La problématique grecque, la question ukrainienne, la lutte contre le
terrorisme : trois sujets abordés, lors du Sommet de Bruxelles, sans réponses
claires et reportés pour plus tard.
Nuit de doute et d'interrogation, à Bruxelles, lors du Sommet informel de
l'UE. Rien n'a été décidé, après l'examen des trois principaux sujets, inscrits
à l'ordre du jour : la question grecque, la crise ukrainienne et la lutte
contre le terrorisme. Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement ont préféré
laisser un temps supplémentaire aux ministres et conseillers pour négocier et
rapprocher les points de vue des 28 pays de l'Union, avant de se prononcer sur
de vraies initiatives communes. Ainsi, face à l'intransigeance du nouveau chef
du gouvernement grec, Alexis Tsipras, à abdiquer face au programme d'austérité
économique et financière imposé, à son pays, par la Troïka (Commission, Banque
centrale européenne et FMI), les chefs d'Etat ont préféré réunir leurs
ministres des Finances, en particulier ceux de l'Euro groupe, lundi 16 février,
afin de trouver un compromis avec le gouvernement grec sur un nouveau «cadre
budgétaire». Une façon pour Alexis Tsipras d'en finir avec le symbole de la
«Troïka», même si ce seront les mêmes spécialistes et partenaires de cette
«Troïka» qui discuteront du «Nouveau cadre budgétaire». Cependant, il faut
craindre que le leader grec n'ait pas toute la marge de manœuvre et surtout le
temps pour convaincre ses partenaires européens. 7,2 milliards d'euros doivent
être débloqués pour la Grèce, d'ici la fin février et 17,2 milliards, d'ici la
fin août comme prévu par le 2ème plan de sauvetage, mis en place, d'un commun
accord entre la Troïka et le précédent gouvernement grec. Le leader de gauche
grec est coincé entre l'urgence de liquidités pour éviter la faillite à son
pays et son engagement électoral à mettre fin, précisément, à ce «plan de
sauvetage» qu'il juge irréalisable et fatal pour son pays. Des sources laissent
entendre qu'Alexis Tsipras a déjà envoyé, certains de ses conseillers, à Moscou
et Pékin, pour explorer des possibilités de financements alternatifs qui
libéreraient son pays de la pression de ses partenaires européens. Le débat est
ardu et dur, depuis plus de deux semaines, sans que la tension s'apaise entre
le gouvernement grec, la Troïka et les autres partenaires européens. Concernant
la crise ukrainienne, Angela Merkel et François Hollande, arrivés de Minsk, en
début d'après-midi, ont confirmé l'Accord obtenu, le matin de ce même jeudi,
entre l'Ukraine et la Russie pour un cessez-le-feu, dès ce dimanche 00h00 et un
projet global de solution à la crise en Ukraine (voir article de ce jour
Ukraine: La possible paix). Là, aussi, les 28 leaders européens n'ont pas la
même appréciation du Sommet de Minsk. Des pays comme la Pologne et les pays
baltes ont manifesté leur scepticisme et souhaité des sanctions économiques
supplémentaires contre Moscou. Le reste des Européens estiment qu'il faut
intensifier la voie diplomatique et pousser l'Ukraine et la Russie vers une
sortie définitive du choix des armes. A ce stade et sous l'initiative
franco-allemande, les Européens n'ont d'autres choix, que d'attendre et de voir
l'évolution de la situation sur le terrain, dans les tout prochains jours. Un
durcissement des sanctions contre Moscou risque, à coup sûr, de couper toute
perspective de paix et d'aggraver la situation de guerre en Ukraine. Abordant la
question de la lutte antiterroriste, les chefs d'Etat et de gouvernement ont
mis, sur la table des discussions, plusieurs propositions: contrôle de la
circulation des personnes aux frontières internes de l'espace Schengen, accès
aux données personnelles des passagers aux ports et aéroports, renforcement des
moyens humains, financiers et matériels des services de contrôle et de
sécurité, intensification des échanges entre les services de police, de justice
et de sécurité entre pays européens et pays tiers, etc. Ce ne sont-là que des
propositions soumises à débat et qui requièrent l'accord des parlements
nationaux et du parlement européen. En réalité, certains aspects de ces
propositions (données personnelles des passagers, contrôle aux frontières
internes de Schengen, etc.) ont été soumises, par le passé, lors de la
manifestation de tensions sécuritaires, en Europe ou dans le monde, sans
qu'elles soient adoptées. Les nombreuses associations citoyennes de protection
des libertés et de Droits de l'homme ont, toujours, opposé des avis éthiques et
critiques. Au final, ce Sommet de Bruxelles s'est résumé à un tour de table
pour consultations et de mise au point sur les questions d'actualité urgente.
Les chefs d'Etat et de gouvernement ont délégué à leurs ministres compétents et
conseillers, la latitude de finaliser des projets avant de se prononcer,
concrètement.