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Au moment où
nous sommes à la lisière d'une épidémie qui n'a épargné aucun continent et qui
risque d'être déclarée par l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) comme
pandémie nous donnons l'impression d'aborder ce sérieux problème comme une
fatalité; les pouvoirs publics sont pris en tenaille entre préparer les
citoyens à affronter ce qui est fort pressenti comme une épidémie inéluctable
et la crainte de mettre le feu à une panique qui couve; la population est
partagée entre la négation, la crainte et la dérision comme en témoigne les
différentes publications sur les réseaux sociaux et si beaucoup de messages
semblent relever de l'ironie et du satirique, ils véhiculent entre les lignes
des réalités qui font partie de notre vécu qui constitue un amalgame de facteurs
pouvant aggraver la circulation et la contagiosité du virus et c'est à ce
niveau que la communication officielle et les recommandations font défaut; le
quotidien fait de situations de promiscuité qui touche de nombreux domaines,
que ce soit dans les moyens de transport, les marchés, les lieux de culte, les
administrations, les services publics, les manifestations sportives, les fêtes
et les deuils, une réalité qui tapisse le chemin à la propagation rapide du
virus et qu'il va falloir prendre en considération pour se parer à réduire au
maximum l'impact de cette épidémie potentielle.
Il faut le dire, le citoyen n'a pas été éduqué à se sentir responsable dans ces situations qu'on croyait arriver qu'aux autres ; et c'est un souvenir lointain qui me revient d'il y a plus de trente ans, à l'occasion d'un voyage aux Lieux Saints; on a été surpris par le fait que les pèlerins asiatiques principalement venus de Malaisie et d'Indonésie portaient des masques (déjà) pour éviter de transmettre la grippe aux autres croyants ! Ce qui à l'époque nous laissait perplexe ! Et parfois même moqueurs et d'ailleurs, même de nos jours nous nous sommes habitués à voir ces masques que dans un environnement médical ; malheureusement, aujourd'hui, nous constatons qu'on accuse un retard énorme dans l'éducation du citoyen aux principes élémentaires de la prévention et du sens de la responsabilité, en matière d'hygiène personnelle et collective qui pourront nous coûter très cher. Et même si ce virus sera l'onde de choc, il sera difficile de rattraper le temps perdu, d'ailleurs même les moyens élémentaires pour faire face, font défaut et à peine les informations commencèrent à fuser, d'ici et là, que les masques sont devenus denrée introuvable et pour les plus chanceux qui pouvaient s'en procurer les prix ont plus que doublé ; les affairistes n'auraient jamais manqué une occasion pareille pour se faire plus de pognon ! A ce jour, aucune communication officielle, émanant des autorités sanitaires, n'a été adressée aux praticiens dans leurs cabinets ! alors que dans beaucoup de pays des informations claires, actualisées sont régulièrement transmises aux personnels de santé, aussi bien public que privé ; mieux encore ces derniers sont assurés d'avoir à titre gracieux les masques , les solutions de désinfection, car faut-il le rappeler le médecin qu'il soit généraliste ou spécialiste, est le premier rempart auquel le malade s'adressera au cabinet ; un endroit confiné avec un risque accru de transmission et de contagion auxquels et le médecin et les autres malades sont exposés. Le personnel médical est le plus amené à être contaminé comme en témoigne les nombreux cas enregistrés en Chine pays où émergea le virus ; il devra être protégé au maximum pour prendre en charge les éventuels contaminés et les malades de tous les jours. Ce virus à l'origine confinée à l'espèce animale et dont le réservoir semble être la chauve-souris, a été transmis à l'homme par le contact étroit avec des animaux domestiques eux-mêmes porteurs du virus. (1) Il fait partie de la même famille des coronarovirus (nom attribué en raison de sa forme en couronne) que ceux ayant provoqué, par le passé, des épidémies notamment en Chine avec le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), 8.000 personnes infectées