Deux dossiers importants, les œuvres sociales
et l'évaluation de la réforme dans le palier du secondaire, devaient être
examinés, hier, lors d'une rencontre qui a regroupé les responsables du
ministère de l'Education nationale et les syndicalistes de différentes
chapelles, selon une déclaration du porte-parole de l'Unpef, M. Amraoui. Pas
trace jusque-là de contestation. Pourtant, en trame de fond, la protesta se
profile à l'horizon, surtout si l'on se réfère à la réunion de plusieurs
syndicats, annoncée pour demain (jeudi 22 janvier 2015), «pour discuter
justement des mécanismes à adopter pour déclencher une grève commune», comme le
précisera notre interlocuteur. Ce dernier rappelle que lors d'une récente
rencontre de six syndicats du secteur, «il a été question beaucoup plus de
questions d'ordre organisationnel, avant de passer lors de la prochaine étape
aux discussions sur la manière ou les voies et moyens pour satisfaire nos revendications
socioprofessionnelles». Pour précision, le Cnapest, selon ce qui nous a été
affirmé par son porte-parole, M. Messaoud Boudiba, «ne fait pas partie
intégrante de l'intersyndicale» créée entre six autres syndicats du secteur
(Unpef, Snapest, Cla, Snte, Satef, Snapap). «Pour nous, le mécanisme de
décision pour aller vers une grève doit provenir de la base, et l'on ne peut
s'engager ou engager notre avis sans cette concertation préalable avec la
base», nous a indiqué le porte-parole du Cnapest. Dans ce climat d'incertitude
qui pèse sur le bon déroulement de ce deuxième trimestre, la ministre de
l'Education nationale, Nouria Benghabrit, affiche ses regrets, non sans
rappeler hier dans une déclaration que malgré la «disponibilité et la volonté
réelles» de la tutelle de résoudre les difficultés des ressources humaines du
secteur, les syndicats «n'ont comme réponse que la grève». Réagissant à la
tendance de l'intersyndicale du secteur de l'Education qui regroupe la
quasi-totalité des syndicats, hormis le Cnapest, qui veut déclencher les
hostilités dans les prochains jours, la ministre a réaffirmé que l'essentiel
des problèmes abordés par chacun des syndicats «a fait l'objet d'une prise en
charge». Elle a dans ce contexte reconnu que le règlement des situations
soulevées «prend du temps car cela suppose des démarches, des mesures et des
enquêtes à diligenter, parfois». L'intersyndicale a annoncé récemment sa
décision d'organiser une journée de protestation, dont la journée ou la durée
restent à définir, en réaction à ce qu'elle qualifie de «négligence» de la
ministre au sujet des procès-verbaux des réunions bilatérales et surtout la
«non application» des accords conclus. Une série de rencontres bilatérales avec
chacun des syndicats agréés du secteur a été organisée, et ces rencontres ont
été sanctionnées par des procès-verbaux que «nous nous engageons à prendre en
charge», a insisté Mme Benghabrit. Elle a, dans ce sens, fait savoir que le
temps pris dans le traitement des revendications «ne peut pas être considéré
comme une négligence mais, au contraire, une prise en compte sérieuse car les
problèmes posés par les syndicats ne sont pas toujours immédiatement
solutionnés». La ministre de l'Education a, dans le même sillage, souligné que
la situation socioprofessionnelle des fonctionnaires de l'Education nationale
«s'est nettement améliorée après 2008, contrairement à ce que les partenaires
sociaux ont indiqué considérant les augmentations obtenues ces dernières années
comme «dépassées par la cherté de la vie». «Cette amélioration a induit des
aspirations et des exigences nouvelles qui imposent un traitement selon la
dimension prioritaire», a-t-elle soutenu. Pour la ministre, les fonctionnaires
de l'Education nationale se positionnent aujourd'hui «bien» par rapport aux
fonctionnaires des autres secteurs de la Fonction publique. «Cela étant dit,
l'amélioration des conditions de travail fait partie des priorités du secteur,
car nous sommes persuadés que cela permettra d'assurer un engagement encore
plus grand pour que la qualité de la formation puisse être à la mesure des
attentes de la société», a encore affirmé Mme Benghabrit. Au passage, elle a
reconnu que le statut de 2008, révisé dans l'urgence en 2012, «a quelque peu
créé des dysfonctionnements non seulement en termes d'équilibres mais aussi au
regard des missions stratégiques des différents corps. Ce sont des
dysfonctionnements qui nous préoccupent autant qu'ils préoccupent les
catégories concernées», a-t-elle encore indiqué. Sur une question liée au
recrutement dans l'Education nationale, Mme Benghabrit a affirmé que les
recrutements dans le secteur «ont lieu de manière régulière, en fonction des
besoins du secteur, de ceux induits par la réception de nouvelles
infrastructures scolaires et des départs à la retraite». A ce titre, elle a
rappelé que l'Education nationale «est le plus grand secteur public pourvoyeur
d'emplois avec plus de 25.000 postes en juillet 2014, soulignant par la même
occasion qu'une opération de recrutement va être lancée au mois de mars. La ministre
a relevé également que l'Education nationale qui est un secteur de service
public «par excellence», «bénéficie de dispositions particulières qui lui
permettent de recourir à la contractualisation et la suppléance en cas
d'absence conjoncturelle d'un enseignant suite à une maladie, un accident...».
«Nos enfants ne peuvent être privés d'enseignement pour quelque raison que ce
soit», a précisé la même responsable. Hélas, de sombres nuages planent à
l'horizon.