Depuis qu'on fait dans la sensibilisation pour lutter contre la violence
dans les stades, plusieurs rencontres tenues sous le thème en question durant
ces trois dernières années, et rien de probant n'est venu couronner les efforts
engagés sur le terrain. Pis, les choses semblent se dégrader d'une manière fort
inquiétante. La direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), consciente de
l'inefficacité de la campagne lancée par ses soins depuis 2011, a réorienté son
discours, dont le ton passe du soft à la fermeté. «On passe à l'action»,
prévient la DGSN lors d'une rencontre tenue à Constantine, hier, au niveau du
siège de la 15e Unité républicaine de sécurité à Ali Mendjeli. Désormais,
l'application de la loi dans toute sa rigueur est préconisée par la DGSN, et
par toutes les parties impliquées dans la gestion des rencontres
footballistiques. «Il n'y aura plus de règlement des problèmes à l'amiable,
comme on avait tendance à le pratiquer auparavant, tout conflit violent doit
être porté devant le commandement et la justice», a martelé hier un cadre de la
DGSN, représentant du général Abdelghani Hamel. Tenant plus que jamais à
quitter les gradins, les conférenciers de la DGSN ont relancé aussi le projet de
formation des ?'stadiers''. «On a lancé cette idée de formation des stadiers
sur le compte de la DGSN, il y a de cela une année, et aucun président de club
n'a daigné prendre attache avec nos services pour s'enquérir de la situation,
ou faire une quelconque proposition dans ce sens», dira avec dépit un
commandant de la DGSN. Ce dernier ne manquera pas d'évoquer les rôles et les
missions qui incombent à d'autres parties pour lutter efficacement contre ce
fléau qui prend, malheureusement, une ampleur inquiétante, notamment après le
drame survenu au stade 1er-Novembre 1954 à Tizi Ouzou. Il faut réactiver les
comités de supporters, «qui ne font pour l'instant que s'installer dans les
tribunes officielles», non sans leur reconnaître des circonstances atténuantes,
«car il faut clarifier les devoirs et les droits de ces comités de supporters»,
lâchera-t-il. Sans complaisance, on s'interrogera lors de cette rencontre sur
les motifs qui freinent l'installation des caméras de surveillance dans les
stades, les plus importants d'entre eux, au moins. «C'est un moyen de
dissuasion, et les enregistrements vidéos de ces caméras de surveillance nous
permettront de confondre les fauteurs de troubles sans perdre trop de temps»,
insistera le représentant du général A. Hamel. La DGSN laisse clairement
entendre qu'on ne suit pas ses efforts visant le renforcement de la sécurité
dans les stades, invitant dans ce sillage toutes les parties à assumer leurs
responsabilités. «Comment se peut-il qu'il n'y ait pas de buvettes où le supporter
peut se procurer une bouteille d'eau dans le stade ?», s'est interrogé le
commandant de la DGSN. La vente de billets, la création au sein du staff des
clubs d'un poste de directeur de la sécurité, et d'autres défaillances ont été
soulevées lors de cette rencontre, et feront l'objet de recommandations à la
fin des débats. Préoccupation majeure du commandement de la DGSN, la gestion
sécuritaire des évènements sportifs devrait faire sa mue profonde pour éviter
de sombrer dans le chaos. Sur ce registre de la gestion et l'organisation des
manifestations sportives, le modèle brésilien séduit beaucoup le commandement
de la DGSN, surtout après la réussite du Mondial 2014, qui s'est tenu pourtant
dans un climat social des plus tendus au Brésil.