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La question
grecque n'est pas une banale actualité d'un petit pays européen en difficulté
financière, mais c'est un événement majeur qui peut peser sur le cours de
l'histoire si le divorce est consommé entre l'Europe et Athènes.
Les faits se succèdent après l'arrêt provisoire des aides financières par l'euro groupe, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a décidé de fermer ses banques pour une semaine comme une démarche préventive pour empêcher surtout la fuite de grandes sommes d'euros, par conséquent les marchés financiers s'affolent et pas seulement dans les capitales européennes, car la crainte d'une sortie de la zone euro est plus que plausible. Après la confirmation par le ministre des Finances grec du non-payement de la somme de 1,6 milliard d'euro au FMI prévu pour ce 30 juin, il reste le payement des 3,5 milliards d'euros à la Banque centrale européenne prévu pour le 20 juillet. Dans la foulée, l'eurogroupe a annoncé qu'il ne renouvellerait pas le plan d'aide dont bénéficie Athènes depuis 2012 au-delà du 30 juin. Enfin, en attendant le résultat du référendum fixé le 5 juillet par le nouveau gouvernement progressiste grec qui a appelé à un vote massif contre les propositions de Bruxelles. L'EUROPE POLITIQUE EN PANNE ! Toutefois, quand on lit les grands titres de la presse parisienne, les titres les plus influents qui reflètent l'état d'esprit des décideurs du moment dans l'Union, on comprend aussitôt que les puissants ont décidé effectivement d'aller jusqu'au bout de leur menace pour faire rentrer Syriza dans le rang. Dans une démarche très arrogante et très peu rationnelle on veut soumettre les Grecs au chantage de la loi de la finance toute-puissante. Il faut tout de même le rappeler, l'Europe ainsi que la démocratie puisent leurs origines, leur histoire, leur civilisation essentiellement de l'héritage gréco-romain, notamment de l'ancienne philosophie grecque. Ainsi donc la sortie de la Grèce de la zone euro, voir de l'Union européenne est un échec total du fondement même de l'esprit de l'Union. Au moment où le Premier ministre français, d'origine espagnole, manuel Vals évoque une « guerre de civilisations » pour qualifier un acte, certes barbare, mais qui reste probablement un faits divers dans l'Hexagone, une déclaration très gênante, très dangereuse et lourde de conséquences sur la cohésion sociale de son pays, on se demande si l'Europe va sacrifier les origines de sa civilisation au détriment de la finance ? Y a-t-il une volonté de punir le peuple grec d'avoir choisi un gouvernement très à gauche au goût de l'idéologie dominante? Parce que, par cette décision l'Europe de la démocratie ne respectent pas le vote d'un peuple souverain et veut instaurer dès lors une Europe de finance car on va déléguer une fois pour toutes le pouvoir politique aux créanciers-financiers, c'est-à-dire aux intérêts de groupes et de personnes qui ne se soucient guère ou très peu des intérêts des peuples et des nations. Par définition, le métier d'un banquier, un professionnel de la finance, est de générer des profits et non planifier des programmes pour l'avenir des peuples de ce continent. Cela est de la compétence des politiques. L'AUSTERITE, UNE IDEOLOGIE ? C'est vrai qu'il y a une responsabilité avérée de la part des gouvernements grecs successifs, par leur mauvaise gestion et par leur laxisme. C'est vrai aussi qu'il y a un problème de fiscalité en Grèce, mais le plus grand problème de la Grèce ces dernières années c'est l'austérité, il faut quand même souligner que le pays a subi 8 plans d'austérité depuis 2009 ! Cette approche économique qui est devenue une sorte d'idéologie, voir de « dictature » qui pèse sur la croissance du pays et qui rend impossible n'importe quel espoir de sortie de ce cercle vicieux. Puisque l'austérité signifie moins de dépenses, moins de salaires, donc moins de consommation, moins d'impôts, moins de ressources pour l'État. (Cela peut freiner les tentations d'austérité de notre gouvernement en Algérie lors de l'élaboration de la LFC les jours prochains). Quel que soit le résultat du vote de dimanche, si les technocrates européens persistent dans leur logique suicidaire, la spirale de défauts de payement ne s'arrêtera pas à Athènes, car il y aura d'autres comme l'Espagne, un poids lourd économique, l'Irlande aussi, le Portugal etc. Ce qui peut entraîner l'effondrement d'une Europe qui a délaissé ses valeurs et ses fondements. Des répercussions planétaires sont, de ce fait, inévitables avec une dévaluation sévère de la monnaie unique. Ainsi, l'Europe trahira son histoire, ses origines, son idéal et compromettra son avenir. Bref, une majorité de soutien à la Grèce vient, certes, de la gauche, des progressistes et des anticapitalistes, mais l'enjeu est tellement immense que ce soutien doit dépasser les frontières idéologiques et s'élargir à tous les protagonistes qui croient en une Europe politique. Ceux qui refusent que la finance et le fric soient les seuls maîtres qui imposent la loi de la jungle. Les humanistes de tous bords, les démocrates-chrétiens et même les capitalises qui s'attachent toujours aux valeurs et à la morale de l'esprit capitaliste et qui ne se reconnaissent plus dans ce modèle néolibéral sauvage, très arrogant et qui représente une vraie menace sur la paix dans le monde. Cela est la vraie guerre « de civilisations » ! |
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