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L'Algérie célèbre aujourd'hui le 2e anniversaire de la Journée de la presse
telle qu'instituée par le Président Bouteflika par décret du 3 mai 2013, une
date qui coïncide également avec la Journée internationale de la liberté
d'expression.
Un quart de siècle après l'ouverture du champ médiatique, le secteur est livré à lui-même. Le premier à payer les frais d'une telle situation est incontestablement le journaliste professionnel. Consciencieux, mal payé, pressé de toute part, exerçant très souvent dans des conditions abominables, le journaliste, qui a été aux avant-gardes dans la sauvegarde de la République durant les années de braise qu'a traversées notre pays, est aujourd'hui honni par les hommes du système et livré à lui-même dans sa propre rédaction. Le journaliste a-t-il été un simple instrument des luttes de clans qui accaparent le pouvoir et les richesses du pays depuis plus de deux décennies ? Peut-on parler de presse privée ou indépendante ? Pourquoi, à ce jour, en dépit de toutes les promesses faites par les gouvernants, si prompts à présenter la presse algérienne devant les Occidentaux comme un modèle de liberté d'expression dans le monde arabe, n'ont jamais permis aux journalistes de s'organiser eux-mêmes, à travers notamment la création de syndicats ou de forums ? Ce sont là, simplement quelques questionnements autour d'une noble profession qu'on veut absolument «clochardiser» à tel point que personne n'est en mesure aujourd'hui de définir qui est journaliste et qui ne l'est pas. Pire que cela, alors qu'il n'existe réellement sur le marché à peine une dizaine de journaux viables, l'Etat, le système ou le pouvoir, appelons-le comme on le veut, a autorisé plus d'une centaine de supports qui n'existent réellement que dans les registres du ministère de la Communication, qui a délivré des agréments, à tort et à travers, au profit de personnes ou de personnalités qui n'ont absolument rien à voir avec notre métier. S'il existe un secteur qui est désorganisé dans tous les sens du mot, c'est bien les médias algériens. Le pouvoir, en dépit de toutes les actions décidées accessoirement pour mettre de l'ordre dans le secteur, n'a jamais admis ce «contre-pouvoir» nécessaire dans toutes les vraies démocraties pour prévenir contre les dérives des politiciens et des responsables en charge des affaires de l'Etat. On va célébrer aujourd'hui le 2e anniversaire de la «Journée nationale de la presse». Le ministre de la Communication va sûrement aller déposer une gerbe de fleurs sur la place de la Liberté de la presse au niveau de la rue Hassiba Benbouali à Alger. Puis, une fois la cérémonie terminée, les policiers qui ont marché sur la Présidence il y a quelques jours vont être déployés tout autour de cette place pour empêcher les quelques journalistes qui tiennent encore à cœur à leur métier d'aller se recueillir au pied de la stèle érigée à la mémoire de leurs confrères assassinés par les terroristes et la bêtise humaine. En définitif, le constat est amer mais le journaliste n'a été qu'une sorte de «bouc émissaire» durant plus de 25 années devant des forces très souvent occultes. A défaut d'un sursaut de toute la corporation, le journaliste deviendra une «denrée rare» d'ici peu. |
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