La cité «5
Juillet» à L'Arba a vécu, avant-hier, une nuit bien particuliè re, faite de
violences, de bagarres à l'aide d'épées et d'armes blanches, et ce, entre les
familles recasées, originaires d'El Hamiz et d'autres de L'Arba. Pour rappel,
la cité ?5 juillet' à L'Arba comporte 2.956 logements de type RHP, destinés, au
début, au recasement des habitants des bidonvilles de la wilaya d'Alger, dans
le cadre du programme présidentiel d'éradication de l'habitat précaire.
Quelques jours avant le Ramadhan, 611 logements ont été attribués à des
familles, vivant dans des conditions précaires, à L'Arba, et près de 300, à
d'autres venant des localités de la wilaya de Blida et, enfin, plus de 400
familles qui demeuraient dans des baraques, au bord de l'oued à El Hamiz, dans
la wilaya d'Alger y ont été, également, recasées. Tout allait très bien et
chacun vivait sa vie, tranquillement, jusqu'à cette semaine où tout bascula
pour entrer dans une spirale de violences qu'ont connues de nombreuses cités,
nouvellement construites pour abriter des familles, demeurant dans des
baraques, un peu partout à travers le territoire national. Birtouta qui a connu
de pareils évènements malheureux n'a pas encore oublié ces moments difficiles,
surtout qu'il y a eu, à l'époque, mort d'homme. Koléa et la ville nouvelle de
Ali Mendjeli n'ont pas encore fini de panser leurs blessures. Ce fut le tour de
L'Arba qui a accueilli des familles de la wilaya d'Alger, de connaître les
affres de ces batailles rangées qui sont devenues courantes, en Algérie. Ici,
les faits auraient démarré, selon divers témoignages, après que des jeunes,
ivres et demeurant dans un autre quartier, non loin de là, se seraient rendus à
la cité ?5 Juillet', dans la partie où ont été recasées les familles
originaires d'El Hamiz et auraient proféré des insultes et autres grossièretés,
vers 1h du matin, le week-end écoulé. Invités à plus de retenue, les jeunes se
sont révoltés se battant avec des habitants, détériorant des véhicules et
brisant des fenêtres.
L'incident fut
clos quelque temps après et tout semblait rentrer dans l'ordre. Mais un fait
nouveau aurait rallumé les haines et les rancœurs : un jeune collégien
originaire de L'Arba s'est fait poignardé par un groupe de jeunes que la rumeur
a dit être originaires d'El Hamiz. Aussitôt, une expédition punitive a été
décidée, en fin d'après-midi d'avant-hier et des dizaines de jeunes se sont
rendus à la cité pour s'attaquer aux habitants originaires d'El Hamiz. Ces
derniers prirent aussi des armes pour se défendre et une bataille rangée
s'ensuivit qui ne prit fin qu'avec l'arrivée des gendarmes. Après des palabres
interminables, tout semblait rentrer dans l'ordre suite à l'intervention des
autorités locales, du chef de daïra et des gendarmes qui firent entendre raison
aux parents de la victime et à ceux des suspects ; les premiers cités
acceptèrent de s'en remettre à la justice, surtout que celui qui a porté des
coups de couteau au collégien a été identifié et que son arrestation ne saura
tarder. Il était un peu plus de 21h, quand tout s'arrêta et que les gendarmes
et les autorités se retirèrent, sur la promesse des belligérants de s'arrêter
là. Mais, peu après 23 h, et pour des raisons, non encore, élucidées, les
bagarres reprirent de plus belle. Les belligérants utilisèrent des épées, des
couteaux, des barres de fer et toutes sortes d'armes pour essayer d'avoir
raison de leurs adversaires. Les femmes, les enfants et tous ceux qui
habitaient à proximité se sont retrouvés prisonniers des lieux et n'attendaient
que le moment où ils seraient victimes des agresseurs. La bataille rangée dura
toute la nuit et, au petit matin, peut-être vaincus par la fatigue, les jeunes
rentrèrent chez eux pour certains alors que d'autres demeuraient, toujours, sur
place, des deux côtés, prêts à reprendre la lutte, s'il le fallait. Vers 8h30
l'intérieur de la cité était toujours désert, les passants hâtaient le pas et
les voitures ne s'aventuraient que prudemment jusqu'à l'entrée de la cité,
bloquée par des pneus, des troncs d'arbres et divers objets qui dégageaient
encore une fumée épaisse. Plusieurs blessés ont été dénombrés dans les deux
camps mais leur nombre ne peut être connu, pour le moment, car nombreux sont
ceux qui se sont fait soigner sur place ou chez eux. Au courant de la journée
d'hier, la bataille a repris de plus belle et les gendarmes ont dû réinvestir
les lieux pour séparer les deux camps. Vers 15 h, les autorités locales et les
services de sécurité se trouvaient sur place, les jeunes semblaient plus calmes
mais la tension demeurait quand même vive. Les habitants appréhendent de passer
une autre nuit d'agitation et de bagarres. C'est une nuit épouvantable et
inoubliable que les habitants de la cité ?5 juillet' ont passée (de mardi à mercredi),
faite de peur, de cris, de fumée venus s'ajouter à un vent plutôt violent qui a
soufflé jusqu'à l'aube, à une forte pluie et, surtout, à une panne
d'électricité d'une demi-heure, vraisemblablement provoquée par le vent. Tous
souhaitent que les services de sécurité maintiennent leurs effectifs sur les
lieux, pour éviter que les affrontements reprennent, avec la tombée de la nuit