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C'est un marché en
pleine expansion que celui des magazines féminins nationaux. Face à la
vingtaine de titres étrangers importés, il y a, tout au plus, une demi-douzaine
(en comptant les revues de recettes culinaires et de couture comme Samira, et
Nass Bladi et Enti («Toi»), du groupe Le Courrier d'Algérie, en arabe et
Echourouk El Arabi...) . Des revues haut de gamme, cela s'entend, destinées à
des publics bien ciblés. Femmes des villes, femmes ayant des moyens financiers
leur permettant une autonomie certaine, femmes soucieuses de la beauté de leur
corps et de la liberté d'esprit? et femmes voulant faire plaisir à la famille
en matière de «bouffe».
Des cibles qui n'ont rien à voir avec les publics féminins des années 90. Ces années-là avaient vu des revues féminines (de très bonne qualité intellectuelle) paraître, mais ne pas durer malgré les prix de vente modiques. Mais? pas de publics à pouvoir d'achat élevé ou moyennement élevé, pas d?autonomie de la femme, à l'époque (encore sous le joug plein et entier de son «homme» : mari, père, frère, petit ou grand,cousin, barbu ou non, «in» ou réac'?), pas assez de femmes pouvant choisir elles-mêmes leurs moyens de loisirs ou de lecture... pas assez de production nationale, pas de produits de consommation féminine disponibles en quantité et en qualité sur le marché national? pas de marché publicitaire? pas d'annonceurs. De plus, les éditeurs (-itrices) de l'époque, plus militants qu'entrepreneurs, étaient bien plus braqués sur l'«aventure intellectuelle et politique» que sur la réussite commerciale. Sans parler des imprimeries peu nombreuses (il y en avait, je crois, à peine deux ou trois, dont celles de l'Anep/Rouiba et du Tourisme, coûteuses et, pressées, peu soucieuses de performances qualitatives). L'échec était annoncé ! C'est seulement à partir des années 2000, avec l'«ouverture économique», que des imprimeries (privées) plus modernes et performantes (qualité meilleure et coût de production acceptable), et l'essor de l'internet, ont permis aux projets plus ambitieux d'aboutir . Même déroulement pour la presse spécialisée, économique et technologique? la presse sportive restant, elle, toujours accrochée aux basques de la presse quotidienne généraliste, le domaine ayant, depuis toujours, un très large public, assez populaire, donc peu soucieux de luxe et au pouvoir d'achat n'attirant pas les grands annonceurs (sauf ceux de la téléphonie mobile qui, au départ, ont ratissé large, «Aich la vie»... et les concessionnaires de petites cylindrées en plus des concours pour gagner une Omra) . DZIRIET. Revue (magazine) féminine mensuelle. 114 pages, 200 dinars. Editée par NH Media, agence de communication, Dely Brahim, Alger. N° 113, juillet 2014 C'est, peut-être la plus ancienne des nouvelles revues féminines. Nouvelles, en ce sens qu'elles font surtout dans la femme déjà femme, féminine, presque féministe, soucieuse de son élégance et de sa beauté et de son confort? personnel (26 -60 ans ?). D'où des sommaires pas austères du tout. Des sujets de société et de vie pratique courts et simples, donc lisibles et compréhensibles même si les papiers se suffisent de l'essentiel. Exemple du n° de juillet : Une «Collection de vêtements», «Les Algériens et la vie privée», «Les astuces de la vie pratique», «Nutrition : une alimentation saine durant le mois sacré», «Beauté : les protections solaires passées au crible», «Plein feu sur les Hommes en or» (tous sinon beaux du moins riches ou influents), «Et, si on préparait la rentrée ?...», «Santé : les acouphènes, un mal à long terme»? Ajoutez-y les 30 recettes pour Ramadhan (un tiré à part), un agenda culturel, un horoscope (optimiste !), des adresses utiles (dont salons de beauté, boutiques pour shopping, joaillers et horlogers, pâtisseries)? et de la pub, de la