Un voyage imprévu à l'étranger, c'est démoralisant quand on a déjà une
petite idée des prix des billets d'avion. Mais de ce côté-là, cela peut
s'arranger, quand même, par une ??touisa'' familiale. Reste donc, seulement, le
change de la devise. Et là, les choses se compliquent sérieusement.
Hier, au niveau d'une antenne de banque située dans le quartier du
Coudiat, dans le centre-ville de Constantine, on a rencontré une famille
composée de quatre membres qui devaient prendre l'avion, le jour même pour voir
un parent hospitalisé en Italie. « Son cas est critique, toute la famille et
même des amis ont cotisé pour l'achat de nos quatre billets d'avion », lance la
sœur du malade. Et d'ajouter : « Mais il est plus facile de demander l'aumône
en devise que de demander ces quelques billets à la banque, et ce n'est pas
donné encore, 16.500 DA, contre un billet de 100 euros ». Un petit tour nous a
conduit aux guichets de quelques antennes de banques situées dans le
centre-ville de Constantine. Les employés de certaines banques avancent la non-
disponibilité des imprimés nécessaires à l'opération de change en question et
orientent les gens vers une autre agence de la même banque mais située plus
loin dans la Casbah. Mais arrivés là-bas, on leur lance tout simplement à la
figure : « On n'a pas de caissier ». Il faudrait donc voir ailleurs. Mais cet
ailleurs n'est pas plus clément : « Aujourd'hui, on est occupé à payer les
retraités qui touchent leurs pensions en devises, revenez un autre jour et vous
serez servis ». A midi, il ne nous restait qu'une seule banque mais la
caissière nous dit : « Il fallait venir avant, à neuf heures ». « Notre famille
a renoncé à son droit de faire le change règlementaire à la banque, on n'a plus
qu'à se diriger vers le marché parallèle de devises, au moins là-bas, il n'y a
pas de bureaucratie et les cambistes trouveront beaucoup de joie à nous rendre
service », déclare, lassé, le frère du malade. Tous les employés de la banque
se voulaient rassurants et affirmaient qu'il n'y a pas un réel problème, mais
le constat est déjà là, le change touristique, on ne le fait pas dès qu'on a
son billet d'avion en main et qu'il faudrait de ce fait ne pas compter sur les
banques et d'essayer d'avoir toujours de la devise chez soi pour les imprévus
heureux ou malheureux. Alors que l'Etat mène une stratégie pour l'éradication
du marché parallèle de la devise, on pourrait aisément imaginer la facture
payée juste pour la journée d'hier avec la concurrence de ces banques qui ont
refusé de faire le change pour une raison ou une autre.