur l'Énergie a estimé que le Monde aurait environ 207 billions de mètres cubes réparties comme suit : la Chine 32, l'Argentine 23, l'Algérie 20, les USA 19, le Canada 16, le Mexique 15, l'Australie 12, l'Afrique du Sud 11, la Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes. Les gisements de gaz de schiste en Algérie sont situés essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine- Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. De l'avis de la majorité des experts, l'énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c'est une opportunité pour l'Algérie, sous réserve de sa rentabilité économique (non rentable actuellement pour l'Algérie le coût d?un puits étant estimé entre 15/20 millions de dollars), de la protection de l'environnement et des nappes phréatiques d'eau du Sud. La majorité des experts notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue et posant une problématique sociétale, une bonne communication en direction de la société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il a été préconisé que ses dirigeants évitent de s'exposer aux débats, devant laisser au ministre seul habilité politiquement à exposer ses arguments. À ce titre, il est souhaitable pour ce dossier sensible que soit mise en place une commission institution indépendante relevant non d'un département ministériel, évitant d'être juge et partie, mais du président de la République ou du premier ministre, associant la société civile de chaque région, des experts indépendants, des représentants du ministère de l'Energie et d'autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. Même en cas d'accord favorable, les moyens financiers de l'Algérie étant limitées, sans un partenariat gagnant-gagnant étant une impossibilité et en plus sous réserve du respect de l'environnement et de la rentabilité, afin ne pas induire en erreur l'opinion publique, l'éventuelle exploitation ne verra pas le jour avant 2025. 1.-Je rappelle la structuration de l'étude que j'ai eu l'honneur de diriger s'articulant autour de huit axes (voir notre contribution internationale Africa Presse Paris 26/02/2022) « Pétrole et gaz de schiste: opportunités et risques» assisté de 20 experts internationaux 10 volumes 980 pages Premier Ministère Alger- 25 février 2015 : Volume I : Synthèse à partir de la sélection de rapports transmis de managers de différents horizons d'experts internationaux et nationaux Volume II- Données technico-économiques sur le gaz de schiste par les experts internationaux ? Volume III- Ceux qui mettent en relief le danger contre l'environnement et prônent la maîtrise technologique -Volume IV- Ceux qui prônent son exploitation mais sous condition d'une formation pointue - Volume V- Les nouvelles techniques comme alternatives à la fracturation hydraulique -Volume VI - Etudes sur la rentabilité économique du pétrole-gaz de schiste aux USA et dans le monde - Volume VII- Avis des experts de Sonatrach et du Ministère de l'Energie et débats contradictoires entre experts algériens -Volume VIII- Annexe -Extrait du rapport pour le gouvernement américain réalisé par plus de 200 experts en date du 27 octobre 2014 sur les mutations des filières énergétiques dont le pétrole-gaz de schiste : 2015/204 Reality Check On US. Governement Forecasts For A Lasting Tight Oi, Shale Gas Bom. La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à haute pression (environ 300 bars à 2 500/3000 mètres) contenant des additifs afin de rendre plus efficace la fracturation dont du sable de granulométrie adaptée, des biocides, des lubrifiants et des détergents afin d'augmenter la désorption du gaz. 2.- Il faut savoir d'abord que le gaz de schiste est concurrencé par d'autres énergies substituables et que les normes internationales donnent un coefficient de récupération en moyenne de 15/20% et exceptionnellement 30%, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, les réserves se calculant selon le couple prix international des énergies et coût. 3.- La durée de vie d'un puits dépasse rarement cinq années, avec une décroissance de la production, devant se déplacer vers d'autres sites assistant donc à un perforage sur un espace déterminé comme un morceau de gruyère. 4.- Environ 200 puits donnent 10 milliards de mètres cubes gazeux non conventionnels. 5.- La rentabilité implique ? au vu de la structure des prix actuels au niveau international, concurrencé par le gaz conventionnel- un coût minimum de 9/12 dollars le MBTU pour les canalisations et un prix de cession supérieur à 15/17 dollars le MBTU pour le GNL. L'on devra tenir compte de la profondeur (le coût n'est pas le même pour 600 mètres ou 2000/3000 mètres supposant le bétonnage), le coût du forage du gaz non conventionnel d'un puits devrait être moins de 5/7 millions de dollars pour être rentable, alors que selon les experts il donnerait dans la situation actuelle 18/20 millions de dollars par puits. 6.- L'exploitation de ce gaz implique de prendre en compte la forte consommation d'eau douce, et en cas d'eau saumâtre, il faut des unités de dessalement extrêmement coûteux, autant que les techniques de recyclage de l'eau. 7.