pub, et encore de la pub? presque partout et dans tout. Devant, derrière, au milieu, avant, après? Pour «bien nantis», of course! Avis - Papier glacé, luxe et couleurs. Agréable à feuilleter, même par les hommes... pour mieux connaître les femmes (de très belles photos de beaux mannequins)... D'ailleurs, il y a une revue DZiri du même éditeur et DZiriet existe même en arabe. Extraits : «Si la femme algérienne ne peut plus se balader en toute tranquillité durant l'année, en été, c'est pire ! Ses sorties à la plage peuvent se transformer en un vrai calvaire ! Un morceau de chair découvert suffit à exciter ces hommes frustrés.» (Propos d'une jeune fille : «Les plaintes de nos estivants» (p 114) Lalla. Revue (magazine) féminine mensuelle. 98 pages, 199 dinars (?!?!, Pourquoi pas 200 ?) dinars. Editée par Index communication, Alger, n°12 juillet 2014 « Dans mon hayek, ma beauté envoûtante inspire la paix? Comme une lune, je rayonne dans les coeurs de ceux qui m'entourent? J'aime? j'enfante et je me dévoue à ma famille?» . Voilà, c'est dit. Toute la «ligne éditoriale» est là. Beauté, mariage, famille? ! D'ailleurs, la couverture est emplie d'un beau mannequin en robe de mariée (je pense)...suivie de conseils pour affronter Ramadhan...et pour maigrir. Il paraît, selon une nutritionniste qu' «il faut revenir aux habitudes de nos ancêtres». Difficile à accepter pour les concitoyennes dont les ancêtres ont vécu la misère noire. Bien sûr, il y a les incontournables recettes de cuisine, (avec même des cupcakes mondial)?du Ramadhan. Des portraits. Les horaires du Ramadhan. Les programmes presque complets de Dzair Tv. Et, un tout petit horoscope. Pas beaucoup de pub, en tout cas celle déclarée. Avis - Destinée, me semble-t-il aux femmes d'intérieur qui voudraient bien connaître l'extérieur Extraits : «Comme un rayon de soleil, les femmes voient en moi l'emblème de la classe, de la noblesse et de l'élégance» (p.4) Hawa. Revue (magazine) féminine bimestrielle, 98 pages, 199 dinars?!?! (Pourquoi pas 200 ?). Edité par Plurielles, agence de communication, Dar El Beida, Alger. N°5, Mai /Juin 2014 Girls, girls, girls, c'est l'été? et «on a envie d'être belles, légères et insouciantes»... «La Coupe du monde, nous, on s'en fiche un peu»... Revue féminine presque féministe mais destinée, me semble-t-il, à un public assez jeune, branché, «in» (les 15-25 ans ?). On a d'ailleurs un entretien avec la vedette (et néanmoins femme d'affaires), Rym Ghezali, qui nous confie que son rêve le plus secret c'est «de manger tout ce qu'elle veut sans prendre un gramme et de pouvoir dormir tout son soûl». Hélas, c'est une «boulimique du travail» ! Beaucoup de photos de mannequins en tenues d'été prises, nous dit-on, dans les jardins de l'Ambassade des Pays Bas. Un papier sur les «Organisateurs de mariages» ( Wedding planers) qui ont «débarqué» en Algérie, mille et un conseils pour être «la plus belle», «Pourquoi les occidentales sont-elles plus minces que les Algériennes ?» (il paraît que «déjà quand elle ? la femme algérienne - se marie, elle se délaisse au bout de quelques mois pour se retrouver ronde»), les conseils d'une psy' sur les grossesses tardives et l'autorité du père ?un portrait, celui de Bahia Rachedi. Et, bien sûr, les inévitables recettes de cuisine, l'horoscope (de l'Amour, of course !), quelques rendez-vous culturels... Et, de la pub ; pas trop, la revue n'étant qu'à ses débuts mais assez suffisant pour continuer la route Avis - Papier glacé, luxe et couleurs. Agréable à feuilleter, même par les hommes? pour mieux connaître les femmes Extrait : «Quand la femme tombe enceinte, ici, c'est l'attitude de négligence totale. Elle mange de tout et sans faire attention jusqu'au moment où elle se rend compte qu'elle ressemble plus à un pneu qu'à une femme» (Une lectrice, p 55) |
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