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Journée internationale de la femme: Les messages de Bouteflika

par Ghania Oukazi

Le président de la République exhorte «les instances habilitées» à revoir les réserves de l'Algérie sur certains articles de la Convention internationale de lutte contre toute forme de discrimination contre la femme.

C'est à l'occasion de la Journée internationale de la femme que Abdelaziz Bouteflika a lancé cet appel qu'il lie avec la tenue, à Alger, ces deux derniers jours, de la 5ème Assemblée générale de la déclaration de la conférence de Kigali, relative au rôle des services de sécurité, dans la lutte contre les violences faites à la femme et à la fille. La coïncidence de la tenue de cette AG et la célébration, hier, de la Journée de la femme laisse le chef de l'Etat souligner que «mon message ne doit être (dans ce cas) qu'une invitation forte et franche aux instances habilitées pour revoir les réserves de l'Algérie sur certains articles de la Convention internationale de lutte contre toute forme de discrimination contre la femme ». Il précise que ceci doit se faire «conformément aux acquis que nous avons obtenus, dans le cadre de la promotion et de la protection de la femme, et le respect de nos référents religieux ». Il affirme, en même temps, être fier de la participation de l'Algérie, dans la stratégie sur « la femme, la sécurité et la paix, », dans le cadre de la Ligue arabe et en collaboration avec les Nations unies.

Il a commencé son intervention en soulignant que « le peuple algérien célèbre, aujourd'hui, la Journée internationale de la femme sur fond de grands changements, dans notre pays et dans la réalisation desquels la femme a participé matériellement et moralement ». Bouteflika rappelle à la forte assistance féminine invitée, hier, à un déjeuner, à l'hôtel ?El Aurassi', que « j'ai toujours tenu durant les années précédentes à partager cette fête avec la femme, une fête de l'ensemble du peuple algérien, et ce parce que je lui voue respect et considération, elle, qui a participé grandement, au recouvrement de l'indépendance de notre pays et de sa souveraineté ». Il l'a fait, aussi, ajoute-t-il «parce que je tiens à ce qu'on œuvre, inlassablement, à éliminer progressivement, tout ce qui a été engendré par le colonialisme (?) ».

Le chef de l'Etat avoue qu' «il est difficile d'éliminer cette accumulation de privation des droits et des libertés de la femme et aussi, de changer les mentalités et les comportements qui ont retardé l'émancipation de la société dans sa complémentarité, entre l'homme et la femme (?) ».

Mais relève-t-il « nous avons œuvré, sereinement, depuis des années, à corriger une telle situation et de rééquilibrer la société pour qu'elle renaisse avec toutes ses couches et ses strates, libérées de toute discrimination entre les sexes, exemptée par la compétence et ce qui a été déterminé par les référents spirituels. »

L'Islam, la Constitution et la femme

Pour le président de la République «l'Islam a insisté sur le respect de l'être humain, masculin et féminin, la préservation de sa dignité, la consécration de ses droits matériels et moraux et l'a préparé pour être le meilleur représentant sur terre ». Il reconnaît que « de nombreuses lois et règlements, élaborés par les sociétés, ont été développés, tout au long de l'histoire (?), ce qui a rendu à la femme certains de ses droits et lui a permis de transmettre son message aux côtés de l'homme, sans distinction ou préférence entre les deux ». Mais, pour lui, « notre Islam et la Sunna de notre prophète ainsi que nos théologiens ont été permis d'honorer la femme et de lui consacrer ses droits. » Ce qui le laisse dire qu' «il n'est pas permis, à certains, de lier les dérives qui minent beaucoup de sociétés, y compris la nôtre, ce que je regrette, à nos références spirituelles ou à notre civilisation (?) »

Le président souligne que «les projets des grandes réformes que nous avons lancés, dans des secteurs sensibles, en même temps que la construction d'une économie productive garantissant les nécessités de la vie quotidienne et l'édification des infrastructures de base, même s'il y a des insuffisances parfois (?.), sont là et nous aident à faire face à la crise économique mondiale ». Les révisions progressives de textes de lois et règlements incluses dans ces réformes, Bouteflika les inscrit, au titre du « renforcement de l'Etat de droit, au profit de toutes les catégories sociales ».

Son évocation de la révision de la Constitution », à travers de larges consultations », le laisse dire que la loi suprême « doit être la référence, pour tous, dans tous les domaines ». Il affirme, alors, que « la Constitution garantit à tous, pouvoir et opposition, hommes et femmes, une plate-forme solide pour une gouvernance, à l'ombre d'un Etat de droit, consacrant les libertés et déterminant les responsabilités (?) ». Son rappel «d'une Constitution qui consacre de nouveaux droits à la femme et promeuve sa place dans le monde du travail et au niveau des responsabilités (?)» devient évident.

Les messages de Bouteflika par Houda Ferraoun

Bouteflika fixe trois défis que l'Algérie doit relever. Il note, en premier, l'éducation des générations futures et le devoir de la préserver des fléaux sociaux et les dérives (?). Il appelle, au titre du second défi, « la femme à participer à la prise de conscience de notre société pour qu'elle soit vigilante et active en faveur de la préservation de la sécurité de l'Algérie, dans ces moments où notre région connaît des dangers et des crises qui s'enflamment, quotidiennement ». Le président exhorte en outre « le peuple algérien à se rendre compte de la sensibilité de la conjoncture, à augmenter de vigilance et ce, pour préserver la sécurité de notre pays et son indépendance ». En dernier, il appelle à « continuer le processus de notre relance économique et à protéger nos choix de justice sociale et de solidarité nationale(?) à travers le difficile virage qu'empruntent nos rentrées financières, depuis la terrifiante chute du prix du pétrole.» Plus de travail, plus d'efforts « pour l'exploitation de toutes les compétences du pays pour que l'Algérie traverse, sans gravité, cette crise conjoncturelle » est sa conclusion des messages qu'il a voulu transmettre, hier, aux Algériens.

La lettre du président a été lue, curieusement, par la ministre des TIC et non par celle de la Solidarité nationale. Les commentaires d'un tel choix ne se sont pas fait attendre. Beaucoup pensent qu'il est annonciateur de changements proches et bien ciblés? Présent au déjeuner avec quelques ministres actuels et anciens, Sellal a eu à féliciter Leïla Borsali, chanteuse andalouse de l'école de Tlemcen.