Imposer un
numerus clausus ; en clair, décréter un nombre fermé ou bien prescrire dotation
plombée, est-il lisible ou bien demeure-t-il du domaine du mystérieux
impénétrable, s'agissant de pèlerins musulmans en l'occurrence? Alors qu'il est
question de s'acquitter d'une obligation religieuse, combien même assortie de
conditions. Car il faut être physiquement apte et financièrement solvable, les
autorités saoudiennes en charge du Hadj, impose à tous les musulmans du monde,
une place de pèlerinage, pour 1000 habitants. C'est un peu fort de café comme
dirait l'autre, car au-delà de ces deux préalables, en guise d'accréditation,
on tomberait dans l'injustifié et dans l'immotivé. J'en parle dans cette
chronique parce que deux évènements quasi simultanés m'y ont incité. Le premier
c'est le report de l'opération du tirage au sort qui était prévue pour le
samedi 26 avril, et différée au samedi 3 mai 2014, c'est-à-dire, dans deux
jours ; pour sélectionner les heureux élus(es) des algériens qui iraient cette
saison accomplir ce rite, d'un coté. Et de l'autre, la gigantesque cérémonie de
canonisation de deux papes décédés, Jean XXIII et Jean Paul II, qui avait eu
lieu, le 27 avril 2014, au Vatican, un quartier Rome, territoire du plus petit
état du monde avec 0,44 Km2. Où l'on rapporte, juste pour donner un ordre de
grandeur ; que quatre millions de bouteilles d'eau furent distribuées et que
six cent (600) médecins avaient été mobilisées pour assurer la couverture
sanitaire, des huit cent milles participants venant des quatre coins du monde.
Au final cela s'était bien passé et tous ceux qui avaient partagé ces moments
de communion, sont rentrés chez dans le calme. Cela avait nécessité une
organisation huilée et une logistique appropriée. Ceci ne semble pas être le
cas, pour accueillir les hadjis, cette année. Déjà que la saison passée, les autorités
saoudiennes avaient réduit le nombre de pèlerins algériens de 10 000 places
pour causes de travaux entrepris sur les sites du pèlerinage pour les agrandir.
Il va sans dire que cette décision avait fait beaucoup de malheureux, notamment
de vieilles personnes, dont l'ultime souhait est de faire ce voyage. Le Hadj
est appréhendé par tous les musulmans, comme une étape parmi celles qui
parachèvent une vie terrestre, et qui préparent à une autre, la vie réelle qui
commence dès l'accomplissement de ce rite : celle de l'au-delà. D'ailleurs dans
l'entendement collectif algérien, n'y vont à la Mecque pour se purifier avant
le repos éternel, comme l'on dit couramment chez nous, que ceux et celles d'un
âge avancé, et qui auront gouté à la vie terrestre, et qui ne sont plus
séduits, ni attirés par aucune tentation. Que l'on ne peut plus corrompre de
quelques manières, ni soudoyer de quelques façons que cela soit, pour n'importe
quoi, ni au profit de n'importe qui. Et cela qui donne ou bien donnait cette
aura aux Hadj et Hadja, algériens, un renom que leur conférait un construit
social en leur accordant une notoriété locale dans la vie de la cité, et une
position sociale, dans les relations, ou conflits entre individus ou entre
groupes d'individus, mais aussi une certaine autorité dans le domaine cultuel
et dans la sphère spirituelle. Si ce statut que possédaient ceux et celles qui
avaient accompli le Hadj a depuis quelques décennies disparu, c'est beaucoup
plus dû à des comportements, qu'à la démocratisation du pèlerinage, induite par
l'élévation du niveau vie des algériens et aussi par le développement des
moyens de communication et autres performances techniques pour voyager, qui ont
rendu le Hadj plus accessibles. Ce déclassement sociétal des Hadjis, est surtout
dû à l'importation ; à l'intromission et au transfert de pratiques cultuelles
et culturelles, notamment moyen orientales, contenues dans des fatwa,-fatawi,
serait plus approprié, étant le pluriel arabe de fatwa- souvent douteuses. La
fatwa étant par essence, zamakania, c'est-à-dire, en relation direct avec un
avis juridique, sur un événement situé dans le temps et dans l'espace, d'où ce
mot arabe composé de makane, le lieu, l'espace et le zamane, le temps. Les
nouvelles technologies de l'information et de la communication ont énormément
facilité, cette invasion d'avis juridiques hétéroclites, qui à force d'être
recommencée comme un pilonnage sur les esprits, conduit quoique l'on fasse à
déstabiliser et à ébranler des convictions. Néanmoins, cette parenthèse de
jurisconsulte, n'est pas l'objet, de la chronique. Cependant à travers le monde
le nombre de musulmans est estimé à 1milliard 500 millions d'individus. Dont 90
% sont sunnites, 09%, sont chi'ites et 01 %, sont kharijites. Et comme la norme
édictée par les autorités saoudiennes et de un (1) pèlerin, pour 1000
musulmans, cela donne arithmétiquement, chaque année, 1 million 500 000
d'individus seulement, qui sont autorisés à accomplir ce pilier de l'Islam.
