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La journée de la célébration de notre indépendance de cette année a été
très chargée de messages et signes extrêmement significatifs pas seulement pour
le champ politique algérien mais aussi pour la situation générale du pays.
Après une première lettre énigmatique du mois de mars dernier marquée par une espèce de doute, d'incertitude et même de panique dans des circonstances assez particulières : baisse du cours du pétrole, le parti de la majorité, le FLN, en crise et après une année d'un quatrième mandat singulier qui n'a pas fait que des admirateurs y compris dans le pouvoir lui-même, notamment à cause de l'état de santé du président. La lettre de ce 5 juillet est complètement à l'antipode de la première puisque le style Bouteflika est largement reconnaissable. On sent en fait un vrai sang-froid et une alacrité à peine voilée. Ceci signifie que les choses sont rentrées dans l'ordre. LEGITIMITE REVOLUTIONNAIRE: Il est clair que le quatrième mandat est un fait politique inédit. Mais dans la compréhension de ce qui s'est passé en avril 2014, beaucoup de gens oublient un élément essentiel dans la détermination du choix du premier magistrat du pays. Le 53ème anniversaire de l'indépendance du pays nous rappelle une évidence : fondamentale chez le régime algérien, la légitimité révolutionnaire demeure une condition de premier plan. C'est-à-dire, tout simplement, en sa qualité de commandant pendant la révolution, Abdelaziz Bouteflika n'avait pas de concurrents sur ce registre en 2014 car tous ses adversaires étaient de la génération post-Novembre 1954. Cependant, la maladie du chef de l'État pose problème. Sur le plan de la communication qui constitue déjà, avant même la maladie, le maillon faible de nos gouvernants, l'opinion publique a tous les droits de vouloir voir et entendre son président pour le rassurer, pour lui expliciter la situation du pays, pour l'image dans une époque où l'image est devenue une nouvelle idolâtrie. Ainsi donc il ne faut pas être doué d'intelligence pour comprendre que la gêne est beaucoup plus sémiotique. On peut rajouter à cela un autre handicap majeur: les retards importants dans les réalisations des infrastructures, malgré l'intention et la volonté qui ne sont pas mises en cause ici, mais le temps ne joue pas en faveur du chef de l'État puisqu'on est rentré déjà dans la dix-septième année de règne et dans 3 ans et quelques mois on fera un bilan de 20 ans ! Oui 20 années c'est une période assez longue pour concrétiser un projet politico-économique. Et comme la mémoire des peuples est courte ainsi que leur patience, on va se retrouver devant deux situations probables : avec le temps le peuple va oublier les avancées des premières années notamment la réconciliation nationale et l'équilibre macro-économique, effacement de la dette, redressement des comptes du pays, etc. Par conséquent les exigences seront beaucoup plus importantes d'autant plus que le président a pris tous les pouvoirs et devient dès lors le seul comptable devant les Algériens et sur tout. Lourde responsabilité ! L'OPPOSITION ET LA REALITE: Ceci étant, cette dernière lettre, si on lit bien entre les lignes, reflète également et incontestablement une très grande confiance en soi et donne l'impression que l'homme maîtrise bien la situation. Il revient ainsi à sa posture des trois premiers mandats en se mettant au-dessus de la mêlée et en appelant l'opposition, qui n'affiche pas une vraie sympathie à son égard, au dialogue et à la participation dans l'élaboration de la Constitution dont il affirme sa finalisation imminente. Néanmoins, l'opposition, dans son droit le plus légitime, continue effectivement à tourner le dos à ses appels, cela fait partie du jeu démocratique. Mais là où il y a un vrai problème, c'est le fait de continuer à nier la réalité solide et tangible. Elle continue ainsi à « rêver » d'une « désintégration du pouvoir » ! D'une « explosion sociale » ! Ou au moins d'une succession espérée par une grande partie d'observateurs chez nous et à l'étranger y compris un fameux centre de recherche américain qui affirmait il y a trois semaines que Bouteflika allait céder son poste en 2016 ! Après ses appels du pied à l'armée pour l'aider à destituer un président élu ! On peut comprendre l'énervement, la lassitude face au cynisme pratiqué par l'élite gouvernante et tous ses défauts, mais cela ne doit pas les aveugler de regarder la réalité en face et de constater au moins les faits qui sont là très visibles et palpables. L'armée dans son ensemble y compris le DRS a définitivement opté pour le soutien du président élu. Certes il y avait des spéculations, des incertitudes sur la position du bras intelligent de l'institution militaire ce qui a donné beaucoup de faux espoirs aux anti-Bouteflika, mais la distinction du général major Mohamed Mediène avec le chef d'état-major Gaïd Salah par la médaille de bravoure a mis fin au tripotage. Dans ce sens, il faut tout de même souligner que la professionnalisation et les budgets considérables alloués à la défense nationale a permis d'éviter au pays des dangers certains que ce soit de l'extérieure ou de l'intérieur. Puis, le maintien des programmes d'investissement colossaux notamment dans le logement et les transferts sociaux dans la LFC est un signal assez clair aux adeptes de l'austérité et il va permettre d'éradiquer définitivement les bidonvilles, sources de tous les vices (drogues, criminalité, terrorisme, révoltes, etc.) sans oublier la poursuite des crédits sans intérêts aux jeunes, à tort ou à raison. Ce maintien de la logique dépensière dans le budget de l'État nous révèle en effet que le pays résiste plutôt bien à la crise du prix de pétrole. En suivant la piste inflationniste, ce qui n'est pas sans risque, la baisse du dinar face au dollar qui va amortir sensiblement le déficit budgétaire. Puis la monté du dollar face à l'euro avec les mesures qui visent à réduire notre facture des importations vont permettre à maîtriser le déficit de notre commerce extérieur et donc de nos réserves de change. Ainsi donc sans le soutien de l'armée ou du petit peuple, l'opposition radicale n'a de choix que de regarder la réalité comme telle et puis libre à elle de choisir la réponse adéquate à ce constat. Enfin ce n'est pas en refusant de regarder la météo qu'on rétablit le beau temps ! |
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