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Natif du quartier Médioni où ses copains de jeu étaient Mahjoub, Sayeh, Diden Berradja, Nourredine Berrahal et Hamadi, Ouahrani aurait pu signer au SCMO au lendemain de l'indépendance. Or, c'est à l'ASMO qu'il y effectuera toute sa carrière. Pourquoi ? Parce que tous les jours, il allait porter le déjeuner de midi à son père, qui tenait un magasin de meubles au boulevard Zabana, côté Ville-Nouvelle. Mais avant cela, il a fait ses premières armes à l'ASE, aux côtés de Bendida, Bentazi et Bouziane. C'est qu'il avait de solides prédispositions pour le poste ingrat de gardien, alors qu'à ses débuts, il évoluait comme joueur de champ. Plus tard, cela l'a aidé dans la «lecture» du jeu. Son coup d'oeil et son placement ont complété sa panoplie de gardien sûr et sobre. Les tournois organisés sous l'égide du FLN de 1958 à 1962 l'ont confirmé dans son poste car, au sein de l'US Daouadji, il était le titulaire indiscutable en dépit de sa jeunesse, aux côtés des chevronnés tels Kadou, Moussa Lakhdar, Ould Ali et Zaïter. Avec les Bendida, Belaroui, Nemeur et Moudoub, cette équipe allait constituer le noyau de l'ASMO 1962/63. Larbi Ould Ali, qui était joueur et fin connaisseur, a orienté le jeune Djillali vers l'ASMO. Et c'est ainsi qu'il eut l'honneur d'évoluer aux côtés de ses idoles. Sous la férule de l'inoubliable président Kacem Hamida, épaulé par Aboukebir Baghdad, Benyebka Habibo, Chouidla Abdelkader et Boucetta, l'ASMO s'engagea dans la compétition après avoir reçu les précieux renforts de Beddiar, Ouis et Zrégo. La barre technique était solidement tenue par Hadefi Hadj. C'était parti pour une dizaine d'années où Ouahrani a fait preuve d'une constance exemplaire et ce, en dépit d'une forte concurrence commentée par ailleurs dans cette page. Contraint de raccrocher à 29 ans, un âge où les gardiens sont au sommet de leur art, Ouahrani, à défaut d'être entraîneur, s'est reconverti en recruteur, encadrant la belle et prolifique pépinière asémiste, qui a tant donné aux équipes nationales, toutes catégories confondues. Il aura une pensée pour tous ses entraîneurs, et notamment Hadefi, Draoua, Gnaoui, Ariza, sans oublier Reguieg dit «Pons» et Bekhloufi. Il saluera les efforts et l'apport des Hamhami, Saha Abdelkader, Belkheïra. Quant au défunt Habib Youcef, il tient une grande place dans son coeur, car c'est avec lui qu'a été lancée l'opération prospection des benjamins et minimes. «Notre politique, c'était de faire tourner l'effectif. Si le joueur espoir n'arrivait pas à intégrer l'équipe fanion, on l'orientait vers un autre club où il pouvait continuer à progresser. Moralité: on travaillait pour nous et pour d'autres clubs», soulignera-t-il, non sans raison. Il a une idée bien arrêtée sur ce volet: «Les clubs actuels ont tort de ne pas faire appel à leurs anciens joueurs pour effectuer la prospection, surtout lorsque ces derniers sont des bénévoles et non des techniciens rémunérés. C'est dommage que leur expérience ne soit pas exploitée. D'ailleurs, cela se ressent au niveau des équipes actuelles. Il est rare de trouver un joueur doué, ce qui était courant à une certaine époque». Heureux chef de famille, cinq fois grand-père à 65 ans, le placide Ouahrani ne caresse plus qu'un rêve: celui d'effectuer une omra ou un hadj. Souhaitons que ce voeu se réalise au plus vite, car cet homme s'est constamment distingué par son affabilité. C'est simple, même ses anciens adversaires le tiennent en haute estime. Une longévité dans la cage asémiste Nous les avons comptés soigneusement: ils sont sept gardiens à avoir concurrencé Ouahrani. Chacun avait