|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Avec un carême
trop prenant, les choses vont au rythme de l'effort. Du moindre effort possible.
Des apparitions timides, quelques agitations nocturnes, des ballets et l'on se
presse à retordre le fil à un mois aussi long qu'une année finissante.
Le pouvoir bouge ou tergiverse. Les partis s'immobilisent. Autant l'actualité nationale est riche en évènements, autant les commentaires, la satire et le positionnement politiques sont nuls. Y a-t-il quelqu'un en la demeure ? Si, des jeûneurs, des attentistes et beaucoup d'échéances en mal vue. Quand sur les partis qui ne sont pas répertoriés dans le « cœur » du pouvoir, il est impossible d'en constituer une force à même d'intervenir dans le cours des affaires publiques, l'on ne peut admettre, sans oser offusquer ses propres sentiments, qu'une actualité nationale ne puisse se faire sans avoir recours aux ingrédients de la politique, du scandale, de la catastrophe ou parfois de l'inouï. D'affaires en affaires, de dossiers en dossiers, l'actualité s'érige, semble-t-il, sous forme de formule collectiviste visant à avoir de chacun selon ses forces médiatiques et à chacun selon ses besoins politiques. De la réconciliation nationale à la lutte contre la corruption, les objectifs nationaux s'enchevêtrent et l'on ne sait où donner de la tête. Encore loin d'une opinion publique qui s'en fout éperdument. Ainsi notre quotidien n'est pas fait de records dans un positivisme galant et fort bénéfique pour toute la corporation nationale. L'évènement, dit-on, doit être créé et non suggéré à basse voix. L'actualité est aussi un acte de bonne action. Pas une campagne de distribution de couffins ou un partage de misères. Une toilette pour l'environnement ou un simple coup de peigne économique à un tissu industriel de plus en plus flétri et crispé. Ramadhan est tout un programme dédié aux marchés, aux étals, à la viande surgelée et aux poulets frais et décongestionnés. Une politique économique qui tire les poches vers les estomacs pour les réduire à une peau de chagrin. Pourtant la crise est là, à nos portes. Ce ne sont pas nos supplications de la veille qui vont faire gonfler le vide de nos réserves, ni accroître les potentialités de nos financements. La difficulté des jours jeûnés, mixée à l'anxiété pré-estivale suscite les pires sensations suggérant à tout le monde que tout le monde est victime et que le bourreau n'est jamais en soi. Le mythe de l'autre, de la faute venue d'autrui hante jusqu'au paroxysme intolérable la pensée de tous. Le malheur n'est encore jamais unique, il entraîne sciemment avec une complicité d'inconnu. Malgré tout, l'on se sent agir dans une vacance et inutilement. Creuser dans le vide n'est plus une sinécure de chercheurs de trésors californiens. On patauge d'une source à l'autre. On s'acharne sur un produit médiatique paraissant porteur et miraculeux et on l'oublie peu après. La source « digne de foi » comme la source « authentifiée » peuvent parfois, par confusion de la nappe souterraine, faire rendre la surpression en de véritables surprises. Prêcher ou creuser dans le néant sera le comble du vide national. Lire ou médire d'un livre a un autre goût culturel. L'emploi, les loisirs, le bien-être et le grand bonheur populaire ne semblent plus faire l'agenda du système. Du peuple au simple citoyen le problème est le même. Une crise de confiance. De l'assemblée nationale au sénat le dilemme est le même. Ecouter et balbutier. Une assemblée nationale qui fonctionne comme une administration astreinte à un règlement intérieur digne des hautes disciplines para militaristes est censée être une assise de combat d'idées et de lutte idéologique. Ou ce sera un perchoir de pouvoir ou un nid d'opposition. Là dans cet immeuble l'opposition n'est autre que quelques bibelots, amusettes ou jouets modiques tant que les enfants terribles des rues et des dechra qui faisaient du moins un certain parallélisme dans le jeu n'y sont plus. Le béni-oui-oui étant un critère de sélection législatif. Dans cet immeuble, la majorité est redevenue une minorité, loin du noyau de la décision. La versatilité et l'inconduite politiques feront le reste. Les évènements qui se succèdent depuis longtemps dans le pays, en dehors des élections, moments idoines par excellence pour une faune de partillons n'auraient-ils pas permis à l'opposition de faire « de l'opposition » au lieu et place d'observer un attentisme stratégique à son sens ou prendre du recul afin d'apprécier mieux la situation ? Les espoirs se sont brûlés, la constitution contrariée, la concorde fanée, les morts souillés, les caisses violées, les tiroirs vidangés, Que reste-t-il à une « opposition » en dehors de timides et laconiques déclarations de condamnation ou de réprobation ? Survivre et servir un décor exigible. Notre « opposition » ne vit que le temps que vivra un cas ou un dossier. Elle se dissipera dès la mise devant le fait accompli, des lois de finances jugées ingrates