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Après dix-sept heures de négociations ardues, les dirigeants de la zone
euro ont conclu hier matin un accord «unanime» pour négocier un troisième plan
d'aide à la Grèce et éviter in extremis une sortie du pays de l'union
monétaire.
« Le sommet de la zone euro a trouvé un accord à l'unanimité. Sommes tous prêts pour un programme d'aide pour la Grèce via le Mécanisme européen de stabilité(MES), avec des réformes sérieuses et un soutien financier», a indiqué le président du Conseil européen, Donald Tusk. L'euro a réagi à cette annonce en remontant à 1,1194 dollar un peu avant 07H00 GMT. «L'accord a été laborieux», a reconnu le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. «L'Europe a décidé d'une feuille de route. Maintenant tout dépend de la mise en oeuvre», a prévenu le Premier ministre estonien, Taavi Roivas sur son compte Twitter. Toute la nuit, les chefs d'Etat et de gouvernement des 19 pays de la zone euro avaient poursuivi leurs laborieuses tractations pour tenter de boucler un compromis permettant de maintenir la Grèce dans l'euro, à l'approche d'une réunion cruciale de la Banque centrale européenne. A l'aube, un compromis s'était dessiné, soumis aux 19 dirigeants, sur la liste des exigences réclamées à Athènes pour renouer le dialogue en vue d'un renflouement du pays. Mais pas suffisant pour que le gouvernement grec de gauche radicale cède, alors que des milliers de tweets l'appelaient - sous le hashtag «Thisisacoup» (C'est un coup d'Etat) - à résister aux diktats des créanciers du pays. La Grèce ne voulait pas que le FMI participe au financement d'un nouveau plan d'aide, pourtant exigé par l'Allemagne, et rejetait l'idée de créer hors du pays un fonds regroupant des actifs grecs à hauteur de 50 milliards d'euros pour garantir les privatisations promises. Selon un tweet du Premier ministre slovène, le premier à jeter l'éponge lundi matin en raison d'autres obligations, l'écart s'était toutefois réduit, «une seule question» restant à régler. En fin de nuit, le sort de la Grèce se jouait à quatre, entre la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, Donald Tusk et Alexis Tsipras. «Ils sont enfermés à quatre, on ne sait rien de ce qu'ils se disent», affirmait une source européenne. Si le texte soumis au petit matin ne prévoit a priori pas de sortie temporaire de la Grèce de la monnaie unique, comme évoqué noir sur blanc dans un projet des ministres des Finances, la menace a repris corps au fil des heures. D'autant qu'une fois conclu un accord, le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras aura fort à faire pour amadouer son opinion publique, à laquelle il avait promis de rompre avec l'austérité et les diktats des bailleurs de fonds. Or les réformes à présent réclamées par les créanciers de la Grèce, hautement impopulaires, sont encore plus sévères que celles qui ont été rejetées massivement par 61% des électeurs lors du référendum du 5 juillet. Pour se garder une marge de manœuvre, Alexis Tsipras a dû se rapprocher de l'opposition, au prix de dissensions internes à son parti Syriza, ce qui laisse craindre une nouvelle crise politique. «PISTOLET SUR LA TEMPE» «Avec un pistolet sur la tempe, toi aussi tu serais d'accord», a lâché, pour justifier les concessions, une source gouvernementale grecque. Les heures sont de fait comptées pour la Grèce, dont les caisses sont vides et l'économie exsangue. Le pays, soumis à un contrôle des capitaux et dont les banques sont fermées depuis le 29 juin, vit suspendu aux aides d'urgence de la BCE. Or celle-ci attendait «un signal politique» pour décider de maintenir ou non l'économie grecque sous perfusion, a souligné dimanche une source européenne proche des discussions. Sur le front européen, le chef du gouvernement grec a dû tout mettre en œuvre pour rebâtir la confiance qui s'est brisée au fil de ces six mois de négociations houleuses. Les discussions sur le sort de la Grèce ont aussi mis à rude épreuve le reste de la zone euro, en particulier le couple franco-allemand. Dès le début, le sommet de dimanche a pris l'allure d'un affrontement entre l'Allemagne, inflexible, et la France, qui prônait une ligne plus souple. La France «va tout faire» pour garder la Grèce dans la zone euro, avait assuré le président François Hollande. Pour la chancelière allemande Angela Merkel, il n'était pas question au contraire d'un accord «à n'importe quel prix». «La valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été perdue» avec Athènes, avait-elle ajouté. Les dirigeants ont négocié d'arrache pied sur un document ébauché par leurs ministres des Finances, plaçant la Grèce sous étroite tutelle en échange d'un éventuel plan d'aide financière, le troisième depuis 2010. |
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