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«La démocratie
est une rose, elle ne dure qu'un temps, le temps d'une saison, le temps d'une
élection ; elle est fragile, son jardin nous envoûte, son parfum nous enivre,
ses pétales sont nos rêves et ses épines sont nos réalités...»
Une fois l'indépendance acquise, le FLN s'installe confortablement et durablement dans un patriarcat primaire. Le patriarcat est une forme d'organisation dans laquelle l'homme est le détenteur exclusif de l'autorité, il décide sans consulter quiconque et n'a de compte à rendre à personne, même pas à lui-même, puisqu'il ne fait jamais de bilan pour savoir où il en est pour ne pas savoir où il va. Il est comme sur une bicyclette, s'il arrête de pédaler, il tombe. Des hommes qui se donnent pour tâches d'alimenter, de nourrir, de donner de l'argent et de protéger la famille de tout danger extérieur. Les femmes ont de leur côté pour charge l'éducation des enfants et l'organisation interne du foyer. La femme est reine dans son royaume. En dehors c'est l'affaire des hommes. Dans une société patriarcale, les relations humaines sont des rapports de force par conséquent très violents ; dans une société démocratique où la femme est considérée comme l'égale de l'homme, elles sont le résultat de négociations devant déboucher sur un consensus. C'est pour dire que le patriarcat n'est pas fondé sur le mode de relations horizontales, c'est-à-dire sur la base de relations contractuelles donc démocratiques mais plutôt sur des relations verticales, c'est-à-dire de subordination pure et simple. La domination est-elle spécifiquement masculine et la soumission exclusivement féminine ? Il est vrai que depuis des siècles, la femme a été soumise à l'homme (le père, le frère, le mari) comme il est également vrai que l'homme a été sous domination des envahisseurs étrangers (des Vandales aux Français en passant par les Arabes et les Turcs). La France n'est pas venue en Algérie pour la civiliser mais bien pour la militariser et en faire une armée de supplétifs prête à combattre à ses côtés le nazisme, le communisme, le terrorisme. Pour y parvenir, la France a pénétré l'intimité de la société algérienne afin d'en faire un levier puissant de domination et de dépendance. La France a perdu la guerre par l'épée, elle l'a gagné par l'esprit. Coloniser un pays c'est conquérir son territoire, c'est posséder son corps, c'est pervertir son âme. L'indépendance ne signifie pas la fin de l'aliénation. Elle change de corps mais pas d'habit. Le FLN va se substituer à l'autorité coloniale. «Quand la hache pénétra la forêt, les arbres dirent le manche est des nôtres». A son corps défendant, la société va céder son destin à ses nouveaux maîtres. Confiante, elle a troqué son indépendance et sa liberté en échange d'une protection et de la nourriture Pour ce faire le pouvoir s'est approprié le bas-ventre (les richesses du sous-sol) pour remplir son ventre (nourriture). Ayant pris goût, il veut en faire sa demeure éternelle. C'est le repos du guerrier. A la faveur d'une manne pétrolière et gazière providentielle, l'élite au pouvoir n'a pas hésité à caresser le peuple dans le sens du poil en lui chuchotant à l'oreille : «Dormez, dormez braves gens, l'Etat veille sur votre sommeil» et le peuple y a répondu, massivement, en poursuivant son sommeil jusqu'à ce que mort s'en suive. Comme le lit est «multiplicateur» en couchant à deux, on se retrouve à trois puis à quatre, à cinq souvent dans la même chambre. On pousse les murs, on cloisonne le salon, on déshabille la cuisine, on supprime le balcon, On dort à tour de rôle pour finir dans la rue sans toit et sans loi ; on fait du «chahut», la répression s'abat, l'islamisme politique fait son apparition, la violence aveugle voit le jour, le terrorisme se mondialise le prix du baril grimpe, les pétrodollars affluent, les caisses de l'Etat débordent de monnaie. Des milliers de logements clés en mains sont importés de Chine, implantés sur des terres fertiles, livrant ses habitants à l'insalubrité et à l'insécurité. 