Y a-t-il eu jamais une harmonie du genre dans nos sociétés maghrébines
où chacun des deux sexes a, en toute liberté, son territoire exclusif d'action
et son centre d'intérêt ? Peuvent-ils partager en commun et sans contrainte le
fruit de leur mérite ? La femme est-elle l'égale de l'homme, ou uniquement son
complément, ou bien les deux à la fois ? Le machisme apparent n'est-il pas une
hypocrisie propre à ceux qui ne s'assument pas ? L'histoire profonde de nos
contrées montre le rôle très important que la femme a toujours eu au sein du
clan et dans le groupe ethnique. Les résidus de la société matriarcale existent
encore chez les Touaregs, mais sont dissimulés chez d'autres. Autrefois en
Kabylie, c'étaient les femmes qui prenaient, autour de la fontaine du village,
les décisions relatives à la vie de la communauté, les hommes ne faisaient
qu'entériner, dans la djemâa, ce qui a été décidé par elles. La femme, qu'elle
soit mère où épouse, est souvent un recours et une attente ou un conseil pour
l'associer dans les projets du clan. Dans les temps modernes, la femme est
visible dans la société, elle est partout présente. La société ne peut plus
marcher sur un pied et une béquille, ne peut plus voir avec un seul œil de cyclope,
ne peut plus penser, réfléchir, concevoir et se projeter dans le futur avec un
seul hémisphère cérébral. La vie se fait à deux, en complémentarité et en
associant équitablement son génome contenu dans les 23 chromosomes de leurs
gamètes respectifs. Ni elle, ni lui ne sont inférieurs ou supérieurs. Ils sont,
elle et lui, chacun avec ses spécificités, ses qualités et ses faiblesses. La
femme a prouvé au cours de l'histoire qu'elle peut prendre la tête de la
résistance contre des ennemis envahisseurs, qu'elle peut être souveraine d'une
grande nation dominatrice et de peuples différents, comme le fut la reine
Victoria et maintenant son arrière-petite-fille Elisabeth II. Aujourd'hui, les
bancs et les laboratoires des universités algériennes sont majoritairement pris
par les jeunes filles, elles sont partout actives dans la société, peu à peu
visibles dans les centres de décision et de la politique. Elles montrent leur
capacité à faire face aux défis et aux difficultés qu'elles affrontent avec
sérénité, compétence et beaucoup de professionnalisme. Elles sont pugnaces,
laborieuses, persévérantes, courageuses et incorruptibles. Chaque jour qui
passe, elles prouvent qu'elles ont aussi la qualité de bien gérer leurs
secteurs, souvent mieux que les hommes. Si elles sont arrivées là où elles
sont, c'est parce qu'elles ont doublé d'effort pour mériter leurs places. Si
des porte-voix, mégaphones veulent les renvoyer à leurs cuisines et sous leurs
étoffes, c'est parce qu'ils sont des froussards, le deuxième sexe leur fait
peur et les dévirilise, alors ils demandent à ce que l'espace public soit
mono-sexué et la vie unisexuée. Le clonage est possible et les utérus in situ
pour les pères «porteurs-pour-soi» ou pour les «porteurs-pour-autrui» n'est
qu'une question de temps. A condition que les scientifiques acceptent de les
réaliser, mais du moment que le corps scientifique est majoritairement féminin,
il ne va pas participer à son extinction, plutôt le contraire, la femme se
passera de l'homme et se multipliera par clonage, «parthénogenèse», c'est déjà
fait ailleurs et ce n'est pas de la science fiction? A l'homme de se tenir
tranquille s'il veut garder sa place de faux bourdon, à côté d'elle !