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Messali ou
Hadji, diminutif de Hadj, issu d'une famille kouloughlie,
sera la figure la plus marquante de l'histoire de l'indépendance de l'Algérie.
En raison de son engagement et sa foi patriotique ne s'étant pas positionné
dans une attitude d'attente, il fut hissé par le peuple au rang de chef
national «Zaim».
La liberté d'écrire l'histoire n'a appartenu, malheureusement, qu'à un camp ce qui fait qu'aujourd'hui encore le jeu de la vérité et son âpreté restent encore très partagés. Placé pendant presque toute sa vie en étroite surveillance, exilé jusqu'à la mort, il ne fêtera pas avec tous les Algériens l'indépendance de son pays qu'il a tant rêvée et pour laquelle il a sacrifié les meilleurs moments de sa vie. Pour ses obsèques, son corps sera rapatrié trois jours après sa mort, le 3 juin 1974, à Gouvieux dans l'Oise, près de Paris, accompagné d'un passeport réservé aux apatrides. Cette injustice a ajouté un supplément d'attachement à l'homme interdit de retourner dans sa patrie, à l'indépendance. C'était là une manière de se débarrasser définitivement de son image historique, de son parcours politique. Certes, idéologiquement, le sage et visionnaire leader avait une autre idée de l'indépendance et de la construction démocratique de son pays. Toujours est-il que le message de Messali Hadj est encore d'actualité avec à quand l'élection d'une constituante et l'instauration d'une vraie démocratie, revendications qui étaient siennes en même temps que l'indépendance de l'Algérie formulée, pour la première fois, lors du Congrès anti impérialiste de Bruxelles, en 1927. En tant que patriote chevillé au corps, il paiera cher son différend avec le FLN pour la direction de la lutte armée. Il échappera alors à plusieurs scénarios de meurtre. L'histoire traumatique entre les deux camps est restée toujours présente. Abandonnant l'histoire de tout le mouvement national, le pouvoir en place depuis l'indépendance a institué un système basé sur l'oubli tournant le dos à ses élites nationalistes laissant place à une mémoire exclusiviste où même le passé ancien est à peine survolé, jusqu'à aujourd'hui. Les résistants de toute dernière minute ont ainsi institué une vision infuse, étrange et contradictoire, pour ternir l'image de cette grande figure et de prendre par là, en otage, toute l'histoire du pays débarrassée de ses grands hommes. Au pied de la tombe de Messali Hadj, Ahmed Benbella viendra s'y absoudre déclarant «Nous nous sommes trompés, tu avais raison Sid el Hadj», en présence de vieux militants. Mohamed Boudiaf reconnaîtra plus tard ses errements et celui d'autres leaders à l'égard de Messali Hadj. Modestement, Messali Hadj fait partie de ces héros au parangon de l'histoire du combat du peuple algérien. Messali Hadj, totalement dévoué, durant sa vie, à la cause de son peuple pour l'indépendance continue inflexiblement, en homme libre, son sacerdoce et sa pensée droite, fidèle toujours à son combat de toujours prenant fait et cause pour les peuples opprimés. En cela, il était en rupture avec la doxa idéologique des tenants du pouvoir post indépendance. L'histoire ne peut liquider de cette manière le mouvement national en tant que moment générationnel important de l'histoire contemporaine du pays. Certes, aujourd'hui le pays ressent fortement ce besoin d'en finir avec l'hégémonie du politiquement correct, confisquant le système politique, tendant à éradiquer son nom du mieux que pouvait le faire déconstruisant l'histoire du pays s'assurant aussi, qu'aucune information ne soit donnée rappelant son passé de lutte. La méfiance des messalistes rescapés, longtemps surveillés, a perduré longtemps payant le prix fort d'emprisonnements et d'exils. La mémoire gardera pour toujours le souvenir de ce moment poignant lorsque Messali Hadj, en visite au Maroc, chez sa fille Djenina qui à Rabat, après l'indépendance, passa à côté de l'ambassade d'Algérie, voyant flotter à l'entrée le drapeau dont il a dessiné lui-même les formes et choisi les couleurs s'est fondu en larmes, envahi à la fois par un sentiment de fierté et de douleur profonde d'un pays qu'il n'allait plus revoir goûtant à sa liberté et enfin, d'y mourir après tant d'années de lutte et tant de sacrifices durant toute sa vie de lutte par un pouvoir déterminé à se débarrasser de son nom. Son cercueil couvert de l'emblème national fut, au-delà de l'ingratitude officielle, porté en reconnaissance à son œuvre de sacrifice par de milliers de personnes venues de tout le pays dont ses anciens avocats, des vieux militants nationalistes, pour un dernier hommage. Par ces funérailles grandioses, le peuple voulait ainsi honorer une mémoire que le peuple tient inlassablement à sa réécriture. Ce fut un grand jour parmi les grands que personne n'espérait voir réuni pour un dernier hommage. La crise que traverse aujourd'hui le pays est aussi celle de son histoire. L'admiration pour ce grand personnage de l'histoire de l'Algérie est restée entière. Les prières, les chants patriotiques et religieux firent de son enterrement, placé sous haute surveillance, cercueil couvert du drapeau national et hissé sur les épaules sur un parcours de près d'un demi-kilomètre, un moment mémorable vécu. D'un autre côté, les troupes de sécurité étaient là partout massées sur son passage laissant croire que le régime en place continuait à craindre le leader, même mort. Lui ont rendu un dernier hommage, les vieux militants et hommes historiques du PPA-MTLD, du FLN, du MNA s'y recueilleront pour un hommage. Les chefs historiques de l'Organisation secrète (O.S) et du mouvement national: Houcine Aït Ahmed, Ahmed Benbella... Les éloges funèbres prononcées à l'occasion de ses immenses funérailles évoqueront son patriotisme sans faille, au prix de sacrifices pour le pays, au-delà du soutien, jusqu'à la fin de sa vie, qu'il apporta à la cause des peuples opprimés, dont la Palestine. Les hommes du coup d'Etat de 1965 avaient commencé tout d'abord par refuser la sépulture au leader nationaliste sous le prétexte effarant qu'il était un opposant de l'indépendance de l'Algérie. Son enterrement qui a eu lieu aux frais des Citoyens, sans révérence officielle par les médias officiels, pratiquant la chasse aux sorcières, a mérité les honneurs du peuple lui réservant des funérailles grandioses. Le pouvoir qui avait très peur de l'émotion populaire avait soumis l'évènement à une grande surveillance en l'absence bien sûr des grands corps d'Etat. La foule était telle que lorsque la tête du cortège arrivait au cimetière «Cheikh Sanoussi» la moitié du chemin qui était encore à faire pour le reste des citoyens venus en masse lui rendre un dernier hommage. *Journaliste-écrivain |
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