son style. Certains étaient plus athlétiques et recueillaient les adhésions de ceux qui aimaient les keepers au physique imposant. D'autres paraissaient plus doués. Mais finalement, c'est Ouahrani Djillali qui aura duré le plus longtemps. Et, sans une grave blessure au genou, il aurait joué plusieurs saisons de plus. Au départ, il y avait Zoubir, engagé comme adjoint de Hadefi Hadj mais qui avait encore de beaux restes. On citera Ouzaïd (le frère de l'ancien avant-centre de l'USMO), Bendahma. Il y eut ensuite le «géant» Dey, titulaire indiscutable durant six années au MC Oujda, et sélectionné d'Oranie. Amar, Abbes et Belkhater se mettront en évidence. Du beau monde en vérité. Comment Ouahrani, pourtant de taille moyenne, a-t-il pu se faire une place au soleil ? Première raison: ayant été titularisé en 1962 alors qu'il était junior, il a pris conscience de ses moyens. Seconde explication: tous ses entraîneurs lui ont fait confiance. Troisième explication: il a toujours fait preuve de sérieux et d'assiduité aux entraînements, ce qui justifie sa progression. «Je pouvais mieux faire si ce n'était cette fâcheuse blessure. Elle m'a bloqué alors que je m'améliorais. J'ai stagné et, alors, j'ai préféré m'arrêter pour laisser la place aux jeunes», dira-t-il avec une pointe d'amertume dans la voix. Tant dans les années fastes que dans les saisons où il fallait se battre pour éviter la descente, Ouahrani a été de tous les coups. Déjà, il était au sein de l'équipe championne d'Oranie 1962/63 et qui a participé au tournoi à quatre remporté par l'USM Annaba. L'ASMO s'est classée troisième dans des circonstances dramatiques suite au décès du président Kacem Hamida, que tous les joueurs considéraient comme leur père. Il était toujours avec le onze qui a acquis un très bon classement en 1956/66, terminant au quatrième rang, derrière le CR Belcourt de Lalmas (champion), l'ES Guelma et le SCMO. Cette saison-là, début avril 1966, il a fait preuve d'un courage extraordinaire. Blessé dès la cinquième minute, il a tenu très convenablement sa place, plongeant de façon téméraire à deux reprises dans les pieds des attaquants de l'ES Sétif. Ce jour-là, il n'a encaissé qu'un seul but, imputable à ses défenseurs. Gardien d'une régularité exemplaire, Ouahrani a effectué une très bonne carrière à l'ASMO. Tous ses coéquipiers gardent de bons souvenirs de ce garçon au caractère affable et facile à vivre. Superstition Certains supporters de cette époque ont remarqué, qu'avant l'exécution d'un corner contre son équipe, Ouahrani touchait l'un des montants avec la tête et le talon. Explications de l'intéressé: «C'est par superstition, un gardien doit provoquer la chance !» Staff A l'initiative du regretté Habib Youcef, un impressionnant staff technique a été constitué pour se charger de la prospection et la formation. Ouahrani a donné un précieux coup de main à ce staff où il y avait Hamhani, Bendoukha, Saha, Belkheïra, Larbi, Belayachi, Alaoui et Benslimane. Concurrence Djillali aurait bien aimé que son fils Miloud assure la relève. Très prometteur de la catégorie cadette jusqu'en espoirs, il est parti sur un coup de tête, n'acceptant pas la concurrence d'un certain Aït Zeggagh Amine, plus athlétique il est vrai. Désistement Remplaçant lors du match de Coupe contre le MCA et à la demande de Pons qui n'était pas composé parmi les treize, Ouahrani s'est désisté au profit de son coéquipier. Le regretté Abdelkader, entré en seconde période, a donné du fil à retordre à la défense du MCA, qu'il «dynamita» au match retour en inscrivant trois buts. Et dire qu'il était en fin de carrière... Pathétique Au mois d'avril 