- Des installations annexes sont nécessaires pour éviter des effets nocifs sur l'environnement, (émission de gaz à effet de serre), la fracturation des roches pouvant conduisant à un déséquilibre écologique Et en cas de non maîtrise technologique, elle peut infecter les nappes phréatiques au Sud, l'eau devenant impropre à la consommation avec des risques de maladies comme le cancer. 8.- Seuls les USA maîtrisent, encore imparfaitement, cette technologie de fracturation hydraulique. Un co-partenariat incluant des clauses restrictives avec d'importantes pénalités en cas de non-respect de l'environnement et la formation des Algériens pour tout opérateur étranger, USA et autres, est indispensable. L'étude montre que d'autres techniques sont en cours économisant l'injection de l'eau douce et les produits chimiques. Aujourd'hui, pour récupérer le gaz de schiste, la technique utilisée est la fracturation hydraulique, consistant à injecter un fluide consistant d'environ 90% d'eau, 8 à 9,5% de « proppants » (sable ou billes de céramique) et 0,5 à 2% d'additifs chimiques ? sous très haute pression. Au niveau tant de la communauté scientifique que des opérateurs l'objectif premier est d'améliorer la fracturation hydraulique, les recherches s'orientant sur la réduction de la consommation d'eau, le traitement des eaux de surface, l'empreinte au sol, ainsi que la gestion des risques sismiques induits. Concernant le problème de l'eau qui constitue l'enjeu géostratégique fondamental du XXIème siècle (l'or bleu), selon les experts, trois types de fluides peuvent être utilisés à la place de l'eau : le gaz de pétrole liquéfié (GPL), essentiellement du propane, les mousses (foams) d'azote (N2) ou de dioxyde de carbone (CO2) et l'azote ou le dioxyde de carbone liquides. L'utilisation des gaz liquides permet de se passer complètement ou en grande partie d'eau et d'additifs. Pour les mousses, par exemple, la réduction est de 80% du volume d'eau nécessaire étant gélifiées à l'aide de dérivés de la gomme de Guar. Ainsi sans être exhaustif, du fait de larges mouvements écologiques à travers le monde, des alternatives à la fracturation hydraulique sont encore à un stade expérimental et demandent à être plus largement testées, l'objectif étant de minimiser l'impact environnemental de la fracturation hydraulique tant pour les volumes traités que pour la qualité des eaux traitées et de diminuer significativement la consommation d'eau et/ou d'augmenter la production de gaz. La fracturation au gel de propane est en cours d'utilisation où l'eau pourrait être remplacée par du propane pur (non-inflammable), ce qui permettrait d'éliminer l'utilisation de produits chimiques. Nous avons la fracturation exothermique non-hydraulique (ou fracturation sèche) qui injecte de l'hélium liquide, des oxydes de métaux et des pierres ponce dans le puits, la fracturation à gaz pur peu nocive pour l'environnement surtout utilisée dans des formations de roche qui sont sensibles à l'eau à maximum 1500 m de profondeur ; la fracturation pneumatique qui injecte de l'air comprimé dans la roche-mère pour la désintégrer par ondes de chocs, n'utilisant pas d'eau, remplacée par l'air mais utilisant certains produits chimiques en nombre restreints ; enfin la fracturation hydroélectrique) qui libère le gaz en provoquant des microfissures dans la roche par ondes acoustiques, utilisant selon les experts pas ou très peu d' eau, ni produits chimiques, mais nécessitant beaucoup d' électricité. 2.-Mais pour l'Algérie existent également d'autres alternatives, tout en continuant à explorer le pétrole et le gaz traditionnel rendant urgent les décrets d'application de la loi des hydrocarbures et le code d'investissement pour attirer les investissements hors hydrocarbures. Le premier axe est d'améliorer l'efficacité énergétique car comment peut-on programmer 2 millions de logements selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommations d'énergie alors que les techniques modernes économisent 40 à 50% de la consommation ? Par ailleurs s'impose une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales). A cet effet, une réflexion doit être engagée par le gouvernement algérien pour la création d'une chambre nationale de compensation, que toute subventions devra avoir l'aval du Parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d'encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale. Le second axe est le développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l'avenir. Or, la réalité est amère pour les énergies renouvelables, malgré des discours et de nombreux séminaires, elles représentent moins de 1% en 2021 au sein de la consommation globale. Or, avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. La production à grande échelle permettrait de réduire substantiellement les coûts tout en favorisant à l'aval une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. Le taux de financement du fonds technologique pour les énergies renouvelables devrait être