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Mondialement
connu, le commissaire Navarro est sans doute plus qu'une vedette de cinéma.
Décédé mercredi, il avait tenu à avoir pour dernière demeure son pays natal
l'Algérie. Ce dernier vœu est trop fort en intensité et revêt une densité
particulière parce que Roger Hanin de son vrai nom était juif et natif d'Alger.
On aura beau dépouiller ce vœu des moindres prétentions politiques, il restera
un grand message d'humanisme et on ne peut le restreindre dans le carré d'un
ultime désir d'un homme pas comme les autres pris par un caprice de dernière
heure. On imagine avec aisance les difficiles réflexions qui ont accompagné une
telle décision. Dans le monde d'aujourd'hui, sérieusement bousculé par le
chassé-croisé effarant des définitions de l'existentialité, la requête du
beau-frère de l'ancien président Mitterrand est un acte de courage mûrement
réfléchi.
Les autorités algériennes l'ont bien compris en ayant l'intelligence de se mettre au niveau de ce haut acte et de le prendre par le bon bout. Car Roger Hanin aurait bien pu se laisser bercer par les discours de victimisation ambiante et suivre l'air du temps pour demander d'être enterré en Israël. Ou à la limite se contenter d'un enterrement dans un cimetière parisien pour éviter à ses proches des remontrances appuyées de ceux qui développent des littératures xénophobes réclamant que les émigrés soient jetés à la mer. On ne peut pas les accuser de basses manœuvres politiciennes du fait que le défunt acteur ait eu des accointances solides avec les dirigeants actuels français et que c'est le Parti socialiste qui est au pouvoir. On se souvient comment elles ont évité de tomber dans le piège des amalgames en refusant que le Toulousain Ahmed Merah soit inhumé en Algérie sous prétexte de descendances avérées. Il faut s'attendre à la montée au créneau de quelques voix algériennes avec des mots et verbes bardés d'un effarouchement primaire. Elles auront tort. Car Roger Hanin vient de donner une belle démonstration de la hauteur humaine pour étaler ce que doivent être la concorde et l'amitié des peuples. Et tant qu'à faire, s'il fallait dans l'absolu entrevoir une autre signification dans son désir d'être enterré en Algérie, autant le voir dans sa tombe avec un grand bras d'honneur à l'adresse de Benyamin Netanyahu et aux sionistes de tous bords. |
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