Un quota
supplémentaire de 200 logements vient d'être réservé dans le cadre du
relogement des familles occupant le bidonville dit «Le Virage», a-t-on appris
de source officielle. Ces logements en voie d'achèvement, dépassant un taux
d'avancement de 60%, qui relèvent du programme LPL implanté dans la daïra
d'Es-Sénia, viennent renforcer le paquet fin prêt de 200 logements, déjà
consacré à l'éradication de cet immense baraquement, qui tire sa toponymie
populaire du virage à hauteur duquel il a été érigé, à mi-parcours entre
l'entrée de la nécropole et le chef-lieu d'Aïn El-Beïda. Ainsi, 400 logements,
au total, sont mis au compte de l'APC d'Es-Sénia pour la prise en charge des
occupants recensés du site du «Le Virage» dans le cadre du programme RHP. La
mesure a été prise au niveau de la chefferie de l'exécutif de wilaya après
analyse de plusieurs variantes, mais non sans difficulté puisque les éléments
d'aide à la prise de décision, censés lui être fournis par les pouvoirs
municipaux, ont fait défaut.
L'essentiel est
là, en tout cas : une solution concrète a été bel et bien dégagée pour venir à
bout d'un vieux casse-tête qui a la peau dure, nommé «Le Virage», lequel
dossier a été durant des décennies appréhendé plutôt avec la politique de
l'autruche. On se dirige ainsi vers l'affichage d'une liste de 400
bénéficiaires, suivie au moment opportun d'un tirage au sort qui déterminera
les 200 d'entre eux qui auront droit à un logement déjà «habitable» et les 200
autres qui se feront remettre un acte de pré-affectation, en attendant
l'achèvement de leurs maisons. D'ici là, l'APC d'Es-Sénia doit, sous la
supervision et le contrôle étroit de la daïra présidée à titre intérimaire par
l'inspecteur général de la wilaya, (re)passer au peigne fin la liste de plus de
370 familles recensées en tant qu'occupants du site et arrêter une liste
définitive pour couper l'herbe sous le pied d'indus-postulants et autres
opportunistes de tous bords. Avant d'en arriver là, le problème se posait ainsi
: 256 familles étaient recensées (recensement caduc et non fiable puisqu'il
remontait à 2007) dans ce baraquement des plus déstructuré et compact,
débordant sur la route d'Aïn El-Beïda et la caserne d'à-côté. Cela revenait à
dire, donc, qu'il fallait faire patienter pour plus tard 56 ménages. Mais sur
quelle base les trier parmi la peuplade ? Le jeu du tirage au hasard, la
recette toute prête en pareil cas, ne pouvait marcher pour la simple raison que
le déménagement collectif devait être suivi, coup sur coup, par la démolition,
à l'instar de toutes les opérations d'éradication de l'habitat précaire
exécutées ces temps-ci à travers le territoire de la wilaya. Et comme les maisons
de fortune sont pratiquement entassées les unes sur les autres, il était
impossible de les raser foyer par foyer. La logique était de procéder par
petits îlots. A l'évidence, cela supposait une action dirigée, c'est-à-dire
contraire au principe d'égalité des chances que garantit le tirage au hasard.
Le bidonville a eu un traitement quelque peu «atypique» lors d'un conseil de
wilaya, dont le dossier «logement social» constituait le thème central de
l'ordre du jour. Le wali avait alors observé : «A moins que vous n'ayez une
idée meilleure, la solution consiste à reloger 200 familles, soit le nombre de
logements disponibles, en convainquant le reste que leur tour viendra
prochainement, pas qu'avec des paroles mais en leur remettant aussi une
décision de pré-affectation. Pour ce faire, vous devez remonter le quartier de
bas en haut, une sorte de ratissage -juste pour caricaturer- qui emporte ce
qu'il trouve sur son chemin. De la sorte, on pourra faire le relogement, et la
démolition en parallèle, d'un gros bloc. Du bidonville, il ne restera qu'un
bout situé sur l'extrémité dans le sens du ratissage. Encore une fois, la clé
de cette solution, c'est votre capacité à convaincre la population», avait
affirmé le chef de l'exécutif, s'adressant au maire d'Es-Senia et son
secrétaire général.