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En
dépit des multiples campagnes de lutte et une batterie de textes législatifs,
le tabagisme ne fait que progresser au sein de la société algérienne.
C'est le constat fait, hier, sur les ondes de la Radio nationale par Djamel eddine Nibouche, professeur en cardiologie, à l'Hôpital ?Naffissa Hamoud', Ex-Parnet, à Hussein Dey. Comme il affirme que « la loi n'est pas appliquée pour interdire de fumer, dans les milieux publics », un délit, en principe, passible d'une amende de 2.500 à 5.000 DA, dans le cadre de la nouvelle loi sur la Santé. Les chiffres actuels, sur les effets du tabagisme, en Algérie, sont effrayants : il y a 15.000 décès, par an, en Algérie, directement liés au fait de fumer, 30% des cas de cancer sont dus au tabagisme et en 2030, 2 millions d'Algériens pourraient mourir du tabagisme. Dans le monde, 12.000 personnes meurent, par jour, du fait de fumer. « Le tabagisme est un fléau mondial, une problématique de santé publique », estime le professeur Nibouche, selon lequel, 45 millions de personnes vont mourir, dans 50 ans, victimes du tabagisme, citant des chiffres de l'OMS. Mais, il relève que le danger du tabagisme est réel en Algérie où « l âge d'initiation se situe autour de 15 ans.» Pour autant, et en dépit de la législation, mise en place pour lutter contre le tabagisme, depuis 2006, et la Convention internationale de lutte contre le tabac, ratifiée par l'Algérie, la problématique du tabagisme « dans notre pays reste entière. » Car selon lui, les textes existent, encore faut-il les appliquer, comme « interdire de fumer, dans les lieux publics, qui est une action préventive, une action de santé publique de prévention, qui est importante. » Mais, « cela ne suffit pas, car le tabac est accessible aux enfants, et c'est un véritable crime, on vend du tabac devant les écoles, et il est devenu une drogue d'accès facile », déplore le professeur Nibouche. Rappelant que le ministère de la Santé a élaboré une stratégie nationale de lutte intégrée contre les maladies transmissibles, 2014-2018, il a évoqué l'engagement de l'Algérie, à lutter contre ces maladies, et dans cette stratégie, le ministère a élaboré, a-t-il dit, « un plan antitabac avec 9 objectifs et 4 plans d'actions, dont le renforcement de la lutte antitabac, d'offrir une aide au sevrage tabagique, et mise en place d'un système global de surveillance du tabagisme. » En mai dernier, une enquête de la FOREM avait montré l'ampleur du tabagisme, en Algérie, et plus particulièrement au sein de la population scolarisée. Selon cette enquête de la FOREM, 14,8% des collégiens et 2,2% de collégiennes fument, alors que 34,3% de lycéens et 3,6% de lycéennes fument, également. Pour le professeur Nibouche, «il est difficile d'appliquer les textes, notamment, de lutte contre le tabagisme», et «la question est : qui va appliquer les mesures de lutte anti-tabagisme ? Il faut mettre un système de lutte efficace et rigoureux», car, estime t-il, «il existe un problème de civisme, dans notre société.» Comme il y a, également, des actions importantes, dont l'interdiction de vente de tabac aux mineurs, gonfler la taxe sur les tabacs, même si, selon lui, «cela ne suffit pas. La lutte antitabac est très complexe.» En Algérie, on a constaté qu'il existe 20% de fumeurs, 40% de tabagisme passif, alors que 70% des adolescents sont au courant des méfaits du tabagisme, dont le cancer, explique le professeur Nibouche, qui pointe du doigt le « lobby du tabac et des intérêts qui travaillent, à contre sens, des campagnes anti-tabagisme », tandis que « le tabagisme féminin prend des ampleurs inquiétantes, en Algérie, avec des risques de cancer et de maladies cardiovasculaires. » Estimant que la cigarette électronique a été introduite comme mesure de sevrage antitabac et que la Chicha « est beaucoup plus dangereuse », il a souligné qu'il faut « s'atteler è interdire de fumer dans les lieux publics, et la vente de tabac aux mineurs, quitte à verbaliser les buralistes qui vendent du tabac aux jeunes, et prévoir, même, des sanctions pénales. » |
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