1965, le père de Ouahrani, Hadj Mohamed, était très malade. Après le repas sportif, il décida d'aller lui rendre visite en compagnie de Hadj Hadefi. Arrivé au «haouch» familial à Médioni, ses proches lui ont affirmé que son père se portait bien et qu'il pouvait aller jouer contre le MC Saïda. Rassuré, Djillali est retourné sur ses pas, sans avoir vu son géniteur. Au cours de la partie, la nouvelle de la mort de ce dernier fut portée à la connaissance des dirigeants qui se gardèrent d'informer leur gardien, pour ne pas le perturber. Après le match, Hadj Hadefi lui a demandé de se rhabiller au plus vite. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il fut informé du décès de son père. Il est resté sous le choc durant plusieurs jours, sans verser de larmes. 44 ans après, ces moments continuent à l'émouvoir. On précisera qu'en dépit de son angoisse, c'est sa mère qui a préparé le sac de son fils. Joueur C'est la large artère Gabriel Fauré qui a servi de premier terrain de jeu pour le jeune Ouahrani Djillali et ses copains, en particulier Mahjoub, Bentazi, Diden, Sayeh et Miloud (frère aîné de Djillali et responsable de l'équipe). A ses débuts, Ouahrani était joueur de champ avant de devenir gardien de but. Tournois C'est lors des tournois de quartier organisés par le FLN dans la période 1958-1962 que le jeune Djillali a confirmé ses dons de keeper. Encore junior, il a joué à l'US Daouadji avec ses aînés tels Zaïter, Moussa Lakhdar, Kadou et Ould Ali. Admiration Ouahrani s'est dit très heureux d'avoir côtoyé le défunt Dey, l'une de ses idoles qui l'a d'ailleurs encouragé. Il n'oublie pas non plus ses dirigeants de l'ASMO 1962-1963 et, bien sûr, le duo Hadefi Hadj-Aboukebir Baghdad dont l'oeuvre est historique dans ce club. Traitement Pour se soigner, Ouahrani s'est rendu à Paris. Et là, c'est Bendrama Nadir Belkacem qui l'a emmené chez un spécialiste, lequel lui a prescrit un traitement, lui conseillant d'effectuer des exercices spécifiques contre les palpitations. Meubles Employé à l'hôpital d'Oran durant neuf ans, Djillali devait suppléer son frère Miloud au magasin de meubles durant six mois. Il y est resté neuf années. Il a alors décidé de se prendre en charge dans son propre domicile avec la création de deux magasins et d'une chambre froide. Il est dans... ses meubles à présent. Heureusement, car sa pension est insignifiante. Équipe Il fut un temps où l'équipe de l'hôpital d'Oran avait l'allure d'une véritable ASP, avec Ouahrani, Boudjellal, Beddiar, Fenoun, Moussa, Ouis, Naïr Hadj, Benzemour, Bentazi, Meguenine, Nemeur, Nourredine et Ali Chérif qui occupait le poste d'avant-centre ! Cette équipe a battu l'US Santé, club de Nationale II où figuraient également de grands joueurs. Amar Indisponible pour cause d'opération au genou, Ouahrani devait être remplacé par Bendahma. Or, ce dernier, s'estimant avoir été lésé lors d'un repas, a refusé. Et c'est ainsi que le jeune Amar a été titularisé, à la satisfaction générale. Sélection Ouahrani a fait partie d'une sélection d'Oranie junior qui avait fière allure en 1962/1963 avec les Hasni, Embarek (PGS), Benzaïm, Kechra, Hireche et Fréha (FCO), qui a affronté une forte équipe du Centre où il y avait Tahir (GB) et Oualiken (NAHD). Ce match s'est déroulé en lever de rideau des sélections seniors. Leader Ouahrani vouait une admiration sans limite à Reguieg Abdelkader. «Souvent, dans les vestiaires, il est parvenu à nous motiver en tapant du poing sur la table de massage. C'était un grand monsieur et un authentique leader, dans et en dehors du terrain», témoignera Djillali. |
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