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Une guerre
sournoise semble s'installer entre la centrale syndicale et le patronat privé
dont les responsables ont déclaré que Sonatrach, entre autres entreprises stratégiques, est
«désormais» à privatiser.
L'article 66 de la loi de finances 2016 crée de grandes polémiques mais surtout donne libre cours à des élucubrations, des supputations et dévoile les ambitions des détenteurs de grosses fortunes. A les entendre expliquer l'article en question, conquérir Sonatrach, Sonelgaz ou Air Algérie relève désormais du possible puisqu'il permet l'ouverture bien grande de leur capital et d'autres entreprises publiques de tout gabarit. De « la règle 51/49 » que le gouvernement a trouvée pour se partager les dividendes des partenariats avec les étrangers, il table aujourd'hui sur la «66/34» pour lier le public et le privé ou le privé avec lui-même. Le ministre de l'Industrie et des Mines ainsi que celui des Finances ont tous deux précisé que l'ouverture du capital ne doit se faire qu'entre des entités nationales, de surcroît résidentes en Algérie, pas ailleurs. Une précision qui n'a pas levé toutes les équivoques autour d'une disposition que le gouvernement semble vouloir garder floue pour probablement lui laisser diverses brèches ouvertes. Tout dépendra, bien sûr, du degré de réactions des pour et des contre cette privatisation des entreprises stratégiques, qui n'a pas encore dit son nom. Les inquiétudes du gouvernement face à « l'affaissement » des ressources financières du pays de plus de 40% suite à la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole et ses conséquences sur celui du gaz laissent, en tout cas, penser que tous les moyens sont bons pour reconstituer les réserves et combler les lourds déficits. «IL NE FAUT PAS REVER DE LA PRIVATISATION DE SONATRACH» Mais d'ores et déjà, en réponse aux dernières déclarations du patron du FCE à ce sujet, l'UGTA charge un de ses secrétaires nationaux pour préciser ses intentions sur l'article 66 de la loi de finances 2016. «Il ne faut pas délirer ou simplement rêver de la privatisation de Sonatrach ou Sonelgaz, ou même les autres entreprises publiques, il y en a qui ont essayé auparavant mais se sont cassé les dents et se sont même tapé la tête contre le mur », lâche sur un ton ferme, Ahmed Guetiche, secrétaire national de la centrale syndicale, chargé des relations générales avec les partis politiques et les associations. Les propos sont importants pour qu'ils soient considérés comme étant une simple réaction d'un secrétaire national, jaloux de ses principes d'une «gauche » en mal de repères. Il est clair que ses déclarations ont été maturées par son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui n'a pas dû avaler l'affirmation du patron du FCE au sujet d'un secteur qu'il a décidé de défendre pour l'inclure entièrement dans la bataille de la production nationale et pour la création d'une économie diversifiée. « Au lieu de s'échiner à remettre au goût du jour la privatisation des entreprises publiques, il y a mieux à faire et à réaliser par rapport à la crise économique qui risque de frapper de plein fouet les entreprises de tous les secteurs et de tout statut », dit Guetiche que nous avons contacté hier. La centrale syndicale estime qu'«au lieu d'utiliser des mots à la limite de la violence qui ne servent à rien sinon de se mettre en relief inutilement, il faut accompagner l'UGTA dans ses encouragements aux entreprises publiques et privées pour qu'elles puissent s'armer contre la crise en produisant national, et dans le travail de proximité qu'elle mène auprès du monde du travail pour le sensibiliser à produire et à consommer national ». La centrale syndicale demande par la voix de son secrétaire national de «conjuguer et de rassembler les efforts de tous, pour renforcer l'outil de production, adouber la production nationale à des processus de performance établis à travers le monde, préserver les emplois existants, en créer de nouveaux, et protéger le pouvoir d'achat des citoyens ». Elle demande à ce que ces revendications deviennent un leitmotiv pour et de tout le monde, quel que soit le statut ou le rang, c'est ce qui nous permettra de faire face à la crise économique et financière dont les conséquences nous feront mal à nous tous, sans exception aucune ». L'UGTA MENACE L'organisation de Sidi Saïd implore ceux qui veulent « uniquement ramasser de l'argent » en leur demandant « de grâce, soyons utiles à cette République et à ce pays ». Mais les avertit surtout « attention, si vous avez dans votre subconscient de vendre l'Algérie, attendez-vous à des chocs qui vont vous faire mal ! » Elle leur rappelle que « l'Algérie, grâce à ses institutions civiles et militaires et son valeureux peuple, s'en est sortie toute seule des affres du terrorisme et du programme d'ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI, ce n'est pas aujourd'hui que nous allons accepter que des apprentis sorciers nous replongent dans le désastre ». L'UGTA affirme par la voix de Guetiche que «si aujourd'hui, l'Algérie est devenue un havre de paix et de stabilité, et solvable à l'international, c'est grâce à deux décisions fondamentales du président de la République, la réconciliation nationale et le paiement de la dette par anticipation ». L'organisation de Sidi Saïd estime, selon son secrétaire national, que « nous n'avons pas plié sous le poids exterminateur du terrorisme et celui pénible du PAS, nous n'allons pas le faire sous la pression d'un prix de baril de pétrole en baisse alors que nous avons des potentialités nationales prêtes à relever le défi de la production nationale et la consommation nationale ». Pour peu, dit l'UGTA, que « nous arrêtons de nous insulter les uns les autres, de polémiquer sur des questions cruciales pour le pays et le peuple, et de nous mettre tous sérieusement au travail ». |
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