revu à la hausse à 3% minimum afin de pouvoir permettre le soutien entre le tarif garanti permettant la rentabilité de l'investissement. Grâce aux recettes d'hydrocarbures alimentant ce Fonds, l'Algérie peut éviter de faire supporter ces investissements sur le consommateur à revenus faibles, à l'instar de l'Allemagne où la différence entre le prix garanti et celui du marché est reportée sur les factures des consommateurs via une surtaxe, suite à sa décision de sortir du nucléaire d'ici à 2022. Des mesures incitatives doivent être prévues par une politique volontariste à travers l'octroi de subventions pour couvrir les surcoûts qu'il induit sur le système électrique national et la mise en place d'un Fonds national de maîtrise de l'énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. Le programme algérien consiste à installer une puissance d'origine renouvelable de près de 22000 MW dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l'électricité et 10 000 MW à l'exportation, d'ici 2030, l'objectif de l'Algérie étant de produire 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Nous avons des estimations contradictoires lors de plusieurs conseils des ministres entre 2008/2019, entre 100 et à 60 milliards de dollars entre 2020/2030. Le problème, l'Algérie aura-t-elle les capacités d'absorption, la maîtrise technologique pour éviter les surcoûts, la maîtrise du marché mondial et ne sera-t-il pas préférable de réaliser ces projets dans le cadre d'un partenariat public-privé national, international. Le troisième axe selon les experts, horizon 2030/2050, l'hydrogène est une piste sérieuse enrichissant le «mix» ou le bouquet énergétique mondial, pour le transport et le stockage des énergies intermittentes et pourrait aussi permettre de produire directement de l'énergie tout en protégeant l'environnement, l'hydrogène en brûlant dans l'air n'émettant aucun polluant et ne produisant que de l'eau. Un rapport rédigé le 22 janvier 2014 par des experts pour le Parlement français à partir de tests expérimentaux montre qu'un (1) kg d'hydrogène libère environ trois fois plus d'énergie qu'un (1) kg d'essence, mais que pour produire autant d'énergie qu'un litre d'essence, il faut 4,6 litres d'hydrogène comprimé à 700 bars (700 fois la pression atmosphérique). Cette étude rappelle également qu'il suffit d'un kilo de d'hydrogène (H2), stocké sous pression, (représentant un coût d'environ huit euros) pour effectuer une centaine de kilomètres dans un véhicule équipé d'une pile à combustible. Toujours selon ce rapport, à terme, avec le développement conjoint des véhicules à hydrogène et des piles à combustible destinées aux bâtiments et logements, on peut tout à fait imaginer le développement d'un réseau de production et de distribution transversale et décentralisée d'énergie. Dans ce schéma, organisé à partir de réseaux intelligents «en grille», les immeubles de bureaux et les habitations produisaient ou stockaient leur chaleur et leur électricité sous forme d'hydrogène et pourraient également alimenter en partie le parc grandissant de véhicules à hydrogène. Mais ce concept fonctionnerait également dans l'autre sens et les voitures à hydrogène, lorsqu'elles ne seraient pas en circulation, deviendraient autant de microcentrales de production d'énergie qui pourraient à leur tour contribuer à l'alimentation électrique des bâtiments et logements. En conclusion, il ne faut pas se réjouir de cette hausse des prix des hydrocarbures pour les pays rentiers qui ont une économie peu diversifiée, de dresser le solde net de la balance devises entre l'augmentation des recettes des hydrocarbures et les importations en devises de biens d'équipements, de matières premières et des biens alimentaires qui augmenteront de la même proportion. Concernant le dossier sensible du pétrole-gaz de schiste, il faut l'insérer dans le cadre de la transition énergétique pouvant donc être une opportunité face à l'épuisement de ses ressources traditionnelles horizon 2030 mais devant évaluer les risques sans passion (le Pr Abderrahmane Mebtoul a été le chef de fil de la délégation algérienne au sommet de la société civile des deux rives de la Méditerranée le 24 juin 2019 à Marseille où il a présidé la commission de la transition énergétique au sein de l'espace des 5+5+ Allemagne et donné une conférence sur ce thème en présence du président français, des ministres des Affaires étrangères des 5+5+Allemagne dont l'Algérie et des organisations financières internationales FMI/BM OCDE Union européenne). Tout processus de développement repose sur la bonne gouvernance et la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures. Les choix techniques d'aujourd'hui engageant la société sur le long terme, seul le Conseil national de l'énergie, présidé par le président de la République, est habilité à tracer la politique énergétique future du pays. *Professeur des universités, expert international, directeur d'études ministère énergie Sonatrach - 1974/1979-1990/1995-2000/2007-2013/2015 |
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