Le malheur des commerçants du marché Bettou, ravagé partiellement il y a
tout juste une semaine par les flammes, fait le bonheur des commerçants des
autres marchés de fruits et légumes.
Les habitants des quartiers «Coudiat» et «Saint Jean», situés au
centre-ville de Constantine, ne trouvant pas un autre lieu à proximité où
s'approvisionner en fruits et légumes, ainsi qu'en toutes sortes de viandes et
de denrées alimentaires, se sont rués, par la force des choses, vers le marché
le plus proche, ??Boumezzou'', situé en dessous de la fameuse esplanade du
boulevard. Une aubaine, à ne pas rater, pour ces dizaines de commerçants
opportunistes qui n'ont pas hésité à investir et à s'enrichir dans une
situation de monopole. D'ailleurs les allées situées à droite et à gauche de
l'entrée principale de ce marché ont été littéralement squattées par de
nombreux nouveaux vendeurs ambulants. La nouvelle de la fermeture récente du
marché Bettou a drainé aussi d'innombrables vendeurs occasionnels qui ont bien
l'intention de rentabiliser les quelques kilos de marchandise qui est en leur
possession. Hier, dans ce marché, le kilo de tomate à titre d'exemple est
arrondi à 100 DA alors qu'il est cédé à 50 DA et même à 35 DA, par les vendeurs
de Souk El Assar, situé plus loin dans la Casbah. La même chose pour les
oignons et la pomme de terre qui se vendent à 100 DA le kilo également à
??Boumezzou'' et à 80 DA seulement dans les autres marchés. Les haricots verts
atteignent 350 DA dans ce marché contre 300 DA partout ailleurs. Les habitants
de Coudiat déplorent amèrement la fermeture de « leur » marché dont la
réouverture n'est pas prévue pour demain. « Notre marché était plus propre, les
fruits et légumes y étaient présentés d'une manière plus esthétique », se
désole un habitant de Coudiat rencontré à Boumezzou, et un autre d'ajouter, «
on ne se sent pas chez nous ici à Boumezzou, par contre au marché Bettou les
vendeurs connaissent très bien mes exigences, le vendeur du poulet et de la
dinde choisissent avant de faire ma commande. Mieux encore, le vendeur nettoie
et découpe la viande sans que je lui demande de le faire ». Une dame qui s'est
déplacée pour ses courses jusqu'à Souk El Aser plus éloigné pour elle que
Boumezzou, nous a expliqué pourquoi elle a pris la peine de ce déplacement. «
Nous avons un seul vendeur de fruits et légumes près de chez nous, mais ses
prix sont inabordables, c'est contraignant pour une femme âgée comme moi, mais
c'est quand même moins cher que Boumezzou et le déplacement vaut vraiment le
coup », souligne-t-elle non sans montrer son indignation face à la cupidité de
certains commerçants qui saignent à blanc le consommateur à la moindre
occasion.