« Serrez la ceinture, encore d'un cran, tirez un peu plus, oui
comme ça, arrêtez de respirer un moment ; plus si vous voulez, ça nous rendra
un grand service ; mais bon, on ne peut pas tout avoir, n'est-ce pas !» :
message d'utilité publique pour expliquer les conséquences de la chute des prix
du pétrole diffusé dans les médias budgétivores. L'État a pris les premières
décisions pour atténuer la crise et sauvegarder le niveau de vie des
Algériens... surtout ceux d'en haut. Une décision courageuse, responsable,
pondérée et capable à elle seule de juguler le pétrole en solde. L'État ne va
plus recruter. Plus aucun CDD encore moins un CDI à un Algérien, la fonction
publique ferme ses guichets jusqu'à ce que le ministre saoudien du pétrole
change d'avis. Voilà, c'est dit, c'est fait pour le bien du pays. Il n'y a pas
d'inquiétudes à avoir, la situation est maîtrisée, bien maîtrisée, le pouvoir
gère et le peuple est content. C'est vrai, l'Algérien est content surtout le
chômeur de derrière les dunes du Sud, au moins il ne sera plus seul à faire le
pied de grue devant les portes de l'emploi. Il ne sera plus seul à attendre que
la fonction publique se penche sur sa misérable existence de statistique
nationale. Plus aucun recrutement, vous pouvez aller brûler vos diplômes en
même temps que les pneus au milieu des routes défoncées de la République. Que
reste-t-il encore à «austériser» ? Il y a les idées progressistes de Ouyahia
qui sont toujours dans un carton, quelque part dans les archives du Palais du
gouvernement, et qu'on peut dépoussiérer à l'occasion. Une bonne petite
ponction sur les salaires, c'est toujours une lumineuse idée pour que les
fonctionnaires de bas étages goûtent un peu au malheur des étages supérieurs.
Ponctionner les autres pour ne pas perdre le niveau de vie des piliers de la
République pétrolière, quoi de mieux ! Quoi d'autres ? Réduire les allocations
touristiques. Pourquoi pas. 130 euros ou 80 euros, c'est du pareil au même
puisque l'Algérien se fera toujours humilier. Arrêter de subventionner les
produits de première nécessité, ça oui pour stopper les dépenses inutiles de
l'État. Faire ça et préparer les matraques au cas où le petit peuple se
révolte. Il faut bien que les policiers justifient leurs augmentations
salariales. Geler les retraites en fermant les bureaux de poste, supprimer les
aides quelles qu'elles soient, commercialiser l'acte médical dans les hôpitaux,
vendre d'autres parts de l'Algérie et encourager les harraga à mourir au fond
de la Méditerranée. Une boite à idée est mise à la disposition du bon peuple
pour participer activement à sauvegarder le portefeuille intact de leurs
maîtres. Sinon, on peut toujours réduire de moitié les gros salaires des
ministres et des P-dg des boites nationales, fermer l'APN et congédier tous les
élus. Récupérer l'argent des grosses fortunes mal acquises, condamner la fraude
fiscale et la corruption. Arrêter les dépenses farfelues, le gaspillage et
mettre devant un peloton d'exécution tout responsable coupable de détournements
de l'argent du peuple. Pendre par le cou ceux qui ont vendu le pays après
l'avoir pillé. Comme je l'ai déjà dit, on peut toujours rêver et un rêve ne
coûte rien pour le moment avant que l'Etat ne décide de le rationaliser lui
aussi.