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La magique carte
postale, ce support publicitaire et promotionnel légendaire du Sud avenant,
fascinant et très paisible, est-elle désormais à jamais bel et bien révolue ?
L'image, au demeurant magnifique et très accrocheuse, de cet immense désert pratiquement nu, sans limites, lumineux et très silencieux, doté de sa rare couverture végétale, paré de ses plus belles oasis peuplées de leurs très modestes hères qui défient l'étendue et très vaste sphère de notre grand univers, n'a-t-elle aussi plus cours, à présent que les salves verbales à répétitions sur le gaz de schiste polluent de leur imposant poids toute cette pourtant bien naturelle atmosphère ? Qu'y a-t-il de bien changé dans cette paisible cité pour que ses très hospitaliers et bien courtois habitants se mettent si facilement et pour longtemps encore en colère contre tous leurs gouvernants ? Qu'ont-elles de si différent dans leur nature d'autrefois ces autres localités ou contrées du sud algérien et leurs bourgs environnants pour verser si intempestivement dans ce refus catégorique et radical d'engager des discussions à cet échelon inférieur de leur gouvernance au sujet de l'exploration et/ou l'exploitation du gaz de schiste dans leur périmètre environnant ? Comment vraiment expliquer ce nouvel état d'esprit dominant de ces jeunes générations des gens du Sud, s'écartant davantage de leur comportement modeste, simpliste, attentiste, pacifiste, conciliateur et très courtois d'autrefois, qui les pousse vers cet affront ferme et sans équivoque vis-à-vis de leurs gouvernants du moment et cette grande insistance et totale fermeté à aller désormais de l'avant dans leur unique mais très solide revendication ? Pourquoi donc cette autre attitude qui affiche une si nette rectitude à l'égard d'un dossier qui leur semble hors de question de le rouvrir tant leur point de vue reste invariable, bien arrêté au sujet de ce problème qui fait polémique sur tout le territoire du pays ? La réponse à tous ces nombreux questionnements tient surtout à cet élément important relatif au facteur temps qui aura entre-temps tout défait, sinon presque tout détruit de ces anciennes habitudes, reconnues attitudes et très vieux comportements ayant longtemps catalogué ou caractérisé les habitants de la région ! Plus question donc de se fier pieds et poings liés à ces belles images et autres magnifiques cartes postales de rêve du passé qui nous berçaient déjà à distance nous invitant pour l'occasion à partager ce thé alléchant au goût succulent et raffiné qui vous fera certainement plus tard revenir de nouveau sur ces mêmes lieux, plus déterminé à mieux encore scruter tous ses horizons ! Plus question aussi de la continuité de cet ancien état d'esprit rapporté avec soi (dans leurs bagages ou cabas) au retour à Alger par ces autres délégations officielles Algériennes en visite dans la région au sujet de la vie quotidienne de ce Targui, le visage et le corps de bleu voilé, tout heureux ce long désert où il erre, le gourdin à la main, en véritable nomade ! Les temps ont donc vraiment changé. Nos habitudes et mœurs aussi. Ce que nos nouveaux-anciens gouvernants n'ont, malheureusement pas encore ou toujours compris ! Déjà en retard d'une guerre sur la Grande Histoire du pays, ils le sont encore sur près de deux bonnes générations, bien affranchies sur la nouvelle mentalité de nos voisins du grand sud algérien. Grouillant et se mouvant à haute voix, hurlant leur malheur à pleins poumons, le souffle long et l'espoir au bout de l'effort accompli pour l'occasion, ces jeunes gens de la région réfutant tous ces rusés atermoiements d'une gouvernance qui refuse de faire dans la subtile alternance, démontrent au travers de leur mouvement pacifique et très efficace toute leur grande maturité politique dont ils sont désormais investis et qui fait vraiment école en Algérie. Pour imprévisible que soit leur mouvement de protestation et de manifestation dans l'esprit tordu ou encore retors de leurs très malins dirigeants, celui-ci ne pouvait être malheureusement décodé qu'une fois la situation aura vraiment dégénéré, touchant toutes les localités de notre Grand Sahara. Et pourtant ces longs et non moins très répétés cris de douleur et de rage poussés par cette population juvénile de la région de Berriane, Ghardaïa, Ouargla, Touggourt, El Oued et autres contrées sahariennes ne furent guère entendus bien comme il faut pour leur esquisser les réponses appropriées, assimilés probablement aux tout derniers soubresauts d'un banal ou isolé supplicié ! Notre Grand Sud n'est-il plus cet immense territoire qui a toujours supporté ses douleurs et interminable misère dans la grande humilité due à un enfant de bonne famille qui se sacrifie le premier au profit de sa grande tribu dont il porte le nom en véritable étendard de gloire ? A-t-il suspecté un quelconque oubli ou une mauvaise considération à son égard de la part de ceux-là mêmes qui lui pillent à longueur d'année les innombrables richesses de son très généreux sous-sol pour en profiter en solitaires en bordure de mer, les poches pleines et le cigare pointé droit vers le ciel à la manière de véritables brigands en produits d'hydrocarbures de la Grande cité ? Notre magnifique et immense Sahara n'est-il pas symbolisé au travers de l'effort continu et très soutenu de son longiligne palmier-dattier dont les racines partent très loin