ou de la proclamation de résultats électoraux appréciés frauduleux. Et autres affaires nationales touchant tant aux libertés, aux droits qu'à la vie simple et citoyenne. Elle ne fait que dans l'expression à bon escient, lorsqu'un but de repositionnement est visé. Elle communique, parfois en voulant le faire dans le sensationnel. Enfin elle traite les dossiers qu'elle croit être du jour. Malgré ses asthénies, ses mésaventures, ses impuissances à changer le moindre iota ; elle reste toujours dans le collimateur d'un pouvoir qui n'a pas l'air de se plaire en sa compagnie. Dieu, tout puissant qu'il est, a créé son opposition : Satan. Il l'a doté d'innombrables prérogatives, d'atouts et de force de domination. Le pouvoir a ainsi besoin d'un vis-à-vis. L'opposition. Même si elle n'existe pas, il faudrait la créer, l'entretenir, l'amadouer et l'exploiter. C'est l'autre revers de la monnaie d'un système rompu aux us de l'unicité de vue. A sa décharge, cette opposition qui est neuve dans le duel qui ne vient opposer les parties que depuis peu sur l'échiquier politique national, peut se prévaloir de circonstances atténuantes. Pas pour longtemps. L'apprentissage ne fait pas perdurer le manque de professionnalisme ni le manque de technicité politique. Si c'en est le cas, il est suggéré à tous les partis s'inscrivant dans un axe d'opposition d'aller remettre sans quitus leur récépissé d'agrément. Se mouvoir dans l'immense société serait un acte autrement qualifié d'opposition générale, sans nom, sans subventions et sans arrêté d'agrément. Faire de l'opposition à partir de l'étranger c'est comme faire une guerre, virtuellement à partir de son clavier. C'est du « tourisme politique ». La démocratie, si elle fait naître des maîtres et des chantres des libertés et des droits, est également souvent productrice d'ordinaires et de lâches pseudo-militants. Dans son élan de promouvoir les libertés individuelles et collectives, l'équilibre des forces agit et subit selon le degré de force et de faiblesse, non seulement du pouvoir en place mais aussi de l'opposition mise en place. Mais si d'avance le jeu de bras est biaisé, la partie est superbement perdue. Il ne reste que l'expectative d'une autre révolution. Dans le FLN, version Saadani, plus rien ne différencie le pouvoir de l'opposition sournoise qui y crèche. Le dernier congrés à démontré toute la gabegie systémique et le secours logistique d'un parti arrivé aux termes de sa turpitude. Des invités sont nommés séance tenante membres du comité central. Quelle est mauvaise cette sensation de désignation pour un vrai militant quand il n'est pas légitimement élu par ses camarades ! C'est de ce parti que naîtra le véritable contrepoids. C'est des entrailles de ce PFLN que surgira l'alternance. Benflis et ses troupes tels des fantômes, des revenants, arrivent?.. Trop encombrée par l'accumulation d'échecs successifs, notre opposition ne tient pas à s'auto-révolutionner. Refusant pour elle ce qu'elle réclame du pouvoir, elle aussi a besoin d'une alternative. Soit un redéploiement au niveau de ses leaders. Toujours les mêmes, avec eux et l'on recommence. Ne pensent-ils pas, ces sempiternels « dirigeants » opposants, qu'ils entraînent leur propre déchéance vers la décrépitude de leur formation ? Collés ainsi, vus et revus à chaque séquence de la vie politique nationale depuis 1988, ces chefs de partis sont usés à force d'avoir usé toutes les stratégies intrinsèques à leur personnalité. Néanmoins, ils auront certainement eu le mérite d'avoir quelque part fait avancer l'état des choses en notre terre. Ils auront aussi le mérite d'avoir fait de l'opposition et ainsi permis la crédibilité quoique contestée du jeu démocratique. Il est d'une évidence, par ailleurs, que le rouleau compresseur du pouvoir n'ait pu laisser de marge à quiconque. De l'opposition politique aux institutions passant par la société civile, le système avait pu renverser petit à petit toutes les haies pouvant obstruer son chemin vers la mainmise des affaires nationales. Il se passe quelque chose dans la tête des gens disant que tout est perdu. Que rien ne sera plus comme avant et que la démocratie aurait fait un grand recul. La compréhension est aisée et simpliste. Quand on perd du terrain, il est soudainement pris par d'autres. Quand on développe l'idée que faire la politique n'est pas synonyme de tracasserie judiciaires, d'embûches et de bagnes, et l'on se limite à la faire à travers des points de presse, l'on laisse supposer un sentiment de frayeur. L'on ne pourrait ainsi s'attendre qu'à une forte réplique du pouvoir. Avoir le dessus. Légitime, dirions-nous. L'opposition n'a jamais été l'affaire d'une personne mais de tout un ensemble de personnes. L'individu est insignifiant devant la masse. Cependant le combat individuel, pérenne et continuel fera le combat collectif d'ensemble. A peine de se désillusionner, le salut ne viendra pas des bouches bâillant ou des corps vermoulus à la berceuse des climatiseurs. |
|