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Être médecin a été toujours
une fonction convoitée dans toutes les sociétés, c'est un statut qui assure
respect et honorabilité de par son apport humain et ses services qui soulagent
les maux et apporte un bien-être aux souffrants. La préservation de la santé
est une richesse incommensurable et un capital inégalé, vérité de La Palice
évidente. C'est aussi pour beaucoup d'étudiants l'assurance de trouver en fin
de carrière un poste de travail dans le secteur public ou libéral qui permettra
de gagner sa vie décemment après des années de durs sacrifices et labeurs.
L'Algérie n'échappe pas à cette règle ; la majorité des lauréats au baccalauréat faisaient des études médicales un des premiers choix jusqu'alors. Car c'était la représentation de la médecine et des sciences médicales (pharmacie et chirurgie dentaire) incarnée dans l'imaginaire de la société, mais nous constatons que depuis quelques années, la médecine n'a plus l'attrait qu'elle avait. La société s'est confinée dans une dichotomie inextricable autant qu'elle exige une prise en charge optimale et c'est légitime autant qu'elle ne rate aucune occasion pour pestiférer contre la corporation qu'elle tient pour première responsable de la qualité des soins déplorable et d'un dédain méprisant du patient. Dans de précédentes contributions sur le même journal et depuis plusieurs années, j'ai soulevé les différentes problématiques qui entravent le développement de la médecine et surtout cet objectif jamais apparemment atteint de satisfaction attendue et espérée par les citoyens en matière de prise en charge. Alors, je ne vais pas revenir sur les tenants et aboutissants, mais ce qu'il faut retenir et pour résumer la situation est que la santé du citoyen est une chose importante pour la laisser au gré de décisions hâtives et insuffisamment mûries et indécisions aux conséquences catastrophiques à plus ou moins long terme. Le constat actuel et au travers des revendications des étudiants en médecine qui prennent conscience des dangers qui guettent leur avenir était prévisible puisque cela a lieu seulement quelques années à peine après la révolte réprimée des résidents qui est restée sans devoir lui trouver les solutions durables. Elle semble contaminer maintenant l'échelle en plus bas. Il est légitime donc que les étudiants déjà engagés dans des études longues et difficiles d'apercevoir une lueur d'espoir qui couronnera la fin de leur cursus, soit en ayant l'assurance d'un poste de travail en tant que généralistes, soit en ayant la possibilité d'accéder à des études de post-graduation. Or, ceci n'est pas aussi simple que cela puisse paraître puisque cela implique la disponibilité de ressources financières et humaines et d'infrastructures adéquates, chose qui n'obéit pas au bon vouloir des uns et des autres et même la garantie d'avoir un poste ne semble plus répondre aux attentes puisque nous assistons à un véritable exode qui constitue un projet alternatif qui fait l'unanimité parmi ces étudiants. La revendication de l'authentification de leur diplôme sans aucune contrainte une fois leurs études achevées est un signal fort qui prouve ce vœu. L'entrave administrative qui empêche la délivrance de ce document est une manière maladroite et sur le plan juridique, elle ne trouve aucun substratum légal. Aussi, certains ont semblé trouver la parade celle d'exiger le remboursement du coût des études ! Une autre proposition qui, au lieu d'affronter le problème à la racine, ne trouve pas mieux que de s'attaquer aux symptômes de façon démagogique et populiste. La seule façon de les retenir est de revoir de fond en comble le statut des médecins et de la médecine afin d'encourager un plus grand nombre de s'investir dans leur propre pays, car, quoi qu'il en soit, il y aura toujours certains attirés par une expérience nouvelle comme c'est le cas pour n'importe quel autre pays aussi développé soit-il. Et sans essayer de cacher le soleil par un tamis, dixit un proverbe bien de chez nous. Le constat est amer. Ni la population ni encore moins les professionnels ne semblent être contents de leur relation avec le monde de la santé, qu'ils soient dans le secteur public ou même dans le libéral. Il va falloir donc rectifier le tir avant que ce ne soit trop tard. La formation de médecins certes doit obéir aux besoins exprimés mais pas au détriment de la qualité et des compétences. Nous ne sommes plus à l'ère des plans quinquennaux quand il fallait former coûte que coûte un certain nombre requis de médecins. À ce titre, la décision d'ouvrir des annexes de facultés de médecine, d'ailleurs remise en question par plusieurs professionnels du terrain, doit être revue et n'obéir qu'à des exigences de qualification scientifique. Les postes de formations que ce soit en graduation ou post-graduation doivent être décidées en fonction des moyens disponibles en matière d'encadrement et d'infrastructures équipées et répondant aux normes quitte à instaurer un numérus clausus qui devra être réévalué régulièrement selon la disponibilité des formateurs, des terrains de stage, des infrastructures normalisées et des besoins de soins de la population. D'ailleurs, si la revendication de l'ouverture de plus de postes de résidanat ne fera que translater la réalité vécue aujourd'hui par les médecins généralistes aux futurs spécialistes d'ici à peine quelques années, si on persévérera dans cette logique. Outre l'instauration du numérus clausus, la révision du cursus de la formation elle-même en fonction des données actualisées de la médecine et des moyens pédagogiques modernes, l'introduction de l'intelligence artificielle, la simulation informatisée, la prise en charge réelle, effective et réfléchie de la formation médicale continue en rapport avec les nouveaux besoins en soins et selon les standards internationaux et les pathologies émergentes. Les Algériens ne souffrent plus de dénutrition, de diarrhées et autres épidémies du tiers monde mais de cancers, de maladies de système, de problèmes cardiovasculaires et dégénératifs, d'un déficit en prise en charge des handicaps et de leur dépistage systématique ; en résumé : de maladies du monde moderne avec lesquelles il faudrait s'adapter. Les formateurs devront avoir les moyens de cette politique en plus de la prise en charge de leurs revendications salariales, ils ont besoin d'hôpitaux aux normes, bien équipés, gérés de façon rigoureuse sans interférence politicienne ; les médecins doivent bénéficier d'un statut à la hauteur de leurs efforts et responsabilités. Il ne s'agit pas seulement de ceux exerçant en public, mais aussi dans le secteur libéral qui, en fin de compte, est la destination finale de beaucoup de professionnels. Aujourd'hui, de par le monde, on s'arrache les médecins formés et prêts à être injectés dans le circuit de soins. Des passerelles sont créées pour faciliter leur intégration et en profiter à moindre coût. En Europe, la population médicale est vieillissante de même que la jeune génération opte plus pour les nouvelles technologies avec des études plus courtes, moins astreignantes et sans problèmes médico-légaux comme une épée de Damoclès. Les possibilités de s'exiler seront de plus en plus offertes et nous risquons la pénurie pas parce qu'il n'y a pas assez, mais tous les jeunes et moins jeunes diplômés trouveront une meilleure opportunité ailleurs. Une réflexion urgente doit être entamée afin d'éviter une catastrophe sanitaire qui engloutira tous les efforts consentis durant des décennies. *Dr |
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