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Du grec « amour de la sagesse », la philosophie est l'affaire de tous. Peut-elle nous concerner en cette période délicate où l'Algérie navigue sans projet de société et que sa gouvernance se heurte à de maintes difficultés ? Même un semblant de démocratie n'arrange plus la situation, car, comme disait le président Bourguiba : « Chacun de nous à une république dans sa tête ». L'Algérie indépendante a misé sur le pétrole et ses dérivés négligeant du coup l'homme et son éducation. La carence d'une bonne culture nous infligea une grogne qui n'aide pas à vivre. La tête a besoin de vitamines. Peut-on la combler par une bonne dose culturelle ou plutôt philosophique ? Elle doit s'inscrire en droite ligne sur la portée helléniste des anciens comme Platon, Socrate, Aristote, etc. Quand bien même cela aurait nourri de prémices des grands philosophes arabes tels qu'Ibn Sina, Averroès, El Khawarizmi, El Ghazali, etc. Très passéistes sur les bords, nous dormions sur nos lauriers pour ruisseler sur nos héros. Le rabâchage historique n'a pas atténué l'effet de violence. Notre socle affectif a besoin de remède culturel. Peut-être en cultivant les fleurs et lisant Socrate, la pensée s'imbibe d'une nouvelle intelligence et redresse le marasme intellectuel dans lequel nous baignons. Alors, essayons une belle dose de nourriture spirituelle, comme disait André Gide, au lieu des nourritures terrestres. «Prendre soin de son âme» par des connaissances morales. La conception du « Bien » se résume en un mot : le bonheur. Ce qui est bon est bien utile au bonheur. Cette santé d'âme, de la joie intérieure qui donne la force et l'harmonie de l'âme, de la vertu. La conception de la vertu se résume dans cette formule difficile à bien comprendre : la vertu c'est la science. La philo n'est pas qu'une quête du bonheur. On s'interroge sur le sens de la vie. Le philosophe n'est-il pas un voyageur ? affirme Michel Serres à Bernard Pivot dans son émission « Apostrophe ». Un visiteur du monde qui se gorge de savoirs. Un philosophe se met en ?'position blanche'' comme le gardien de but avant le penalty, c'est-à-dire en état intermédiaire, qui lui permet d'espérer saisir. ?'Penser, c'est anticiper''. Il préconise ?'des exercices spirituels'' afin de modifier notre rapport au monde sans chercher midi à quatorze heures. Cette prise de conscience par soi-même est un plaisir philosophique, un plaisir d'exister. Plaisir philosophique qui s'oppose à l'angoisse de l'homme, comme le pensait Baruch Spinoza dans cet art de la joie. Fortifier les affects joyeux pour augmenter la force d'agir? Mettre les règles en œuvre sinon c'est un cliquetis de mots. Exiger d'aller hors de soi qu'on appelle le ?'perfectionnisme moral'', cette façon de vivre, de trouver sa voie que préconise David Thomas. Il avait choisi de construire sa baraque tout seul au bord du lac Walden. De même, Kant dans sa ?'Logique'' déclare que chacun doit s'employer à trouver son horizon, un regard pour agir. Schopenhauer utilise l'art pour ne pas être trop malheureux. Anti-épicurien, il utilise la volonté comme principe vital, d'où son Aphorisme sur la sagesse, l'art de vivre heureux (l'endomologie). Schopenhauer joue tous les jours des transcriptions pour la flûte des airs des opéras de Mozart, les plus joyeux. Il propose un certain nombre de règles à suivre, comme le fait de passer une partie de la journée seul. « La vie oscille comme une pendule, de gauche à droite, de la souffrance à l'ennui ». Marc Aurel va jusqu'à prédire de construire ?'une citadelle interne'' dotée d'ataraxie (absence de troubles). Le rhizome, ce concept le plus fertile de la pensée, ce réseau sans centre, sans tronc central, c'est la notion du réseau (web). Des idées qui fertilisent les pensées futures ? Et si la pensée flottait en l'air ? Il n'y aurait pas de raisonnement possible. L'imagination est une superpuissance, ennemie de la raison, source d'illusions. Les limites de mon langage sont les limites de mon monde, ce que proclame Kamel Daoud, un enfant du vers et non du verset. Wittgenstein, dans son Tractatus logico philosophique en 1921, 80 pages, thème central axé sur le rapport entre le monde et le langage. Des faits, rien que des faits. Un monde décomposé en une série de faits ou Etats du monde dans une cohérence logique (langage). Le but de la philosophie est la clarification des pensées. ?'Tractacus'' devient le manifeste du cercle de Vienne. La philosophie, disait Hegel, est ce que l'Everest est à l'alpiniste. La naissance de la phénoménologie avec Husserl est une méthode pour fonder la philosophie comme science porteuse des essences (connaissances). La doctrine des essences, positiviste, dotée d'attitudes cartésiennes. Un élan vital, une passion pour la logique, une ontologie, une branche qui traîne de l'existence de ce ?'bipède sans plumes''. Le but de la philosophie est d'élaborer une théorie rationaliste de la société. L'homme est une extension des icônes qu'il a créées, d'après l'école de Francfort (la voiture devient un emblème de notre besoin de reconnaissance). Le sage n'a besoin de rien, ni de personne. ?'Pour aller mieux, il faut chercher à être tranquille'', la mort borne l'horizon. ?'L'ego transcendantal'' qui échappe à l'expérience, cet élan de la conscience dérive vers l'épochê, réduction phénoménologique, monde objectif mis entre parenthèses, toute croyance existentielle est suspendue. La notion est centrale, elle suppose conscience et ouverture du monde : c'est l'intersubjectivité. La science cognitive (neuroscience), ?'penser, c'est calculer'', une coquetterie rhétorique ! La philosophie demeure toujours cet art de se poser des questions. Une quête du sens et de l'essence des choses, Kant parle d'un vaste océan, empire des illusions. Un mode de vie ? Elle trouve son sens et sa joie dans l'articulation entre pensée et vie réelle, ainsi ?'voyager'' en harmonie avec sa pensée sans quitter sa chambre. |
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