dans la profondeur du sous-sol puiser à l'envi cette eau bénie qui fait mûrir et donne du jus à son succulent produit très haut perché sur ces sentinelles naturelles et immobiles? Son dromadaire, ce cuirassé d'une mer de sable endiablée aux dimensions extravagantes ou exorbitantes, n'est-il pas aussi ce symbole atypique de la grande retenue humaine et animale et véritable mesure des choses dont la sagesse légendaire nomade fait sa grande philosophie dans sa vie quotidienne ? N'est-il pas aussi le grand reflet de cette philosophie de la toute nécessaire abstinence ou de l'économie des réserves qui nous aide à surmonter sans la moindre difficulté les aléas des temps durs prévisibles que produit l'effet parfois très pénible sur la vie des êtres humains au travers de la rotation naturelle du cycle de l'année ? Connues pour leur très grande patience, nos très braves populations du Sud défient à longueur de temps, à la fois, le froid nocturne, la forte chaleur diurne, la soif terrible, le soleil de plomb, l'éloignement des centres d'intérêt, le dénuement déclaré, l'isolement réel ou supposé, la grande solitude, les lois drastiques de la dure nature et tutti quanti ? Mais les quelques leçons politiques tirées de ce refus catégorique des populations sudistes quant à l'exploitation du gaz de schiste, font désormais école dans notre très brumeux ou bien confus paysage politique, dans la mesure où les députés des partis de la ?'majorité parlementaire'' (RND et FLN) de la région soutiennent mordicus les revendications légitimes de leurs élus, faisant publiquement pour les uns leur mea culpa et présentant pour ces autres leurs excuses en direction de leurs populations, prétextant que c'est la direction politique de leur parti (le FLN) qui leur avait brandi son veto en vue de faire passer le texte en question ! D'ailleurs le quotidien Liberté, en rapportant l'information (édition du 06/07 février 2015), évoque même ce pavé dans la mare, œuvre de ces deux députés de la majorité, qui relance le débat et remet tout en cause au sein du champ politique national, libérant ainsi ces autres dépités députés du labyrinthe savamment entretenu jusque-là au sujet de cette hypocrisie politique dont ils veulent à jamais se départir. Ainsi donc, face à la dure épreuve de l'exploitation du gaz de schiste, ce fut donc cette très grande solidarité des gens de notre immense Sahara qui s'est de nouveau consolidée pour désormais se dresser comme un seul homme contre ce nouveau danger qui attente à leur environnement et à la santé de leurs futures générations. Sur un volet purement ou strictement économique, ces jeunes prodiges de notre très Grand Sahara, soucieux de l'utilité de la présence de l'eau dans cette vaste contrée, veulent que ces abondants volumes hydriques que leur gouvernance compte réserver à l'exploitation du gaz de schiste soient plutôt utilisées dans l'agriculture, particulièrement les cultures ayant déjà donné jusque-là d'excellents résultats. De ce fait, ils exigent que leur région soit désormais plutôt concentrée sur ses métiers précieux et ancestraux de base qui ont toujours fait d'elle ce fleuron de l'agriculture saharienne, vivant de ses produits bio et ses couleurs verdoyantes qui cadrent parfaitement avec le blond des dunes qui tracent la couleur dominante du territoire. En cette cinquième semaine de contestations continues et assidues de gens plutôt civilisés et très éduqués, In Salah ne décolère point et ne lève encore pas le pied de l'étrier, montrant ainsi cette voix démocratique très utile à suivre aux autres contrées du pays, à l'effet de vivement et surtout intelligemment manifester son courroux contre l'exploitation du gaz de schiste sur son territoire. L'envoi -dans un tout dernier réflexe du pouvoir central- de pas moins de trente parlementaires sur site ne pouvait malheureusement changer quelque chose à la donne initiale après l'échec caractérisé de tous les émissaires ayant auparavant foulé en vain le sol de ce grand territoire où se déroule ce bras de fer à distance entre une gouvernance pressée de faire dans la rente et un arrière-pays qui a vraiment très peur de l'avenir de ses futures générations. En dépit de son caractère typiquement bédouin, conciliant, souple et tolérant, le nomade, contrairement à ce que les gens du Nord croient, n'est pas un être ignorant. Et pour preuve : il est si intelligent qu'il arrive à lutter avec peu de moyens contre une très rude nature qui fait frémir les plus robustes machines du monde ! Comme toutes ses devancières, cette autre délégation retournera à Alger les mains vides, l'air plutôt inquiet d'avoir à comptabiliser cet autre inattendu revers d'une gouvernance qui considère toujours son peuple immature pour se substituer à ses prérogatives sans le moindre préavis ou même délégation de pouvoir dûment certifiée. Devant cette autre moralité, notre gouvernance affiche un air plutôt stupéfait ! Désormais la mentalité des gens du Sud s'est vraiment métamorphosée pour avoir remis aux calendes grecques cette attitude d'assistés de ses nombreux administrés. Ainsi, autour de nous, tout à donc bien changé ! Il n'y a qu'à risquer ce coup d'œil furtif ou très fugitif sur notre proche environnement. Sinon bien tendre au loin l'oreille à ce vent du Sud qui nous interpelle si fort au sujet de l'état de santé de la nation et de ses populations ! |
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