90 % de la population se trouvant concentrés au nord du pays sur 10 % du territoire, ressemble à cette barque des harraga qui chavire sur la Méditerranée en quête du paradis perdu. L'objectif étant de faire de l'Algérie la nation la plus peuplée du monde dans un mouchoir de poche. C'est ainsi que la population a vu son nombre multiplié par cinq en suivant la consigne tacite «Faîtes des enfants que vous voulez mais surtout ne vous mêlez pas de politique, elle n'est pas faite pour vous», c'est notre domaine de compétence exclusif. «Contentez-vous d'applaudir nos réalisations». Le peuple abusé se révolte contre les abus du FLN, l'islamisme surgit du néant, s'arme et se jette dans la bataille perdue d'avance, le heurt est violent. La société est traumatisée. Un miracle se produit, une pluie diluvienne de dollars va s'abattre sur une Algérie meurtrie, nettoyant toute trace de sang sur son passage. L'argent providentiel panse les plaies, la blessure est profonde, elle nécessite une chirurgie. Le médecin refuse. La radio est en panne. Un calmant est administré au patient. C'est de la morphine. Il en prendra jusqu'à l'overdose. L'Algérie est dans une salle d'attente. La femme est montée en grade, son mari bat en retraite. L'argent remplace le phallus au lit, castre l'homme et avilit la femme. L'autorité et la responsabilité forment un couple séparé. Elles font chambre à part. Celui qui décide n'est pas responsable et celui qui est responsable ne décide pas. Les jeunes couples se forment et se déforment, à la vitesse de la lumière. L'argent facile va et vient et fait des enfants. Nous nous couchons à deux et nous nous retrouvons à trois, quatre puis à cinq. Qui assume la responsabilité ? Evidemment personne. Les enfants n'ont pas demandé à venir au monde. Ils sont, à leurs corps défendant, livrés à eux-mêmes. Ils sont tombés du ciel, des enfants abandonnés en quelque sorte. De source «très bien informée !», on nous rapporte que le père se soûle, la mère se prostitue, les enfants se noient. La drogue fait des ravages. Que faire ? Une société infantilisée a besoin d'un père. L'image du père : autorité, rigueur, fermeté, protection, sécurité, nourricier. Elle cristallise ses envies, ses craintes, ses aspirations et ses rêves sous l'autorité d'un chef unique. Les enfants ont besoin qu'on leur raconte des histoires et qu'on leur achète des jouets. Seuls les parents peuvent remplir ce rôle. Le pétrole comme mère nourricière éternelle et l'armée comme père protecteur invincible. Une fois que leurs enfants sont adultes, les parents doivent cesser de jouer ce rôle, ils doivent accepter que leurs enfants s'opposent à eux pour grandir. En les empêchant, la société se retrouve avec une tête d'enfant dans un corps d'adulte. Pour le gouvernement, le peuple est une dépense budgétaire (charge à supporter) et non une recette budgétaire (ressource à mobiliser) ; pour la masse, l'Etat est un entrepôt de marchandises importées (création de monnaie) et non une usine de production locale (création d'emplois). Une société où les hommes et les femmes sont des enfants n'est pas à la recherche d'une économie productive et d'un Etat de droit mais d'une mère nourricière et d'un père protecteur. Un Etat de droit pré suppose un peuple mature laborieux et un Etat sérieux régi par une morale. En terre chrétienne, «tu mangeras ton pain à la sueur de ton front» ; en terre algérienne, «tu auras ton pain à la souplesse de ton échine». Dans un Etat de droit «nul n'est censé ignorer la loi» ; dans une société tribale, personne ne connaît la loi, tous se soumettent au clan dominant. Nous marchons sur notre ventre et nous réfléchissons avec nos pieds. La misère rassemble, la richesse divise. L'une purifie, l'autre corrompt. Au regard de Dieu, l'encre du savant est aussi précieuse que le sang du martyr. Quand le ventre est plein, la tête chante, les mains applaudissent, les pieds dansent, la terre tremble, l'âme se terre. A contrario, un ventre vide n'a point d'oreilles. Ni l'arabité, ni la berbérité, ni l'islamité, ni la laïcité ne remplissent le couffin de la ménagère. Que l'on soit arabophone ou francophone ; musulmans ou mécréants, que l'on soit de l'est, de l'ouest, du centre ou du sud, nous tendons tous la main à l'Etat providence (en direction de la «djefna» remplie de couscous par la grâce de Dieu, où il faut jouer du coude pour avoir la meilleure place à proximité de la viande, des légumes, les faibles se contenteront de la semoule) C'est dire que la situation est complexe et les causes multifactorielles. Dans les sociétés occidentales, la démocratie correspond à leur trajectoire historique, à leur philosophie politique, à leur élite intellectuelle qui place la femme au centre