en 2003. Et en péninsule arabique avec le MERS (syndrome respiratoire du Moyen orient) 2.500 cas identifiés, en 2012, mais dont la dangerosité et la contagiosité ont été assez limitées et restèrent confinées à certaines régions. Le virus responsable de cette pandémie actuelle a été baptisé ?2019nCoV' ou plus communément ?Covid 19' dont la séquence génétique a été identifiée par les scientifiques chinois ( le12-01-2020) ce qui a permis de mettre au point très rapidement, par de nombreuses firmes de tests de diagnostic connus, dans le jargon médical, de PCR; il se diffère des autres coronavirus connus par sa propension à se transmettre rapidement et malgré tous les moyens mis en œuvre en, à peine, quelques semaines, il a été détecté dans presque tous les continents, les premiers cas ont été signalés le 31-12-2019 ; les plus vulnérables sont les personnes âgées notamment ceux portant des tares (diabète, cancers, déficit immunitaire) les enfants semblent épargnés et résistent bien à la contamination Le personnel médical et paramédical est exposé en raison des manœuvres indispensables de réanimation et même si on ne connaît pas encore toutes les voies possibles de transmission et la période exacte d'incubation estimée entre 2 et 14 jours, ce qui explique d'ailleurs la période recommandée de mise en quarantaine. Les scientifiques sont sûrs de la transmission par voie aérienne par les gouttelettes expirées, crachats et éternuements, pouvant atteindre des personnes situées jusqu'à 2 m de distance par des porteurs de virus symptomatiques ou non. Le virus est considéré comme fragile dans le milieu ambiant tempéré mais il faut prendre ces informations avec circonspection car étant à l'acmé de l'épidémie les données peuvent changer, en fonction des études en cours. Les autres voies potentielles et suspectes sont les vomis et les selles. Les signes sont principalement d'ordre respiratoire (toux, difficultés à respirer) et digestifs (diarrhées vomissements). La gravité (malades nécessitant une réanimation) selon les études chinoises, dans leur contexte, oscille entre 15 et 35% ; mais dont la majorité est âgée et atteinte d'autres maladies chroniques. Le traitement est, aujourd'hui, empirique, il se base sur la prise en charge des complications surtout respiratoires ; toutefois comme traitement étiologique, on expérimente des antiviraux utilisés lors des précédentes épidémies dues à des coronarovirus apparentés avec lesquels ils présentent des similitudes sur le plan génétique. Ces médicaments sont coûteux et donc non disponibles dans la plupart des pays, en développement, de même que les moyens de réanimation classiques. Et c'est là que la prévention prend toute son importance et tous les moyens devront y être consacrés. C'est maintenant qu'il faut agir sans attendre le moment redouté de la dissémination de la maladie mais hélas nous pouvons être septiques quand beaucoup de régions manquent cruellement d'eau pour se laver, quand les réseaux d'assainissement sont délabrés ou carrément inexistants, quand l'information est puisée sur internet et les réseaux sociaux, quand des moyens de protection se font rares ou introuvables, contredisant les informations officielles. Il est bien de recommander aux malades de se laver les mains ; mais il va falloir leur apprendre la manière, dès l'école et surtout son intérêt dans la limitation de toutes les maladies manu-portées et cela commence par l'aménagement de toilettes propres hygiéniques, approvisionnées en d'eau, dotées de produits de désinfection, car au vu de la plupart des sanitaires des écoles, lycées, universités, nous sommes encore loin d'y arriver. Le contrôle de cette épidémie devra faire impliquer tout le monde, chacun à son niveau, les familles, les enseignants, les imams, les médias, le personnel médical et paramédical, les associations, les gouvernants et ce sera l'occasion de créer une nouvelle dynamique de propreté, tant corporelle qu'environnementale et non pas une action ponctuelle sans lendemain qui nous rendra vulnérables, à chaque éclosion de nouvelle épidémie. *Docteur |
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