Le dialogue intermalien inclusif est entré hier dans sa troisième phase
dite de négociation des questions de fond, sous l'impulsion d'Alger, entre
Bamako et les représentants des six mouvements politico-militaires du
Nord-Mali, en présence de la CEDEAO, l'ONU, l'UA, l'OCI, l'UE, le Burkina Faso,
la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Nigeria en tant que médiateurs. Ce
troisième round devra permettre de trouver une voie réaliste et pragmatique
vers la paix et la stabilité au Mali, de l'avis unanime des représentants
d'organisations internationales présentes autour de la table des négociations.
Pour l'Union européenne (UE), et son représentant pour le Sahel, Michel
Reveyrand, il est nécessaire de parvenir à un accord global et définitif le
«plus facilement» applicable et «compris» de toutes les parties maliennes pour
retrouver la paix dans ce pays. Le haut représentant de l'Union africaine (UA)
pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, a indiqué, quant à lui, que cette
troisième étape dans les négociations «cruciales» d'Alger devrait servir à
consolider les acquis déjà enregistrés et à rapprocher les différents
belligérants, ajoutant que la paix au Mali rejaillira sur la région et tout le
continent africain. Pour sa part, le représentant spécial adjoint du secrétaire
général de l'ONU, chef de la MINUSMA, Arnauld Akodjnou, a estimé qu'un accord
de paix global ne pourra voir le jour en absence de «la conjugaison des efforts
des parties en conflit». Il évoquera pour cela «des concessions impensables»
pour l'intérêt et la stabilité du Mali. Le représentant de l'Organisation de la
conférence islamique (OCI), Mohmoud Compaoré, a abondé dans le même sens,
appelant à une «responsabilité collective» pour en finir avec le conflit
malien. Le vice-président de la CEDEAO, Toga Gayenea, a qualifié les
négociations d'Alger d'opportunité «inespérée» qu'il faut saisir pour «arriver
à un consensus entre les différentes parties pour la construction de la paix et
la stabilité du Mali et de la région». Abdoulaye Mouhamadou, directeur de
cabinet du ministre des Affaires étrangères du Niger, s'est voulu alarmiste en
rappelant que la situation au nord du Mali était «vraiment préoccupante» et «ne
cesse de se dégrader», d'où l'«urgence» d'une solution globale et définitive.
«Si la paix n'est pas conclue dans un délai bref, il y aura de graves
conséquences pour la région», a-t-il déclaré. Le même discours est tenu par
l'ambassadeur du Tchad en Algérie, Salem Saleh Heguera, qui soulignera
l'urgence de la paix sous risque de voir toute la région déstabilisée
davantage. Du côté du maître de cérémonie, le ministre des Affaires étrangères,
Ramtane Lamamra, il s'est félicité de la présence de toutes les parties
engagées dans le règlement de la question malienne. Cette nouvelle étape dans
les négociations intermaliennes se passe sous l'œil attentif du Conseil de
sécurité de l'ONU qui a appelé les parties maliennes à «négocier de bonne foi»
pour parvenir à un accord de paix durable, à respecter pleinement leurs
engagements inscrits dans la feuille de route signée le 24 juillet 2014 dont la
déclaration de cessation des hostilités.
Ils ont également exhorté toutes les parties en conflit à respecter
l'accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et à éviter toute action qui pourrait
remettre en cause les perspectives de paix. Rappelons que lors de la deuxième
phase des pourparlers d'Alger, qui se sont déroulés en septembre dernier,
Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien, avait proposé une
«régionalisation» de son pays à travers une «décentralisation très poussée» des
pouvoirs centraux, à défaut d'accepter le fédéralisme, principale revendication
des groupes armés nord-maliens. Malgré ces propositions qualifiées par le
président malien de «très concrètes», les négociations à Alger n'ont débouché
sur aucun accord.