des préoccupations de l'homme. C'est une donnée endogène à la société européenne qui reflète sa propre histoire gréco-romaine et ses propres croyances religieuses judéo-chrétiennes. Une société qui «féminise» les hommes dans leurs émotions, leurs sentiments, leur psychologie et «masculinise» les femmes dans leurs façons de vivre, de s'habiller et de travailler. Une société où l'éducation des filles et des garçons est indifférenciée. Des couples qui mettent au monde des enfants sans attachement familial, centrés sur leurs propres désirs. Une société où l'argent remplace le phallus au lit, castre l'homme et avilit la femme Une société où l'homme perd sa virilité et la femme sa féminité. Une société où la femme investit l'espace public et l'homme se réfugie dans l'espace privé. Les femmes ont investi, massivement, le marché du travail où toutes les carrières professionnelles leurs sont ouvertes. En Algérie, les hommes fuient l'effort physique, l'endurance morale, les métiers manuels et agricoles et se consacrent au commerce de l'alimentaire et du cosmétique. Nous assistons à une «féminisation» rampante de la société. Une société où l'époux n'a plus d'autorité sur son épouse qui vaque librement à ses occupations abandonnant l'éducation de ses enfants les livrant aux démons de la rue. Une société où la femme fatiguée par un rythme infernal qu'elle s'impose, s'épuise très vite, vieillit mal et meurt prématurément. Une société où les liens de filiation sont rompus ; le frère ne demande plus après son frère et les parents ne cherchent plus après leurs enfants. Des enfants roi qui se transforment en adultes tyran. Est-ce l'individualisme que l'on recherche, c'est-à-dire une société dans laquelle nos enfants ne seront plus solidaires de leurs familles mais agissent comme bon leur semble comme s'ils étaient tombés du ciel, c'est-à-dire des enfants «x». Des individus asexués sans identité, sans racine, sans ancêtre, sans traditions, sans milieu, sans foi ni loi qui n'obéissent qu'à la force du grand nombre. En investissant massivement le marché du travail, les femmes se sont coupées de leurs enfants pour en faire plus tard des adultes asexués. C'est cela la société démocratique qui nous envoûte, nous absorbe, nous ensorcelle. Nous adoptons, sans état d'âme, le mode de vie et de pensée occidental. Nous tournons le dos à nos racines, à notre histoire, à nos traditions, à notre religion. Nous finirons par rester seul face à soi-même, sans lien de filiation, sans honneur, sans dignité dans un dénuement total et un égarement manifeste. Tout cela pour dire que la femme est à la démocratie ce que l'homme est pour la dictature. Sur un autre registre, l'Islam habille les femmes en les entourant de mystères alimentant les fantasmes des hommes. Et l'Occident dénude les femmes et les expose en vitrine au regard impudique des hommes. Que nous enseigne les démocrates occidentaux : «Faîtes ce qu'on vous dit, et ne faites pas ce qu'on fait». La laïcité n'est pas un cache sexe et le voile n'est pas une ceinture de virginité. «Une femme sans foulard est comme une maison sans rideaux, elle est soit à vendre, soit à louer pensent les conservateurs. Que les uns et les autres nous dévoilent leur part d'ombre et leur part de lumière. Entre la rigueur islamique et les libertés laïques, le monde arabe se recherche. En Islam, être marié revêt une part importante de la religion musulmane. Le seul cadre pour l'activité sexuelle, c'est le mariage. Le mariage est devenu tellement cher que les prétendants au mariage attendent jusqu'à trente ans, sinon plus, pour se marier et à condition de disposer d'un logement et d'un travail ou d'un commerce. Le taux de chômage en Algérie est parmi les plus élevés, dans le monde arabe et touche particulièrement la jeunesse. Les deux tiers de la population ont moins de trente ans. Le chômage touche plus de 30 % de la population, en âge de travailler. Ce taux résulte de l'absence de stratégie saine de développement et d'une opacité dans la gestion des ressources financières du pays, sans oublier un système éducatif inadapté où des diplômés de l'université sont sans emplois. Il s'agit d'un chômage de longue durée qui contribue à la dévalorisation de l'enseignement. Les compétences enseignées ne correspondent pas souvent aux besoins du marché. A suivre *Docteur |
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