Cependant dès qu'il y a un dysfonctionnement, justifié ou pas d'ailleurs, comme
en ce moment, le cas des travaux, ce nombre est impérativement revu à la
baisse, alors que la religion musulmane est fondamentalement d'aspiration
universelle ; n'y a-t-il pas là une inadéquation. Alors que et comment faire le
jour où tous ceux qui habitent la terre seront musulmans ? Ainsi, où se trouve
donc aujourd'hui et aussi demain le point d'équilibre entre cette obligation
religieuse, et ce qu'offrent les autorités en charge d'organiser le Hadj ? Par
ailleurs, alors que le Hadj et ses rituels, les manasek, durent 10 jours au
plus, les pèlerins algériens et les autres surement ,sont obligés d'y consacrer
un mois, ce qui entraine des absences trop longues et induit par voie de
conséquence de dépenses supplémentaires. Au lieu d'y résider un mois, 15 jours
suffiraient, ce qui réduit de moitié au moins les frais d'hôtel, par exemple.
Tout cela est également dû, à une rotation inappropriée des vols de retour. Il
s'agit là de problèmes qui peuvent, si on y mettait du temps, trouver une
solution qui soulagerait tout le monde. Il va sans dire que les commerçants et
tous les logeurs sur place, ne seront pas d'accord, car raccourcir les séjours
des hadjis, rognerait certainement sur leurs bénéfices. Toutes les religions,
les révélées et les autres, dites mystiques ou philosophiques, comme le
bouddhisme, pour ne citer qu'une seule, possèdent leurs lieux de pèlerinage. Et
en gros, les chrétiens vont à Rome, les israélites à Jérusalem, les musulmans à
la Mecque et les bouddhistes vont se purifier dans les eaux du fleuve, du
Gange, avec une pointe, culminant chaque 12 ans, où ils sont près de 30
millions de personnes à s'y immerger. Pour ce qui est du hadj, ce rassemblement
de millions de personnes pour célébrer cet ancrage Abrahamique, dont le symbole
est la Kaaba, édifiée par le prophète Ibrahim au sein de ce qui deviendra avec
l'avènement de l'Islam, le Masjid Al-Haram, la mosquée sacrée, cette
convergence d'êtres humains commande aussi que des mesures sanitaires strictes
soient observées. Ces dernières années et notamment depuis 2012, les risques
d'épidémies, ont contraint les autorités saoudiennes à édicter une
réglementation drastique pour éviter tous dangers de survenance de pandémies.
Cette situation de limitation draconienne de périls, fut déclenchée, par
quelques cas du syndrome respiratoire dit coronavirus. Et en cette année 2014,
les autorités saoudiennes ont suspendu l'octroi de visas aux demandeurs venant
de Guinée et du Libéria, deux pays africains, où une épidémie de la fièvre Ebola,
du nom de la rivière éponyme, en république du Congo, où fut identifié l'ébola
virus, pour la première fois en 1976. Cette mesure préventive prise par les
autorités saoudiennes, alors que l'organisation mondiale de la santé, n'a pas
interdit les voyages et le commerce avec les deux pays foyer de cette maladie,
transmise dit-on par la chauve-souris, vise à priori le risque zéro
contamination durant le Hadj, ce qui est parfaitement compréhensible. Mais
encore une fois, cela justifie-t-il l'instauration des quotas ? Un crève cœur
pour des centaines de milliers d'algériens qui chaque année sont un peu plus
déçus de ne pas avoir été cités parmi les élus au pèlerinage. Le marché du
hadj, parce que s'en un, en réalité existant même avant l'avènement de l'Islam,
et l'épisode d'Abraha Al-Habachi, que rapporte la tradition musulmane notamment
Tabari dans ses chroniques, qui voulait détruire la Kaaba, pour astreindre les
habitants de toute l'Arabie accomplir leur pèlerinage au temple, une cathédrale
qu'il fit construire à San' a, au Yemen, dans le Hadramaout où l'Arabie
heureuse, pour les grecs et les romains, en témoigne. Cet évènement eu lieu,
durant l'année de l'éléphant, soit en 570 de notre ère, qui est également,
selon la tradition, l'année de naissance du prophète Mohamed (PSL). Ainsi la
Soura qui relate ces faits classée, 105 ème dans la vulgate coranique, le
moushaf, est nommée : al-Fil, l'éléphant. Abraha attaqua la Mecque, uniquement
dans un dessein mercantile, ce qui atteste de cette attractivité commerciale,
fort ancienne, du lieu du pèlerinage. Le Hadj est un bussiness eternel et
économiquement toujours croissant, ne connaissant jamais la crise. En 2012, le
Hadj selon Al-Hayat le journal saoudien, et porte voie américaine, avait
rapporté au trésor saoudien, 16,5 milliards de dollars, quand la même année le
pétrole et ses dérivées avaient rapporté quant à eux 324 milliards de dollars
selon l'organisation mondiale du commerce, ce qui donne au Hadj un apport de 5%
du produit intérieur brut du pays. Sauf que ce pourcentage si minime soit-il
est essentiellement composé de services indéfiniment renouvelables, quand les
richesses pétrolières, elles, ne le sont pas. Oui mais que faire pour que ces
milliers de vieilles dames et de vieux messieurs algériens, ne soient pas
chaque saison à la période du hadj tristes et malheureux, parce que d'autres
hommes auront décidé de cette façon de faire. Qu'importent les dangers et les
risques, car il suffirait de mettre les méthodes, les stratégies, la ressources
humaine et les fonds nécessaires, pour rendre tous les musulmans du monde
heureux, en leur permettant d'accomplir cette obligation religieuse. Tout cela
existe et, est à portée de mains. Quelqu'un aurait reçu ce message ?