Dans son approche globale de la lutte
anti-terroriste, Bruxelles marche sur les pas de Washington. Si Obama a voulu
saisir les Nations unies sur la question des djihadistes étrangers dans le but
d'obtenir le soutien des pays d'origine de ces combattants ainsi que des pays
concernés dans la guerre contre Daech, en Irak et en Syrie, l'Europe a
également décidé de s'allier la Turquie et les pays arabes dans sa lutte contre
le terrorisme. Le plus grand danger pour le Vieux continent réside dans ces
contingents de djihadistes «européens» aguerris et endoctrinés pour mener des
attentats sur le territoire européen. Ainsi, la solution, certains la pensent
en amont, comme les Etats-Unis ou l'Australie, sur le sol d'origine de ces
groupes djihadistes en Irak et en Syrie. Les Européens semblent suivre la même
démarche puisqu'une concertation au plus haut sommet est en maturation pour
«accroître le niveau de coopération en matière de contre-terrorisme», selon la
chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à l'issue d'une réunion
avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE à laquelle avait été convié
le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Dans l'agenda de
Bruxelles, la Turquie, l'Égypte, le Yémen, l'Algérie et certains pays du Golfe sont
d'ores et déjà soulignés au feutre rouge. Et apparemment le message est passé
puisque le secrétaire général du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur
(CMAI), Mohamed Benali Kommane, a déclaré, ce dimanche à Alger, que la
prochaine réunion des ministres de l'Intérieur arabes, prévue en mars prochain
à Alger, « jettera les bases d'une lutte internationale contre le terrorisme».
M. Kommane renverra pourtant l'Europe face à ses responsabilités en affirmant
que « de nombreux pays occidentaux ont donné asile aux extrémistes au prétexte
de la liberté de pensée », appelant la communauté internationale à assumer « sa
responsabilité pour lutter contre ce fléau ». L'UE qui ne veut pas se retrouver
seule dans cette guerre compte sur un plus grand échange d'informations et de
renseignement au sein de l'Union mais aussi avec ses nouveaux alliés. Et parmi
les priorités de l'heure, Mme Mogherini a évoqué la présence « d'attachés de
sécurité dans toutes les délégations de l'UE dans les pays pertinents », donc
l'Algérie, pour des échanges « réguliers entre professionnels de la sécurité et
du contre-terrorisme ». Si l'Europe veut une présence «sécuritaire» dans les
pays «pertinents», Washington cherche, à travers une résolution onusienne, à
impliquer militairement ou économiquement les pays d'où les djihadistes sont
originaires. Une manière de responsabiliser les Etats mais également les
obliger à soutenir l'effort de guerre contre le terrorisme. Si pareille demande
est satisfaite, l'Algérie serait concernée surtout que près de 200 de ses
ressortissants sont présents parmi les djihadistes aussi bien sur le front
syrien qu'irakien. Le Maroc, la Tunisie et nombre de pays arabes sont aussi en
premières lignes et la donne risque de changer avec cette obligation qui leur
serait faite de s'engager en dehors de leurs territoires, ce qu'Alger a
toujours refusé de faire. Sur le terrain des opérations, de nouvelles
perquisitions ont été menées tôt, hier matin, en Allemagne au sein de la
mouvance islamiste proche de Ismet D. et Emin F. interpellés lors de
perquisitions effectuées vendredi à Berlin. Ismet D. est soupçonné de diriger
«un groupe d'extrémistes islamistes comprenant des ressortissants turcs ou
russes d'origine tchétchène ou daghestanaise».
Selon la presse allemande, les autorités
soupçonnent également les deux hommes d'avoir participé l'année dernière au
financement d'une attaque contre des soldats syriens. Toujours en Allemagne,
plus de 100.000 manifestants antiracisme sont descendus dans les rues de
plusieurs villes lundi soir pour exprimer leur opposition au mouvement
anti-islam Pegida.